Au d�but du mois de septembre dernier, un b�b� de deux ans a �t� jet� par terre par son beau-p�re, �g� de 20 ans, au niveau de la station de taxis du Caroubier, en plein jour. L�enfant a eu le cr�ne fracass�, sans b�n�ficier d�un quelconque secours. Les t�moignages sont venus apr�s, avec l�enqu�te de la police. Les actes de violence sur enfants sur la voie publique se multiplient et se banalisent. Alors que la loi est claire sur cette question, les parents, notamment ceux utilisant leurs enfants pour la mendicit�, ne sont pas inqui�t�s. La soci�t� civile d�nonce l�absence de prise en charge sociale et la frilosit� dans l�application de la loi en vigueur. F-Zohra B. - Alger (Le Soir) - La soci�t� civile a, � plusieurs reprises, tir� la sonnette d�alarme concernant la protection p�nale et civile des enfants, et il a �t� recommand� la cr�ation de m�canismes pour prendre en charge les enfants en danger moral et physique. Ceci d�autant que les agressions sur mineurs se multiplient, notamment sur la voie publique et devant t�moins. Ajoutez � cela l�utilisation des enfants dans la mendicit� ou la vente � la cri�e au bord des routes. Le professeur Khiati, pr�sident de la Fondation pour la promotion de la sant� et le d�veloppement de la recherche (Forem), rappelle que l�Alg�rie a ratifi�, en 1993, la convention des droits de l�enfant. �Cette convention est applicable � 100 %. Et quand il s�agit de s�vices sur enfant, dans un cas de flagrant d�lit, celui-ci peut, selon la loi, �tre soustrait � la garde de sa famille. Les juges au niveau des tribunaux sont tenus de prendre en charge cette situation. La loi pr�voit de mettre ces mineurs dans des foyers d�accueil�, explique le professeur Khiati, pr�cisant, en outre, que ces actions ne n�cessitent pas forc�ment la construction de centres d�accueil puisque des foyers peuvent �tre s�lectionn�s apr�s une enqu�te sociale. Ce projet pourrait �tre concr�tis�, selon le pr�sident de la Forem, au niveau des communes. �Les situations de risques majeurs pour les enfants se multiplient et les m�res, arr�t�es pour avoir utilis� leurs enfants pour mendier, r�cidivent. Leurs enfants, dans ce cas, doivent leur �tre enlev�s. Cela se fait dans tous les pays du monde conform�ment � la loi�, pr�cise le professeur Khiati. Les cas de violence sur enfants ne sont pas diagnostiqu�s Le pr�sident de la Forem pointera par ailleurs un doigt accusateur sur les d�partements concern�s, � l�instar de celui de la solidarit� qui, selon lui, n�associe pas la soci�t� civile � ses actions. �Les autorit�s consid�rent que les associations ne sont pas matures, alors que la soci�t� civile est cens�e �tre un interm�diaire n�cessaire entre l�Etat et les citoyens�, souligne le professeur Khiati. Selon une �tude r�alis�e par la Forem en 2008, 50 000 cas de maltraitance, tous types confondus, soit des agressions physiques, sont recens�s par an. Ces statistiques concernent uniquement les cas signal�s et av�r�s. �Cependant, au cours des deux derni�res ann�es, ces chiffres sont � multiplier par deux ou trois. Il n�y a qu�� prendre en consid�ration les cas d�agressions sexuelles qui sont au nombre de 15 000 comme les agressions physiques sont l�gion, et peu sont d�nonc�es et arrivent jusqu�aux services de police et par l� aux tribunaux. Ceci ajout� au fait que les cas de violences sur enfants, quand ces derniers arrivent dans les h�pitaux, ne sont pas diagnostiqu�s faute de formation des m�decins et dentistes � reconna�tre les traces de violence�, d�nonce le professeur Khiati. Les statistiques ne repr�sentent que la partie visible de l�iceberg Pour le sp�cialiste, le nombre de cas de violences sur enfant pourrait largement d�passer les 100 000 par an. La Forem a, � maintes reprises, propos� un observatoire au niveau des �coles, notamment pour signaler les traces de violences, mais selon le professeur Khiati, cette proposition est rest�e lettre morte au niveau du minist�re de l�Education nationale. Les propositions de la Forem pour freiner les violences sur enfants, portent sur la cr�ation des centres de veille des l�sions sur enfants et la r�activation des num�ros verts � travers lesquels les enfants peuvent s�exprimer. �Les victimes de violences doivent �tre prot�g�es et plac�es � l�int�rieur d�un maillon de s�curit� activ� par les secteurs de la sant�, de la solidarit� et de la justice�, propose le professeur Khiati. Il d�noncera l�absence d�espaces de coordination sociale : �La soci�t� civile est une force de propositions ; nous pouvons apporter beaucoup de choses. Nous tirons aussi la sonnette d�alarme concernant les agressions sur enfants dont le nombre devient inqui�tant. Les statistiques ne sont que la partie �merg�e de l�iceberg et nous lan�ons ainsi un appel aux plus hautes autorit�s du pays pour mettre fin � ces situations �, explique le pr�sident de la Forem. Mme Nadia A�t-Zai, premi�re pr�sidente du Centre d�information et de documentation sur les droits de l�enfant et de la femme, mettra, pour sa part, l�accent sur le fait que seuls les m�decins et les chirurgiens- dentistes sont tenus de signaler les violences sur enfants. �Nous demandons � ce que cette obligation soit g�n�ralis�e aux autres citoyens. En Alg�rie, il n�y a malheureusement pas d�obligation p�nale de signalement de violence et il faut donc de nouvelles dispositions dans le code p�nal�, explique Mme A�t- Zai. Toutefois, la pr�sidente du CIDDEF pr�cisera que le code p�nal pr�voit des sanctions � l�encontre des personnes qui s�abstiennent de d�noncer les actes de violences, ce qui �quivaut � une situation de non-assistance � personne en danger. Cette disposition s�applique donc aux cas o� des personnes sont t�moins d�actes de violences sur enfants. Les parents maltraitants gardent leurs enfants en d�pit de la r�glementation La pr�sidente du CIDDEF d�noncera, par ailleurs, le fait que les pouvoirs publics ne r�agissent pas au ph�nom�ne du travail des enfants et leur utilisation dans la mendicit�. Concernant ce dernier point, la sp�cialiste insistera sur le fait que les parents qui obligent leurs enfants � mendier dans la rue sont responsables, et rappellera que le code p�nal punit � la fois la mendicit� et le fait de mettre les enfants en danger moral et physique. �Ces personnes doivent �tre d�chues de l�autorit� parentale sans que soit invoqu� le fait que les lieux de placement des enfants n�existent pas. Les juges laissent souvent les enfants dans leurs familles en d�pit de ce que stipule la loi alors qu�ils peuvent aussi �tre punis p�nalement. Ces parents sont eux-m�mes un danger pour leurs enfants�, dira Mme A�t Zai. Pour la sp�cialiste du CIDDEF, la r�habilitation du m�tier d�assistante sociale au niveau des communes est n�cessaire en vue de suivre les enfants en difficult�. �La protection juridique des enfants existe, il faut seulement appliquer la loi, ceci ajout� au fait que les juges pour mineurs se plaignent du manque de dispositifs de prise en charge des enfants en difficult�, d�nonce notre interlocutrice. Elle mettra, en outre, l�accent sur le fait que la loi doit �tre appliqu�e dans toute sa rigueur. �Il y a un laxisme par rapport � la responsabilit� des parents concernant la protection de leurs enfants. Par ailleurs, les familles d�munies doivent �tre appuy�es financi�rement par l�Etat en vue de pr�server le bien-�tre des enfants�, propose la pr�sidente du CIDDEF. Un repr�sentant de la Direction g�n�rale de la S�ret� nationale expliquera que quand les femmes qui mendient avec enfants sont arr�t�es et pr�sent�es devant la justice, elles sont syst�matiquement rel�ch�es par les juges. Ces derniers agissent de la sorte car les enfants ne pourront �tre plac�s dans des centres d�accueil une fois s�par�s de leurs parents.