Un consortium de 600 journalistes dévoile, dans une publication explosive, que des dirigeants politiques ont dissimulé de l'argent sur des comptes offshore. Des révélations croustillantes. La boîte de Pandore est ouverte. Dimanche 3 octobre, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) révèle que de nombreux dirigeants internationaux ont dissimulé des milliards de dollars dans des comptes offshore. L'enquête du consortium, intitulée Pandora Papers – une double référence à la fameuse boîte de Pandore et au précédent scandale des Panama Papers – a rassemblé plus de 600 journalistes, et se base sur l'étude de 11,9 millions de documents. Le prestigieux cabinet d'avocats panaméen Alcogal est nommé dans ce scandale financier comme étant impliqué dans la création de sociétés offshore pour dissimuler l'argent de plus de 160 politiciens et personnalités publiques dans des paradis fiscaux. Alcogal (Aleman, Cordero, Galindo & Lee) a été impliqué dans la création de ces sociétés offshore pour plusieurs personnalités, dont le Président du Monténégro Milo Djukanovic et trois anciens Présidents du Panama. Le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie où les Présidents du Kenya et d'Equateur compteraient également parmi les clients du cabinet. Pour sa part, Alcogal rejette « ces spéculations, inexactitudes et mensonges », a fait savoir le cabinet dans un communiqué, assurant être prêt à travailler avec les autorités pour enquêter sur toute irrégularité. 336 dirigeants de premier plan Au total, 29 000 sociétés offshore sont exposées par les Pandora Papers. Et parmi les célèbres noms qui y auraient eu recours, on trouve de très hauts responsables politiques – à l'instar du roi de Jordanie, des Présidents du Kenya et de l'Equateur ou du Premier ministre tchèque. Selon ces documents, le roi Abdallah II de Jordanie a ainsi créé au moins une trentaine de sociétés offshore, c'est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse. Par le biais de ces entités, il a acheté 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars. Quant au Premier ministre tchèque, Andrej Babis, il a placé 22 millions de dollars dans des sociétés-écrans qui ont servi à financer l'achat du château Bigaud, une grande propriété située à Mougins, dans le sud de la France. Le Président équatorien, Guillermo Lasso, a lui logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud. Au total, des liens ont été établis par l'ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan, qui ont créé près de 1 000 sociétés, dont plus des deux tiers aux îles Vierges britanniques. Parmi les personnalités exposées, se trouvent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar. Apparaissent aussi les noms de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui a réalisé l'achat d'un bien immobilier à Londres par le biais d'une société à l'étranger, et de l'ancien ministre français Dominique Strauss-Kahn. L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a fait transiter plusieurs millions de dollars d'honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d'impôts, selon les documents examinés par l'ICIJ. Les Etats-Unis nouveau paradis fiscal Vladimir Poutine est également cité dans l'enquête. Plusieurs proches du Président russe posséderaient des richesses dissimulées par des montages offshore. Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais dans le cas des dirigeants, l'ICIJ met en parallèle le discours anticorruption tenu par certains d'entre eux avec leurs placements dans des paradis fiscaux. Le Président kényan Uhuru Kenyatta a ainsi maintes fois affirmé sa détermination à lutter contre la corruption dans son pays et à obliger les officiels kényans à la transparence quant à leur patrimoine. Pourtant, selon le volet des Pandora Papers qui lui est consacré, le chef de l'Etat kényan possède une fondation au Panama, et plusieurs membres de sa famille directe possèdent plus de 30 millions de dollars logés dans des comptes offshore. L'Amérique est sur le point de devenir un nouveau centre financier offshore. C'est ce que montre la nouvelle enquête collective dite des « Pandora Papers ». C'est ce qu'ont révélé les « Pandora Papers », publiés dimanche 3 octobre : du Delaware, en passant par le Nevada ou le Wyoming, les Etats-Unis sont en train de devenir l'un des centres financiers offshore les plus importants de la planète. Un quatrième Etat américain a été identifié par cette nouvelle enquête : le Dakota du Sud. R. I.