Dans un contexte marqué par les pénuries qui ne cessent de sévir sur le marché de la consommation, l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce) dénonce vertement les pressions qu'elle subit dans sa mission de contrôle du marché. Ceci semble coïncider avec le bras de fer engagé entre l'autorité publique et l'association des consommateurs. Son président, Zebdi Mustapha, avertit sur des comportements visant à étouffer l'Apoce, et déclare qu'il y a nécessité de recourir à l'intervention du président de la République. Abdelhalim Benyelles – Alger (Le Soir) - En effet, contacté par nos soins, le président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement s'est montré déterminé à mener la guerre aux spéculateurs, notamment ceux qui sont derrière la spéculation sur le sucre, une pratique qu'il n'hésite pas à qualifier de «crime». Pour cette dernière perturbation qui dure depuis plus d'un mois dans certaines régions du pays et qui est à sa deuxième semaine à Alger, l'Apoce a mis les bouchées doubles afin d'interpeller les contrôleurs du ministère du Commerce et les pousser à sévir sur le terrain contre la spéculation. Un numéro vert a été mis à l'occasion à la disposition des consommateurs, afin de signaler toutes les anomalies observées sur le marché, parlant de disparition du produit, d'abus de prix et de vente concomitante. Mais le fait marquant intervenu en marge des perturbations du marché, c'est que l'Apoce vient de dénoncer, sur sa page officielle, des «pressions préméditées» notamment «après les dernières sorties médiatiques de son président» dans le cadre de la lutte contre les pénuries «inexpliquées» et intempestives qui ne cessent d'impacter le marché de la consommation et en même temps porter de sérieux préjudices aux citoyens. «Jusque-là, nous avons adopté un comportement de sagesse et de sang froid», lit-on sur la déclaration officielle. Et de poursuivre d'un ton menaçant : «Si la situation persiste, nous passerons à l'étape de la dénonciation.» Mais sans plus de précisions, cet avertissement ne cite pas les auteurs des «pressions» exercées contre l'Apoce dans l'exercice de sa mission de préservation des intérêts des consommateurs. «Ces pratiques visent à freiner l'élan de l'association des consommateurs», fait-on savoir. Contacté hier, Zebdi menace fermement de dénoncer nommément «ces forces» qu'il qualifie d'«ennemis», censés «être nos partenaires» dans le cadre de la participation de la société civile dans la régulation du marché. Notre interlocuteur, se réfère aux encouragements formulés par le président de la République en direction de la société civile qui conforte encore plus la position de l'Apoce. Et sur un ton plus expressif, il dira que les «ennemis» de l'association des consommateurs ne sont autres que «les autorités publiques», qui «abusent de leur autorité et vont jusqu'à nous interdire l'accès à l'administration», dénonce-t-il. Plus sévèrement, il n'hésitera pas à déclarer que «les instances publiques usent de tous les moyens pour nous écarter de la sphère administrative», parlant des «partenaires d'hier» de l'Apoce, devenus «ennemis» aujourd'hui. Mais ce qu'il qualifie justement d'«intolérable» et de situation jamais vécue même du temps de la «Issaba», c'est que ces agissements tentent d'«étouffer» l'association des consommateurs. Et de ce fait, Zebdi Mustapha n'hésite pas à déclarer que l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement est décidée à saisir la personne du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, afin, dit-il, de veiller à la protection des membres de l'Apoce, qui sont des bénévoles mobilisés dans le secteur du commerce, rappelle-t-il enfin. A. B.