Avec le décès de Mehdi Cerbah, le football algérien a vraiment perdu l'un des meilleurs gardiens de son histoire et pourtant, à ses débuts, certains doutaient de ses capacités en raison de sa taille moyenne (1,75m). Mais, au cours de sa brillante carrière, Cerbah va démontrer qu'il ne suffit pas d'être un «géant» pour devenir un bon gardien. Mieux, il confirmera, que ce soit à la JSK ou en sélection, cette théorie qui stipule que le keeper représente 50% d'une équipe grâce à ses parades miraculeuses et son immense talent qui atteindra les sommets lors de la fameuse rencontre en Coupe du monde en juin 1982 face à la RFA, double championne du monde, et qui venait d'être auréolée d'un titre européen en 1980. Ce jour-là, des stars internationales comme Karl-Heinz Rummenigge, Littbarski et Hrubesch se sont heurtées à un portier fantastique prénommé Mehdi. La dernière interview de Cerbah au Soir d'Algérie remonte à quelques années. Nous l'avions rencontré à la forêt de Bouchaoui où il venait de terminer son footing et c'est à l'ombre d'un eucalyptus qu'il avait accepté de s'exprimer. En voici de larges extraits : La JSK qui ne domine plus le foot algérien ? La JSK est toujours le club de mon cœur, mais j'ai constaté que son effectif changeait à chaque saison. C'est cette instabilité qui est à l'origine de sa régression. Mais elle demeure un grand club et elle peut revenir au top. La taille moyenne d'un gardien est de plus d'1,90m aujourd'hui... Pour moi, le problème ne se pose pas en termes de taille. Il y a des gardiens qui ne sont pas des géants mais qui sont très doués. Par ailleurs, vous avez des gardiens de plus de 1,90m qui éprouvent beaucoup de difficultés à intervenir sur des balles à ras-de-terre. Sincèrement, je pense que si un gardien a une taille de 1,75m, il peut être excellent à condition de travailler sa force explosive, son placement et ses sorties. La victoire en Coupe du monde sur la RFA ? C'était notre première participation à une Coupe du monde et on démarrait avec une victoire sur l'Allemagne, favorite du tournoi. C'était l'apothéose et la grande joie. L'EN était-elle capable d'aller loin si les Allemands et les Autrichiens n'avaient pas triché ? Moi, je suis persuadé qu'on aurait pu aller très loin parce qu'on avait une équipe et des individualités exceptionnelles. Bon, aujourd'hui, cela ne sert à rien de nourrir des regrets. La réaction des politiques à votre exploit contre l'Allemagne ? Les responsables politiques nous avaient tenu le discours suivant : «Vous allez défendre les couleurs de l'Algérie. Faites-le dignement et la Nation ne vous oubliera jamais.» Malheureusement, je constate qu'on nous a oubliés. Fawzi Chaouchi, votre successeur à la JSK et en sélection ? Je préfère ne pas parler de Chaouchi. Caractériel comme Chaouchi ? Non. J'avais ma propre personnalité à des moments précis mais lors d'évènements fatidiques, je savais me retenir. M'Bolhi ? Il est le numéro un, mais cela ne veut pas dire qu'il faut fermer la porte à d'autres gardiens parce qu'en sélection, nul n'est un titulaire indiscutable. L'expérience comme entraîneur des gardiens au Qatar ? Cela m'a permis de voir un autre monde et de côtoyer de grands techniciens étrangers. Ce fut une expérience très enrichissante tant sur le plan humain que professionnel. La réaction de vos enfants quand ils revoient vos exploits ? Ça discute, ça rigole et ils constatent qu'il y a une différence entre notre football, bien plus engagé et plus spectaculaire que celui d'aujourd'hui. Entretien réalisé par Hassan Boukacem, paru le 16 juillet 2013