Deux difficiles qualifications en tours préliminaires de la LDC et une défaite (logique) lors du derby face au MCA et c'est le grand chambardement au sein du club de Laâqiba. Un double champion d'Algérie qui semble regretter son passé tout récent où il vivotait dans la misère des résultats et l'incapacité de ses dirigeants à renflouer les caisses du club faute d'ingénierie, de vision et de perspective. Et ce n'est pas tant les changements cycliques d'entraîneurs (Amrani, Dumas, Manojlovic et probablement Paqueta dans un proche avenir) et des managers et autres directeurs généraux (Allik, Sebia, Kourichi, Abrouk et Yahi) qui font marrer les «ennemis» du Chabab. Depuis mardi, c'est la tendance vers une reculade structurelle qui intrigue les fidèles du CR Belouizdad. En effet, il semble bien que le groupe Madar se «retourne» sur les objectifs à poursuivre dans son projet de bâtir un club professionnel digne des grands du football international, comme il a été imaginé à l'arrivée de Charafeddine Amara. Aujourd'hui, sans que le holding n'évoque le contexte économique, il est plus que jamais question d'un rétrécissement des apports financiers au club belouizdadi. S'il est vrai que personne ne connaît exactement les moyens financiers consentis par Madar depuis sa prise de pouvoir des Rouge et Blanc, l'ex-SNTA ayant sponsorisé l'équipe en mettant 10 milliards de centimes en 2018 (contrat d'un an) avant de prendre la majorité des actions détenues par le club sportif amateur dirigé alors par Karim Chettouf (soit 75%). À titre d'exemple, le CRB dépensait quelque chose comme 45 milliards de centimes en 2015 tout en cumulant des dettes de l'ordre de 7/8 milliards. À l'arrivée de Madar qui a désigné Saïd Allik comme DG du club, le budget a atteint le double, soit environ 90 milliards de centimes, montant appelé à évoluer selon les perspectives tracées par les nouveaux propriétaires. Ce qui fut fait avec la majoration du budget du CRB. En pleine pandémie de Covid-19, et devant le manque à gagner généré par l'arrêt des compétitions, la direction du Chabab a décidé des restrictions budgétaires en s'appuyant sur des baisses salariales consenties ou imposées. À l'époque, Tewfik Kourichi avançait le chiffre de 9 milliards de centimes d'économies représentant une réduction de 50% des trois mois de salaires. Pas difficile d'imaginer le montant dédié à la masse salariale. Lors de sa réunion d'urgence, mercredi, le nouveau président du CA, Mohamed Benelhadj, a «informé ses membres d'une remise à plat du barème des primes au seul bénéfice des joueurs et (des membres) de la barre technique qui sont les acteurs directs de la performance», lit-on dans le communiqué du club. Le successeur de Mohamed Abrouk a «aussi indiqué que le club se basera à l'avenir sur un système de salaires plus cohérent, plus équilibré et plus équitable», précise-t-on encore avant d'expliquer que «cette exigence s'impose d'autant plus que l'actionnaire majoritaire du club et son financeur exclusif, le Groupe public Madar, a exigé une plus forte rationalisation des dépenses et fait part de son intention de ne plus accorder des rallonges budgétaires à souhait». Pas besoin de faire des raccourcis. Il s'agit bel et bien d'une reconsidération d'un projet qui, comme tel, recommandait un apport supplémentaire. L'on ne peut pas imaginer une valorisation de l'image et de la performance d'une entreprise de quelque secteur qui soit sans une revalorisation des apports financiers. Un club comme le Ahly du Caire, champion d'Afrique en 2020 et en 2021, a publié récemment des chiffres astronomiques concernant sa gestion. À titre indicatif, le budget général de ce club (omnisports faut-il le préciser) est de 161 millions de dollars, soit plus de 2219 milliards de nos malheureux centimes, sommes générées à travers trois sociétés du club (société de football, société des installations sportives et la société de tourisme et des services). Du domaine de l'incomparable, en fait. Mais surtout des chiffres qui font peur dans un contexte économique atypique d'un football algérien à la dérive qui ne vit qu'à travers les moyens consentis par le Trésor public et Madar, la Sonatrach ou Serport sont des entités du domaine public. Le «projet» de faire du CRB un grand d'Afrique a, en définitive, tout l'air d'une œuvre tape-à-l'œil appelée à s'effacer dès lors que le propriétaire s'apercevra qu'il est temps de s'effacer... M. B.