Au terme des travaux de son Conseil national tenus hier vendredi, le RCD a décidé de boycotter les élections locales du 27 novembre prochain, préférant ainsi sortir de la vie institutionnelle après le rejet de tous les rendez-vous électoraux depuis décembre 2019. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La décision de rejeter ces élections était prévisible dès le matin, avec le discours d'ouverture de la réunion prononcé par le président du parti Mohcine Belabbas. En fin de journée, la majorité des membres du Conseil national se sont prononcés pour le rejet de ce qu'ils considèrent comme «une mascarade électorale». Il s'agit là du premier parti de la mouvance démocratique à rejeter les élections locales, après les décisions du FFS et du PT de prendre part au scrutin. Dans son discours d'ouverture des travaux de la réunion, le président du parti, Mohcine Belabbas, a fustigé le pouvoir, affirmant que «depuis décembre 2019, les farces électorales se suivent et se ressemblent». «Les institutions et lois qui en sont issues sont, à ce jour, inopérantes. L'exécutif, le législatif et le judiciaire sont délestés de leurs prérogatives et pouvoirs. La Constitution qu'ils ont pourtant imposée de façon unilatérale est foulée aux pieds chaque jour. La politique et les dirigeants qui l'inspirent sont d'une médiocrité telle, que le fossé qui les sépare des citoyens se creuse chaque jour davantage», a-t-il lancé, ajoutant que le rejet populaire des initiatives du pouvoir est significatif «d'une rupture totale et de l'aspiration populaire à un changement démocratique profond». Le président du RCD a critiqué également la convocation du corps électoral pour des élections locales anticipées en pleine pandémie du Covid-19, et surtout, avec une quatrième vague annoncée dans une conjoncture où le taux de vaccination est l'un des plus faibles au monde. Pour l'orateur, au-delà de l'absence des conditions d'une compétition électorale libre et transparente, le régime électoral promulgué par ordonnance est devenu «caduque», en vertu de l'article 142 de la Constitution qui stipule que «le président de la République soumet les ordonnances qu'il a prises à l'approbation de chacune des Chambres du Parlement au début de sa prochaine session. Sont caduques les ordonnances non adoptées par le Parlement». Pire encore, le président du RCD soutient que l'organisation d'élections locales anticipées et la convocation du corps électoral sont illégales. «La même illégalité caractérise le mandat de l'Assemblée nationale actuelle et risque de s'étendre au mandat des futures Assemblées communales et de wilaya, si une décision n'est pas prise pour laisser le mandat en cours aller à son terme, d'autant plus qu'aucune urgence déclarée n'est à signaler pour ce scrutin», a-t-il encore lancé, appelant ainsi à l'annulation du scrutin du 27 novembre prochain. Dans son long discours, Mohcine Belabbas a dressé un tableau peu reluisant de la situation du pays qui traverse, selon lui, une crise multidimensionnelle politique, sécuritaire, sanitaire, économique, sociale et financière et qui s'aggrave de jour en jour. Ainsi, l'orateur a regretté que l'action pacifique de l'opposition, l'expression libre et la divergence d'opinions sont stigmatisées, réprimées et dans certains cas criminalisées. «Les espaces de débats sont totalement fermés. Les conditions de l'exercice politique sont désormais inexistantes. Des acteurs politiques et responsables de partis sont jetés dans les prisons pour des accusations fallacieuses et sans aucune forme de procès», a-t-il déploré, dénonçant le fait que «tous les acquis de l'après-parti unique sont en train d'être remis en cause . Evoquant la flambée des prix de tous les produits de consommation, l'orateur a souligné que l'inquiétude est grande, d'autant plus que le gouvernement ne semble pas prendre la mesure de l'ampleur du problème et se complait dans l'inaction et les incantations. Commentant le plan d'action du gouvernement, «sans échéances précises et aux rares données chiffrées souvent approximatives», le président du RCD a estimé qu'il s'agit d'une pâle copie des plans d'action des gouvernements précédents, avec le recours à la planche à billets qui n'est plus assumé. Il a noté que le programme du gouvernement se prononce sur la nécessité de procéder à la réorganisation administrative de l'Etat par la transformation de l'architecture territoriale du pays et la mise en place d'une organisation administrative appropriée pour la capitale et les grandes métropoles. «C'est, sous une forme ou une autre, la proposition de débat sur la régionalisation enclenchée depuis longtemps par des acteurs de l'opposition dont notamment le RCD (...) Pour notre part, la refondation de l'Etat est plus que jamais une urgence nationale, mais elle implique avant tout un débat et de la transparence», a-t-il dit. Sur le plan organique, le président du RCD a annoncé que le congrès du parti sera convoqué pour le premier semestre de l'année 2022. K. A.