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Cinéma Algérien
Le retour de Tsaki
Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2007

La bonne nouvelle est tombée de la bouche de Belkacem Hadjadj, un jour de novembre dernier, alors qu'il traversait en courant l'aéroport international d'Alger pour embarquer pour Paris, où le lendemain sortait son film Al-Manar (Belkacem était anxieux de conquérir le marché international, et il y réussit fort bien : il n'y a pas longtemps on s'était retrouvé à San Francisco !).
La bonne nouvelle : c'était le démarrage du tournage du film de Brahim Tsaki, dont Hadjadj assurait la production. Excellente nouvelle même ! La principale caractéristique du cinéma algérien dans les années 1990, c'était son amnésie involontaire. Tout était paralysé. Les cinéastes tournaient en rond. Et les groupes radicaux intégristes se pavanaient dans la rue. Situation grave qui a poussé beaucoup d'artistes à l'exil. Brahim Tsaki était parmi eux. II faut donc saluer son retour au pays avec joie. Et l'on est impatient de voir le résultat du tournage de son film à Djanet et à Alger. Son œuvre, La boîte dans le désert, Les enfants du vent a gagné l'estime et l'enthousiasme même de la critique nationale et internationale. On se souvient du très gros succès, Des enfants du vent ,projeté à la Piazza Grande au festival de Locarno, devant au bas mot 2000 spectateurs ! C'était impressionnant. Le public suisse a une étrange et remarquable capacité de voir et d'ovationner un film très beau mais austère, sans aucune concession à l'action comme le film de Brahim Tsaki et juste après, un autre film sur fond de comédie ou de bagarres. Ce fut l'époque où le festival de Locarno avait le bon goût de mêler les genres. Cinéaste peu académique, formé à l'école élitiste de Bruxelles, Brahim Tsaki fait un pur cinéma d'auteur. Un genre hélas, en voie de disparition . Pendant sa longue traversée du désert, Brahim n'a pas manqué d'inspiration, de projets, mais ce sont les moyens qui ont fait défaut. II n'est pas difficile de se rappeler le temps où le cinéma algérien était caractérisé par une sorte de punch créatif et qui avait les moyens appropriés. Le temps où de jeunes cinéastes comme Belloufa ou Tsaki gardaient leur esprit d'indépendance et de créativité. Et où la Cinémathèque d'Alger était la plus forte et la plus experte dans le domaine des découvertes cinématographiques. En pensant aujourd'hui à Nadir Moknèche, dont le dernier film sera probablement à Cannes, on a au moins la satisfaction de croire que l'héritage de Belloufa et Tsaki n'a pas été dilapidé. La décadence n'est pas totale . Le retour de Brahim Tsaki à Alger est donc un facteur de plus, qui va contrebalancer l'amnésie dans laquelle le cinéma algérien a plongé dans les années noires. Ironiquement , cela correspond aussi à une nouvelle annonce du retour de Lakhdar Hamina derrière une caméra (et peut-être aussi des fois devant comme faisait Hitchkok dans ses films). En dehors des aspects tristement conjoncturels de cette manifestation sans goût « Alger 2007 capitale de la culture arabe ».., le cinéma algérien, avec toutes ses bonnes nouvelles, se dirige sans doute vers une nouvelle aventure libre, créatrice très personnelle. Et cette aventure sera sans doute le bout du tunnel.

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