Moins stressé que d'habitude, mais toujours aussi précis dans ses réponses. C'est Djamel Belmadi qui s'est présenté hier devant les médias pour répondre aux questions relatives aux deux prochaines rencontres des Verts en qualification du Mondial face au Djibouti et au Burkina Faso. Avant de rejoindre le nouveau QG de la sélection, au Caire en Egypte, aujourd'hui, Belmadi a fait le tour de l'actualité de son team quelques jours avant de lancer la dernière salve dans ce parcours qui mène au Qatar. Mais, avant de s'étaler sur le sportif, Belmadi a fait une halte mémorielle en transmettant ses condoléances à la famille du football et surtout aux familles de Mehdi Cerbah et Mohamed Soukhane, deux légendes du sport roi en Algérie, récemment décédés. Puis, il enchaînera avec l'histoire présente et à venir. Sans oublier de faire montre de sa nostalgie de retrouver les bords du Nil. «On part avec une grande joie en Egypte, cela va nous rappeler de bons souvenirs, et on a retenu le même hôtel qu'à la CAN. On a de beaux souvenirs au Caire, on va bien pouvoir préparer les deux matchs dans des conditions exceptionnelles. L'Egypte est un bon souvenir pour tout le monde.» Deux rendez-vous où il est question de gérer le moindre détail. Face à Djibouti notamment pour se préserver (humainement) à la «finale» contre le Burkina Faso. «On dit que le match de Djibouti ne compte pas, mais moi je considère les matchs amicaux comme des matchs de préparation, alors imaginez-vous une CAN ! Ce n'est pas parce que la Coupe du monde est un objectif que nous ne jouerons pas la CAN avec beaucoup de motivation.» «Il y a des joueurs sous menace de suspension, d'autres qui sont un peu en manque de compétition, et d'autres qui ont trop de temps de jeu. Il faut montrer du respect aux adversaires, on ne jouera pas avec une «équipe B». Je dois gérer tout ça», dira Belmadi. Un sélectionneur qui pense aussi à épargner cette fatigue induite par les longs déplacements. «La récupération sera primordiale pour nos matchs. Nous jouerons le 12, en allant à Paris puis au Caire. Notre match se jouera à 15h et nous serons à Sidi Moussa à 22h ce jour-là. Ceux qui ont trop de temps de jeu pourront récupérer face à Djibouti», affirme Belmadi qui demande qu'on respecte les adversaires quel que soit leur niveau. «Respecter Djibouti, c'est une question de professionnalisme. Pour autant, cette rencontre servira aussi, évidemment, à préparer celle face au Burkina Faso vis-à-vis du temps de jeu, des cartons jaunes, des schémas tactiques etc.», assure-t-il. Des joueurs utiles Des détails qui avaient présidé ses choix du groupe à convoquer, du gardien jusqu'aux remplaçants. «Prêts à tout donner lorsqu'il lui est demandé d'entrer», confirme-t-il. Un poste de gardien qui commence à le préoccuper. Non pas que les éléments ne répondent pas aux critères de performance, mais Belmadi craint que la succession se passe mal. Et l'âge avancé de M'Bolhi (bientôt 36 ans) ou de Doukha (35 ans) et Oukidja (33 ans), par exemple, n'est plus un secret pour pousser Belmadi à faire confiance à de nouvelles têtes. Après Medjadel qui a fait les derniers stages, notamment depuis l'indisponibilité de Doukha qui a décidé de rentrer au pays, c'est Mustapha Zeghba qui fait son entrée dans le groupe très fermé des gardiens de l'EN. «Zeghba était déjà là à mes débuts. On va voir ce qu'il fait, il évolue dans le même Championnat que M'Bolhi et on suit ses performances avec attention», explique le driver des Verts qui évoque aussi l'intérêt porté à un autre portier qui évolue en Arabie Saoudite. «On suit Malik Asselah également, je ne prends que 3 gardiens de but. Les places sont chères, et il doit travailler. Il joue dans un bon Championnat donc il peut comprendre qu'on suit ses performances.» Si le retour de Zeghba a mis du temps à s'opérer pour des raisons de concurrence, celui de Boulaya et Ounas enchante Belmadi qui semble disposer d'armes supplémentaires pour les batailles à venir. «Adam Ounas a très peu joué. Sur un laps de temps court, il peut faire de grandes différences, et c'est ce dont nous avons besoin, d'où sa présence parmi les 25 joueurs retenus. Quant à Farid Boulaya, il est redevenu un joueur important du FC Metz, marquant encore récemment. Il peut avoir son importance sur la gestion de ces deux matchs-là et des idées que j'ai prévues pour ces rencontres», révèle l'entraîneur national qui regrette les absences de Boudaoui et Guedioura. «Vous le voyez, avec 25 joueurs, il y aura toujours au moins deux joueurs en dehors de l'équipe. C'est pour cela que j'ai choisi des joueurs qui connaissent déjà le groupe, sa mentalité, son état d'esprit, ce n'est pas le moment de faire de gros changements», note Belmadi qui confirme la blessure de Hichem Boudaoui. «Je ne sais pas si l'absence de Boudaoui sera longue mais il est absent à cause d'une blessure oui. Nice nous a appelés hier (samedi, ndlr), lui aussi. Il en souffrait déjà mais ça s'est empiré. Belmadi qui se dit «triste» pour Guedioura à qui il «souhaite un prompt rétablissement» avoue que la transition est en marche même s'il n'écarte pas le retour du joueur de Sheffield United en sélection. «Adlène Guedioura ne joue plus depuis longtemps. Nous, nous avons construit cette EN avec des joueurs qui font des différences à chaque poste. Peu importe l'absence de tel ou tel, nous devons rester compétitifs. Zerrouki, Zorgane et tous ces joueurs qui ont pu apparaître en EN après le départ de Guedioura auront la possibilité de montrer ce qu'ils valent.» Un groupe qui évolue Pour l'entraîneur national, le plus important est d'atteindre les objectifs techniques. «Il y a beaucoup d'attente. Nous ne sommes plus dans les objectifs d'évolution. Je ne suis pas là pour construire pour 2030. Le groupe évolue, il y a une perpétuelle recherche de la progression. Il y a une prospection des joueurs. Il y a des calculs qui sont pris en compte», lâche Belmadi qui préconise la rationalité dans les choix et dans la réalisation des objectifs. «Chacun a sa manière de voir le football. Les gens disent que c'est toujours le même groupe. Quand tu es performant, tu restes et quand tu ne l'es pas, tu sors. Lors d'une qualification pour la Coupe du monde, je ne peux pas prendre tout le monde», fait-il savoir en s'appuyant, question d'un confrère aidant sur le cas Mahrez. «Les chiffres de Mahrez ne mentent pas. C'est un joueur qui aime bien les statistiques. C'est la preuve que c'est un compétiteur. On connaît tous son talent. Il est dans une très grosse équipe. En tant qu'entraîneur ça me satisfait. C'est un joueur précieux. Ce genre de joueurs est un cadeau pour un entraîneur. On veut le voir tous les week-ends mais nous ne sommes pas Pep Guardiola. En tant qu'Algériens, nous sommes frustrés quand il ne rentre pas en jeu dans un match comme celui d'hier. Il l'est encore plus lui mais il arrivera avec encore plus d'envie en EN», souligne Belmadi qui ne comprend pas, par ailleurs, l'acharnement de certains à vouloir enfoncer un joueur de talent comme Belaïli. «Quand le problème vient de l'intérieur... je n'ai pas les mots pour ça. Youcef Belaïli est gentil, ce sont des choses qui ne passent pas normalement. Pour moi c'est grave, c'est une atteinte à son image. Pas qu'en tant que footballeur mais aussi en tant qu'homme. Il y a des gens qui aiment salir et qui n'ont pas de limite. Ce sont des Algériens», accuse Belmadi qui défend son numéro de ces allégations de dopage dont le sociétaire de Qatar SC est suspecté. Pas toujours en guerre C'est connu, Belmadi n'aime pas le bricolage encore moins le sabotage. Celui qui a «bombardé» les responsables de l'état de la pelouse du stade Mustapha-Tchaker trouve les mots pour rendre à «César ce qui appartient à César». «On remercie les pouvoirs publics pour avoir accepté le retour du public. Je lance un appel au bon comportement : si on souhaite avoir du public en mars pour un éventuel barrage, il faut que ça se passe bien face au Burkina Faso», rappelle-t-il avant de vouer son respect à ceux qui ont veillé pour que le terrain du temple des Verts soit à nouveau opérationnel. «Le terrain ? Moi je dis les choses une fois et après les responsables s'en occupent. Il me semble que la pelouse est de bonne qualité, les choses ont été prises au sérieux». Mais des pics, Belmadi en donne à ceux qui veulent en recevoir. Sous forme de réplique et de «promesse». Sur Halilhodzic, le sélectionneur du Maroc, qui trouvait son équipe plus collective que celle d'Algérie dont le mérite revient plutôt à ses individualités, Belmadi promet un face-à-face pour régler la question une bonne fois pour toutes. «Halilhodzic a le droit de parler. On verra si nous vient l'occasion de lui répondre sur le terrain», dit-il. Quand ? La réponse de Belmadi est d'abord réservée à la configuration de l'actuel classement Fifa où il s'agira de ne pas sortir du top 5. «Nous y sommes, on espère y rester pour l'heure mais si on en sort et qu'on doit jouer le Maroc par exemple, et bien marhba !». à ses concurrents directs aussi qui peuvent profiter de ses déclarations pour construire leur opposition. «Je peux entrer dans les aspects techniques ou tactiques à la fin des stages, parce que nos adversaires peuvent analyser les matchs et je ne fais que dire ce qu'ils peuvent voir. Avant, c'est compliqué parce qu'il y a de la planification. Je regarde les conférences de presse de tous les autres entraîneurs et c'est très instructif. Certains s'excitent et racontent leur vie. Par exemple, on nous accuse d'avoir trop parlé du Burkina alors que ce n'était qu'avant de les jouer et de façon normale. Ils estiment qu'on a joué la rencontre derrière un micro, ce n'est pas vrai», plaide Belmadi. M. B. Le déroulement de la CAN face à la cupidité des clubs européens De plus en plus de clubs européens veulent empêcher les footballeurs africains de rejoindre leurs sélections qui prendront part à la CAN du Cameroun. C'est un secret de Polichinelle et c'est même devenu une affaire d'état devant laquelle ni la CAF ni la Fifa n'opposent de réactions fermes. Pour le sélectionneur des Verts, cette «cupidité» des clubs européens entraînera des fractures. «Chacun défend son bifteck. Quand Klopp perd Salah, Mané, Keïta... et que les deux devant jouent 100% des matchs, ça peut provoquer beaucoup de conséquences. Chacun défend ses intérêts», précise l'ancien joueur de Manchester City. Et d'ajouter que «le moment n'est pas idéal» pour débattre d'une telle question. «J'en ai discuté avec les responsables de la CAF. Ça n'arrange pas les entraîneurs, les clubs, mais aussi les joueurs. Je leur ai dit que sans les joueurs, il n'y aurait pas de CAN, ce serait plutôt une CHAN», affirme celui qui s'est déjà exprimé sur le problème sans que des solutions aient été proposées depuis. Serait-ce un faux débat ? Belmadi préfère temporiser. M. B. Bounedjah au Barça Belmadi y croit... Une question a fusé hier au niveau de l'amphithéâtre Omar-Kezzal du CTN/FAF de Sid-Moussa, lors du point de presse du sélectionneur national, Djamel Belmadi. Il s'agit de la probabilité de voir l'attaquant algérien d'Al-Sadd Qatari, Baghdad Bounedjah, rejoindre dès cet hiver son désormais entraîneur Xavi Hernandez au FC Barcelone. «Je vous fais l'annonce : Baghdad Bounedjah va signer au Barça ... pourquoi vous rigolez (rires) ? Il y a plein de joueurs (européens et sud-américains, ndlr) qui ont signé au Qatar. Il (Bounedjah, ndlr) a marqué partout où il est passé et malgré ça, on ne veut pas reconnaître ses qualités parce qu'il joue au Qatar. Je suis sûr que Xavi l'aime beaucoup, il a eu plusieurs fois la possibilité de recruter un avant-centre mais Baghdad est toujours présent. Il connaît ses qualités, il a évolué avec lui. Xavi le connaît mieux que moi», explique Belmadi qui fait noter l'intérêt de beaucoup de clubs européens à associer l'attaquant algérien à leur projet sportif. «Il y a beaucoup de techniciens avec lesquels je parle en France, Baghdad Bounedjah est un nom qui revient toujours. Il est malin dans ses déplacements, il presse toujours, il a des statistiques énormes», dira celui qui pense qu'en football «tout est possible. Il faut simplement y croire et travailler pour». M. B.