En devenant actionnaire majoritaire du capital social de la Société sportive par actions CR Belouizdad, le 15 octobre 2018, après le rachat de 67% des 75% des actions détenues par le club sportif amateur (CSA), Madar Holding avait annoncé un grand projet sportif pour le Chabab. Un projet, qui trois ans après, patine et tarde à se mettre sur les rails, loin d'être concrétisé. Les saisons passent et se ressemblent pour le CRB, qui en dehors d'un véritable titre de champion d'Algérie (2020/2021) acquis, en plus de celui attribué lors de la crise sanitaire du Covid-19, et une Supercoupe d'Algérie, le CRB peine à rivaliser avec les grands clubs africains. Eliminé en quart de finale de la Ligue des champions d'Afrique (LDC) de l'édition 2021, le CRB espère aller plus loin cette saison, après sa qualification pour la phase de poules. Et au vu des quatre premières rencontres en LDC, les observateurs ne donnent pas cher de la peau du Chabab. C'est d'ailleurs, l'un des points de l'ordre du jour de la réunion du conseil d'administration de Madar mercredi après-midi ; une réunion a duré plusieurs heures avant les délibérations qui ont conduit au limogeage de Hocine Yahi, le directeur sportif. Une décision prise pour répondre à la demande des supporters qui exigeaient, depuis quelques jours, le départ de l'ancien capitaine du Grand Chabab. Autrement dit, la direction du club a préféré sacrifier Yahi à qui on reprochait ses choix dans le recrutement et de l'entraîneur brésilien et de certaines nouvelles recrues. Ayant bénéficié d'une carte blanche, Hocine Yahi, sur les conseils de son entourage, avait engagé Marcos Paqueta qui ne faisait d'ailleurs pas l'unanimité au sein de la famille belouizdadie. En plus du problème de langue, ne parlant ni le français ni l'arabe, la direction devait recruter un interprète-traducteur parce que les joueurs se plaignaient déjà de la mauvaise communication du coach qui s'exprime qu'en anglais. Sur le fond et le style de jeu, le technicien brésilien n'excelle pas non plus puisque l'équipe, depuis son arrivée, n'a réussi qu'une victoire, en Ligue des champions, au match retour du 2e tour préliminaire face aux Ivoiriens de l'ASEC Mimosa. En Ligue 1, le CRB, en deux rencontres, a été accroché au stade du 20-Août (1-1) par le CS Constantine et battu par le MC Alger au stade du 5-Juillet. Alors que la maison-CRB bouillonnait, le coach n'a pas trouvé mieux que d'afficher sa satisfaction après la défaite. Et à défaut de le remercier, par crainte de fortes indemnisations, la direction de Madar, qui se contente d'une mise en garde, affirme avoir décidé d'accorder une marge d'action supplémentaire au coach Marcos Paqueta, tout en prenant soin de limoger au passage sur la demande de Paqueta, le préparateur physique, Aymen Nouadri et l'entraîneur des gardiens, M'hamed Haniched (!). Et dans sa nouvelle stratégie, le groupe Madar décide de revoir «le système de salaires des joueurs en exigeant une plus forte rationalisation des dépenses», tout en décidant «de ne plus accorder des rallonges budgétaires à souhait» ainsi qu'une «remise à plat du barème des primes au seul bénéfice des joueurs et de la barre technique qui sont les acteurs directs de la performance». Une nouvelle stratégie adoptée depuis l'arrivée à la présidence de Mohamed Benelhadj qui a pris des mesures disciplinaires « sévères à l'encontre d'un certain nombre de joueurs coupables de fautes professionnelles». Quel projet pour le CRB ? En devenant actionnaire majoritaire du CRB, Madar avait annoncé de grands projets pour le Chabab. Trois ans après, rien n'a été concrétisé : pas de stade propre au club, pas de centre de formation, pas de grands titres. Depuis 2018, trois directeurs sportifs se sont succédé à commencer par Saïd Allik, Toufik Korichi et enfin Yahi et cinq entraîneurs, Lotfi Amrouche (8 octobre 2018 – 26 décembre 2018) Abdelkader Amrani (3 décembre 2018 – 26 décembre 2019), Franck Dumas (13 janvier 2020 – 30 mars 2021), Zoran Manojlovic (20 avril 2021 – 31 Aout 2021) et Marcos Paqueta en place depuis le 23 septembre dernier. Bien avant son limogeage, Hocine Yahi avait remis en cause, à demi-mot, le projet du CRB en affirmant qu'il ne peut pas atteindre le niveau des clubs égyptiens d'Al Ahly ou encore de l'Espérance de Tunis ; deux grands clubs qui disposent de toutes les infrastructures sportives et des budgets colossaux pour le recrutement, notamment des joueurs étrangers. Des déclarations qui pourraient être, probablement, parmi les causes de son limogeage en regrettant qu'un club comme le CRB ne dispose pas d'un terrain propre. Et ce n'est pas demain la veille que les choses vont changer, estime-t-on du côté de Laâqiba. Pour certains, le manque d'expérience du CRB est pour beaucoup dans cette désillusion, alors que d'autres observateurs estiment que le groupe Madar, qui a investi beaucoup d'argent et de moyens dans cette équipe, a les yeux plus gros que le ventre. Pour bâtir un grand club, il faut encore persévérer des années durant et prendre l'exemple notamment sur le PSG qui, en dépit de ses milliards d'euros des Qataris, n'arrive toujours pas à s'offrir sa première étoile européenne. Dur, dur l'apprentissage, mais comme dit l'adage : on apprend toujours de ses erreurs ! A. A.