Après avoir instruit les banques et établissements financiers, au début de ce mois qui s'achève, de ne plus donner suite aux demandes de crédits pour l'importation de produits destinés à la revente en l'état relevant de la rubrique fourre-tout intitulée «autres», les pouvoirs publics viennent d'ériger un autre garde-fou afin de mettre fin à l'activité des importateurs fictifs et de l'importation à tout-va. Ministère des Finances, ministère du Commerce et douanes. Tous s'y sont mis pour mettre fin aux largesses et incongruités qui ont, des années durant, «gonflé» la facture des importations jusqu'à atteindre parfois des proportions invraisemblables pour un pays qui, par les temps qui courent, n'a plus les moyens de se permettre d'être peu regardant sur ses dépenses, en devises fortes notamment. Le recensement mené par les services du ministère du Commerce a abouti, selon le ministère concerné, à un assainissement ayant permis de débusquer quelque 6 000 importateurs activant avec des registres de commerce fictifs ou tout simplement loués. Il faut savoir que la corporation des importateurs comptait jusqu'à 45 000 il y a quelques années à peine, justifiant en partie l'instauration de nouvelles mesures parmi lesquelles le décret du mois de mars dernier venu corriger et compléter les modalités d'exercice de l'activité d'importation de matières premières, de produits et marchandises destinés à la revente en l'état. Des exigences contenues dans ledit décret auxquelles les importateurs doivent se conformer dans un délai devant s'achever demain. Selon un recensement effectué l'année dernière, ils sont une quinzaine de milliers d'opérateurs dans l'importation destinés à la revente en l'état et parmi ceux-ci, 8 000 se sont conformés aux nouvelles exigences pour avoir le droit de poursuivre leur activité d'importation de matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en l'état, désormais exercée sur la base d'extraits de registre du commerce électronique portant des codes d'activités homogènes relevant d'un seul sous-groupe des groupes d'activités d'importation inclus dans la nomenclature des activités économiques soumises à inscription au registre du commerce, énonce le décret du mois de mars dernier. Un nouveau décret venu enrichir le train de mesures dédiées à la sauvegarde, tout au moins à l'usage rationnel, des réserves de change qui n'en finissent pas de s'effilocher depuis plusieurs années avant de passer récemment de 63 milliards de dollars en 2019 à 48 milliards de dollars il y a à peine plus d'une année puis 44 milliards de dollars, l'été dernier. Ceci dans un contexte marqué ces derniers temps par la vigueur des exportations algériennes hors hydrocarbures dont le montant a atteint, pour les neuf premiers mois de cette année, 3,3 milliards de dollars, se rapprochant ainsi de la perspective selon laquelle ces exportations hors pétrole et gaz atteindront les 4 à 4,5 milliards de dollars à la fin de l'exercice. Quant aux importations, les plus récents chiffres officiels datent de l'exercice 2020, l'Algérie ayant réussi à réduire sa facture de 18% pour s'établir à 34,4 milliards de dollars, puis, selon toute vraisemblance, aux alentours de 31 milliards de dollars jusqu'à il y a quelques mois. C'est dans ce contexte donc que se sont multipliées les décisions pour en finir avec les dépenses d'importation tous azimuts, la plus récente de ces décisions datant d'il y a une dizaine de jours. Elle émane du ministère du Commerce et fixe comme objectif d'écarter de l'activité d'importation les opérateurs ayant maille à partir avec les services des impôts. Il est en effet stipulé que les dossiers introduits par les importateurs de produits et marchandises destinés à la revente en l'état devront obligatoirement comporter les extraits de rôle apurés de la société, de ses gestionnaires et de ses actionnaires ou, le cas échéant, un échéancier de paiement établi avec les services des impôts. Une décision par laquelle le ministère du Commerce emboîte le pas aux douanes qui, il y a quelques jours, ont annonce l'entrée en vigueur d'un dispositif ayant pour finalité d'obliger les opérateurs à enlever «rapidement» leurs marchandises afin de désengorger les ports avec tout ce que cela induit comme pertes de temps et de coût de stationnement ; en finir avec les frais qui alourdissent les surestaries «inutilement» et les opérations d'importation comportant un «haut risque de fraude». Azedine Maktour