La petite Latifa, un bébé de six mois, a été vendue par sa mère pour une modique somme de 20 000 DA. L'affaire a été dévoilée ces derniers jours grâce à une enquête minutieuse, menée par les éléments de la brigade mobile de la Police judiciaire (BMPJ) de Boumerdès. Selon une source proche de l'enquête, c'est une autre femme âgée de 30 ans originaire d'Oran qui a acheté le bébé. Elle s'est déplacée en compagnie de son frère à Alger et a pris contact avec une vieille femme qui a été l'intermédiaire et qui était donc chargée de prendre possession du bébé et le remettre à l'acheteuse moyennant une somme d'argent. La transaction a eu lieu à la gare routière de Boumerdès ; seulement voilà, une altercation de dernière minute a éclaté entre les deux femmes (la vieille femme et la mère de Latifa). Un détail sur le prix a fini par éveiller les soupçons de deux policiers qui faisaient la ronde sur les lieux. Ces derniers interrogent les deux femmes ainsi qu'un autre homme qui accompagnait la vieille et découvrent une enveloppe remplie de billets de banque dans les couches du bébé. Le pot au rose finit par être découvert et les trois personnes sont arrêtées par la police de Boumerdès. Quant à l'acheteuse du bébé et son frère venus d'Oran, ils seront arrêtés à Alger dans le domicile d'un proche parent. Le père du bébé a reconnu, hier, au juge d'instruction qu'il s'agissait bien de son bébé né d'une relation extraconjugale, mais a nié avoir une quelconque relation avec la transaction. La mère, quant à elle, aurait avoué aux enquêteurs qu'elle voulait vendre son bébé pour de l'argent. Selon les sources proches de l'enquête, l'acheteuse de Latifa a justifié l'achat de l'enfant par le fait que son mari stérile ne voulait pas adopter un bébé qui se trouve dans les centres légaux d'adoption. Des réponses qui semblent ne pas avoir convaincu les enquêteurs qui se sont demandés s'ils n'ont pas affaire à un réseau de malfaiteurs qui vend des bébés et des enfants à l'étranger. En tout cas, les cinq personnes impliquées dans cette affaire ont été écrouées et placées sous mandat de dépôt hier par le juge d'instruction de la chambre 2 du tribunal de Boumerdès. Elles doivent répondre aux chefs d'inculpation d'association de malfaiteurs et autres délits prévus par l'article 321 du code pénal qui énoncent en substance “ceux qui sciemment dans les conditions de nature à rendre impossible son identification déplacent un enfant, le réclament ou lui substituent un autre enfant ou le présentent matériellement comme né d'une femme qui n'a pas accouché sont punis de la réclusion à temps de 5 à 10 ans et d'une amende de 500 000 à 1 million de DA”. Les cinq personnes risquent ainsi la perpétuité pour les faits qui leur sont reprochés alors que le père du bébé a été relâché après avoir été entendu par le juge en charge de l'affaire. De nombreux magistrats rencontrés, hier, nous ont affirmé que ce cas est presque unique en Algérie. “Nous avons eu affaire à des bébés volés, des enfants volés, mais des bébés vendus c'est très rare”, nous a affirmé un magistrat de Boumerdès. Pour rappel, il y a plus d'une année un réseau de malfaiteurs qui volaient des bébés en Algérie et les vendaient à l'étranger, a été démantelé par la police à Tlemcen. Composée de 13 individus dont des femmes, cette bande s'était spécialisée dans le rapt d'enfants âgés de un à quatre ans pour les envoyer à l'étranger à travers une filière agissant dans plusieurs wilayas de l'Ouest. Le réseau a été démasqué suite à l'arrestation d'une jeune femme, âgée de 21 ans, en flagrant délit de kidnapping d'un bébé d'un an qu'elle s'apprêtait à remettre à ses deux complices à Aïn Tellout (30 km de Tlemcen). M. T.