L'opération de collecte des signatures de parrainage des listes de candidature aux élections locales du 27 novembre prochain pose de sérieux problèmes à tous les partis participants, toutes tendances confondues. Des partis vont même jusqu'à prévoir l'absence de listes électorales dans certaines communes, à cause du dispositif difficile à surmonter afin de constituer des listes. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Pratiquement, tous les partis participant aux élections locales du 27 novembre jugent que les exigences pour constituer les listes de candidature sont difficiles à satisfaire. La première des conditions difficiles à satisfaire est la collecte des signatures de parrainage des citoyens qui s'avère une mission très laborieuse, vu le dispositif bureaucratique et la situation sociale et politique du pays. Même le parti FLN s'en plaint et prévoit qu'avec ces conditions, il va y avoir plusieurs communes où il n'y aura pas d'élections. «L'opération se déroule très bien mais avec beaucoup de difficultés », avoue Nadir Boulegroun, chargé de communication du parti FLN, qui affirme que le parti dispose d'une large base militante dans tout le territoire national. «Nous avons pu collecter les signatures écrites mais cela n'empêche pas de dire que fixer le nombre des signatures à 35 pour chaque candidat est difficile à satisfaire surtout dans certaines communes où le nombre de signatures à collecter est égal au nombre des électeurs. C'est un très grand problème. À titre d'exemple, dans une petite commune qui compte 800 ou 1 000 électeurs, le nombre de signatures à collecter en cas de présence de 10 listes de candidature dépasse le nombre de ces électeurs. Ce qui constitue une grande difficulté dans l'opération », a-t-il souligné. Et avec l'abstention des citoyens et les difficultés qui se posent pour les convaincre de signer les formulaires de candidature, notre interlocuteur craint que plusieurs communes se retrouvent sans aucune liste de candidature validée. «Il y aura beaucoup de communes sans élections, surtout les petites communes», prévoit-il, critiquant le fait que les conditions imposées pour les partis politiques soient les mêmes exigées aux listes indépendantes. Faisant partie des 14 formations politiques qui ont interpellé le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) sur la complexité de l'opération, le président du Front du militantisme national (FMN), Abdellah Haddad, affirme que la difficulté de l'opération tient d'abord aux «conditions sociales intenables» des citoyens qui font face aux dures conditions de vie surtout avec la flambée sans précédent des prix des produits de première nécessité. «Signer un formulaire de candidature avec tout le parcours que cela exige est le dernier de leurs soucis», estime-t-il, soutenant que le FLN et le RND, de par leur position dans les assemblées locales, sont les premiers favorisés dans l'opération. À cela, notre interlocuteur ajoute l'abstention politique des Algériens et l'absence de confiance. Il dénonce « une dissolution indirecte » des partis politiques en leur imposant des conditions surréalistes qui n'existent, a-t-il précisé, « dans aucun pays au monde ». Il plaide pour la participation libre des partis aux élections une fois qu'ils sont agréés et conformes à la loi. Traitement de faveur Du côté de l'opposition démocratique, l'on se plaint aussi de ces conditions. «Sans surprises, le FFS a recensé à travers beaucoup de wilayas, l'installation d'un dispositif bureaucratique et sélectif à vocation d'entraver et compliquer encore davantage le déroulement de l'opération pré-électorale. Il est inconcevable d'exiger un recueil de signatures à un parti politique qui a déjà participé et est impliqué dans la gestion des collectivités locales. D'ailleurs, les élus locaux siègent encore dans ces assemblées. C'est absurde de demander à un maire ou à un P/APW en poste de recueillir des signatures pour parrainer une liste de son propre parti», a dénoncé Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle du FFS, contacté hier par nos soins. Il a affirmé que certains représentants du parti au niveau local ont recensé un traitement de faveur affiché au profit des partis politiques pro-pouvoir et de certaines listes indépendantes. Et de dénoncer «les agissements zélés de certains responsables administratifs locaux qui entravent les procédures administratives liées, notamment, à la validation des signatures et la délivrance des extraits de rôle et autres pièces administratives ». « Nous considérons que ces comportements d'un autre âge qui s'ajoutent au statu quo politique imposé par la force à notre pays ne vont pas contribuer au rétablissement de la confiance populaire dans ces processus électoraux. Pire, si des mesures ne sont pas prises en extrême urgence, cette échéance électorale ne peut que creuser davantage le fossé qui sépare nos concitoyens des responsables de l'administration et des élus locaux», avertit notre interlocuteur. Avec les conditions drastiques qui leur sont imposées, il serait intéressant de savoir combien de partis politiques peuvent concourir dans toutes les wilayas et communes du pays. K. A.