Le Front Polisario pourrait demander jusqu'à 4 milliards de dollars d'indemnisations à la commission européenne, après l'annulation par le Tribunal de l'Union européenne (UE) des deux accords de pêche et d'agriculture liant le Maroc à l'UE, élargis au Sahara Occidental, a affirmé l'avocat du Front, Gilles Devers, à EUobserver. «Je pense que si je calcule le montant total, ce serait peut-être jusqu'à trois ou quatre (milliards d'euros)», a déclaré M. Devers. La Commission européenne pourrait être forcée à payer des milliards de dommages et intérêts pour avoir aidé le Maroc à exploiter le Sahara Occidental occupé, après que l'UE a perdu une autre bataille judiciaire à Luxembourg. M. Devers a noté que toute décision de réclamer des dommages-intérêts à la Commission européenne devrait d'abord être prise par la direction du Front Polisario. «C'est à eux (membres de la direction du Front Polisario) de décider, mais techniquement en tant qu'avocat, je peux porter (une affaire) contre la commission pour les dommages causés», a-t-il déclaré, ajoutant «nous pourrions réclamer des dommages». France, Espagne grands perdants Devers a déclaré que le coup porté à l'UE était également une défaite majeure pour la France, qui a été un ardent défenseur du Maroc. «La France voulait ces accords alors maintenant qu'est-ce que la France va expliquer à ses homologues européens ?», s'est-il interrogé. M. Lovatt a décrit la politique de l'UE sur le Sahara Occidental comme étant vue «exclusivement à travers le prisme de ses relations avec Rabat». «Je pense qu'ils doivent maintenant payer les conséquences de cette approche à très courte vue de la question», a-t-il déclaré. Grand perdant avec la France, l'Espagne est le pays qui tire le plus de bénéfices de l'accord de pêche UE/Maroc étendus au Sahara Occidental. Sur les 128 navires européens autorisés à pêcher dans les eaux territoriales sahraouies, 92 sont sous pavillon espagnol. Et près de 90% des produits de la pêche collectés dans le cadre de l'accord UE/Maroc proviennent des eaux territoriales sahraouies. En échange de l'accès à ces eaux, l'UE verse au Maroc une moyenne annuelle de 52 millions d'euros. R. I./APS