Abderrazak Harb, l'ancien gardien international était le remplaçant de Mehdi Cerbah à la JSK avec lequel il avait noué une grande amitié. C'est dire que son témoignage était très intéressant à recueillir sur celui qui nous a quittés récemment. Que devient Abderrazak Harb ? J'ai pris ma retraite depuis 10 ans au moment où j'étais encore l'entraîneur des gardiens de la JSM Béjaïa parce que je constatais que notre football commençait à régresser et que je ne voulais plus travailler dans des conditions malsaines. Vous avez connu votre première sélection sous la houlette de Rachid Mekhloufi, l'un des cinq derniers survivants de l'équipe du FLN. Quel souvenir gardez-vous de lui ? Quand vous m'évoquez le nom de Mekhloufi, que Dieu lui prête une longue vie, vous réveillez en moi, le souvenir d'un homme qui aimait son pays et le football tout comme ses compagnons de l'équipe du FLN qui étaient présents lors des différents stages de l'E.N. Ce sont des hommes, des patriotes qui ont vécu dans un véritable milieu du football professionnel. Ils nous ont appris la rigueur et le travail. Et que diriez-vous de Mohamed Soukhane que vous avez connu avec Mekhloufi ? C'était un bosseur, un acharné du travail et il avait un compas dans l'œil c'est-à-dire qu'il ne se trompait jamais quand il fallait choisir un joueur. Vous avez côtoyé Mehdi Cerbah à la JSK où vous étiez le numéro 2 et lui le numéro 1 ... En effet, je l'ai connu à la JSK. Au début, l'entraîneur de l'époque, Amar Rouai, nous titularisait chacun à tour de rôle, puis je ne sais pas ce qui s'est passé exactement, Cerbah est devenu le titulaire et moi son remplaçant. Et que pouvez-vous nous dire sur Cerbah ? On a défendu le maillot de la JSK ensemble pendant plus de trois ans et il n'y a jamais eu de problème entre nous. D'ailleurs on n'avait pas d'entraîneur des gardiens et on s'entraînait tout seul. Certes, on était en concurrence pour le poste, mais cela n'a fait que renforcer notre amitié. Est-il vrai que Cerbah n'aimait pas trop s'exprimer ? Cerbah était surtout un travailleur et il était réservé, mais cela ne l'empêchait pas de discuter sérieusement quand il le jugeait nécessaire. Cerbah était plus qu'un coéquipier ? Oui, c'était un co-équipier et on s'entendait à merveille avec un respect mutuel. D'ailleurs, les gens étaient étonnés que l'on se disputait avec les autres joueurs et pas entre nous alors que nous étions des concurrents. Cerbah nous avait déclaré que M'Bolhi est le numéro 1. Vous êtes d'accord ? Oui et ce n'est pas par hasard s'il est toujours titulaire en sélection. M'Bolhi n'est pas un gardien très spectaculaire mais il est efficace et régulier. Mais il prend de l'âge, et qui pourrait lui succéder parmi les gardiens de notre Championnat ? Dans tout notre Championnat, trouvez-moi un seul gardien qui a de l'autorité et qui dirige sa défense d'une main de maître. Moi, je n'en vois pas. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de bons gardiens, mais ils ne sont pas confrontés au haut niveau. Belmadi a retenu M'Bolhi, Oukidja et Zeghba qui évoluent tous à l'étranger. M'Bolhi s'est imposé depuis plusieurs années. Oukidja évolue dans un bon Championnat européen. Mais, récemment, il a encaissé un but sur un tir de plus de 60 mètres. Cela peut-il le désavantager ? Non, il était avancé et il ne faut pas lui en vouloir ou raisonner en termes de désavantage. D'ailleurs, cela me fait penser à ce que déclarait Sepp Maïer, l'ancien gardien international allemand du Bayern de Munich après avoir encaissé sept buts face à Mönchengladbach. Il avait dit ceci : «Je préfère encaisser une fois sept buts que de perdre sept fois par un but à zéro». Vous êtes un enfant de Kouba et vous avez évolué au RCK. Quel est votre regard sur ce club ? Le RCK a régressé et encore heureux que les Koubéens ne soient pas tombés plus bas que la deuxième division. C'était une école tout comme l'USMH. Avant, à Kouba, il y avait la Sonatrach et la SNS et tout allait bien mais après, tout a disparu. Les formateurs militants n'existent plus et le travail d'antan n'est plus de mise. Aujourd'hui, n'importe qui devient président de club et cela ne peut pas marcher ainsi. Propos recueillis par Hassan Boukacem