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Allaoua Chabai, une vie de travail. Pour rien ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 09 - 2021

Les moins de vingt ans ne le savent pas. Si, aujourd'hui, la plupart des pays de la planète honnissent le passeport algérien, leur ferment la porte poussant les plus téméraires ou les plus fous d'entre eux à tenter, au risque de finir dans la gamelle des poissons, la traversée de la Méditerranée, dans les années 70, alors que ces mêmes pays n'exigeaient aucun visa des Algériens, auréolés par une guerre de Libération exemplaire, c'est l'Algérie elle-même qui a décidé d'enfermer ses citoyens derrière ses frontières.
C'était au temps hideux du rideau de fer à l'est de l'Europe et dans les ersatz de l'URSS qui parsemaient le tiers-monde. En ce temps-là, un passeport qu'on ne pouvait obtenir qu'après un éreintant parcours du combattant ou un gros coup de piston, ne suffisait pas à l'aspirant voyageur ; une autorisation de sortie du territoire dûment documentée ou, mieux, appuyée par un apparatchik devait être impérativement produite.
Bagne hier, bagne aujourd'hui, l'Algérie a rarement gâté ses citoyens même s'il faut bien le reconnaître, dans les années 70, le pays était encore vivable. Il y avait encore de l'enthousiasme, de l'harmonie, du respect, du travail, des plages, des bistrots, des cinémas, des jupes, très peu de délinquance, toutes choses, aujourd'hui, disparues...
C'est à la fin de ces années-là, en 1979 ? que Allaoua Chabai, à peine sorti d'un long et traumatisant service militaire accompli presque intégralement ,dans les zones de stationnement de Tindouf, embarque pour la France.
«Mon père sortait de la maison à 6 h du matin pour aller trimer et ramener la becquée à ses 11 enfants (8 filles et trois garçons), il n'y revenait qu'à la tombée de la nuit. Je ne supportais pas cela. Il fallait que je fasse quelque chose !»
Armé juste de son courage et d'une relative maîtrise du français, encore bien enseigné en Algérie, il débarque en France avec les 340 francs qu'on nous allouait, alors, au titre de l'allocation touristique.
Il atterrit à Pigalle. Il aurait pu, en frustré aguerri, céder au feux de la rampe, aux belles qui battaient les pavés du boulevard de Clichy, à l'alcool qui coulait à flots dans le coin, à la drogue, aller vers le vol...
Il s'est tenu à son serment ; travailler pour venir en aide à la famille !
Très vite et au noir, il étreint son premier job derrière les étals du marché de Belleville et de Barbes. Peu de temps après, la chance lui sourit puisqu'il va être embauché dans un cinéma de la rue d'Odessa, à Montparnasse, un autre quartier prestigieux de Paris où il fera de belles rencontres qui le tireront vers l'avant.
Dans ce quartier, il consolide sa maigre culture, il étanche sa soif d'apprendre. Il avance. Il passe dix années rue d'Odessa à contrôler les tickets des spectateurs et à avaler des centaines de films. ça vous forme un homme, dix années d'écran !
Hérédité oblige, dit-il, Allaoua qui s'est marié, entretemps, donne naissance à quatre filles dont une «est considérée, par ses profs, comme la locomotive de sa classe», déclare-t-il fièrement.
En 1998 et après en avoir été client pendant 5 ans, il est embauché par les sympathiques patrons, le regretté Mustapha et son frère Yacine, du charmant bistrot «La Pétanque», posé place Maurice-Chevalier, dans l'historique quartier Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris. Situé à deux pas du siège de l'association de culture bérbère, «La Pétanque» qui ne désemplit jamais a reçu tout ce que Paris a compté comme artistes, hommes de culture, intellectuels ou plus généralement travailleurs algériens exilés ou de passage. Il a longtemps été écumé par Matoub, Idir, Fellag, Benaïssa, Dilem, Tsaki, Aggoune, Akli D. et des dizaines d'autres ; Allaoua sert tout ce monde depuis 24 ans. «Il faut avoir un moral d'acier pour tenir autant d'années derrière le comptoir d'un tel bar», remarque-t-il.
Allaoua que tout le monde dans ce lieu de toutes les mixités appelle Al ne rêve que d'une chose : aller rendre visite à sa vieille mère de laquelle le Covid l'a éloigné depuis deux ans, alors qu'il lui a systématiqument rendu visite, chaque année, depuis 1983.
Après 43 ans de dur labeur Allaoua, né en 1956 à El-Biar, aspirait à une retraite méritée. Il vient d'apprendre qu'il est atteint de deux cancers. Un à la prostate, l'autre à la vessie. Est-ce là l'inexorable destin de l'immigré ?
Est- ce ainsi que les Hommes vivent ?
M. O.


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