En panne chronique d'efficacité, le FC Barcelone du nouvel entraîneur Xavi peut craindre une élimination à l'issue de la phase de groupes de la Ligue des champions, une rareté qu'il tentera d'éviter le 8 décembre sur le terrain du puissant Bayern Munich. Voir le Barça, accroché mardi par Benfica (0-0), être absent des 8es de la C1 serait un événement, une première depuis 2003-2004... quand le géant d'Espagne ne s'était pas qualifié pour la reine des compétitions européennes. La dernière fois que le club catalan a été éliminé dès la phase de groupes, c'était en 2000-2001, soit il y a plus de vingt ans. Pour éviter ce premier gros faux-pas dans son CV, Xavi a deux solutions : soit le Barça l'emporte chez le Bayern, qui a gagné ses cinq matchs de C1 cette saison, auquel cas il sera assuré de disputer les 8es. Soit il ne sera plus maître de son destin et devra attendre le résultat du Benfica, hôte dans le même temps du Dynamo Kiev à Lisbonne. Xavi y croyait encore après la désillusion mardi contre les Portugais. «Je suis optimiste car j'ai l'impression qu'on a mérité de gagner. Je vois des choses qui sont très bonnes, très positives. J'ai le sentiment que l'on peut battre n'importe qui. Nous sommes le Barça. C'est juste un problème de réalisme», a-t-il tenté de positiver en conférence de presse d'après-match. «Tout était parfait, l'attitude des joueurs, l'ambiance dans le stade... C'est vraiment dommage», a regretté le technicien catalan. «Miracle» à Munich «Tout donner à Munich», titrait hier le quotidien sportif catalan Mundo Deportivo, tandis que son concurrent Sport évoque la nécessité d'un «miracle» en Allemagne. Ce mercredi, la presse espagnole a admis que le constat martelé par le précédent entraîneur Ronald Koeman, décrié pendant son passage sur le banc, était sans doute vrai : le Barça a un souci de réalisme face aux buts. Les Catalans n'ont marqué que deux buts en cinq matchs de Ligue des champions cette saison. A titre de comparaison, les Bavarois, qu'ils affrontent dans deux semaines, en ont par exemple marqué 19. Et mardi soir, les Catalans ont réussi à se créer de nombreuses occasions, sans jamais réussir à percer la muraille Odysseas Vlachodimos. Des motifs d'espoir existent, toutefois. L'ailier français Ousmane Dembélé est revenu de sa blessure à la cuisse gauche et a signé une entrée pleine d'intensité en fin de match. Acclamé par le Camp Nou, il a même failli faire basculer la rencontre sur un centre pour Frenkie de Jong (67e) stoppé par l'infranchissable portier grec du Benfica. Xavi a aussi récupéré Sergino Dest, un autre latéral, qui a soigné sa lombalgie. Et les jeunes pépites du Barça brillent toujours aussi fort : Gavi, Nico et Yusuf Demir ont été remarquables contre les Lisboètes. 20 M d'EUR qui s'envolent ? Et surtout, après avoir déserté le Camp Nou au début de saison, les supporters ont chanté et poussé leur équipe malgré la pluie torrentielle mardi soir, insufflant des forces aux joueurs, qu'on a vu s'encourager et se taper dans le dos au lieu de se prendre le bec. Avec Xavi, le sourire est revenu. «Je n'avais jamais vu le Camp Nou comme cela», a confié le défenseur Gerard Piqué au coup de sifflet final sur Movistar. C'est toutefois loin de chez eux que les Catalans devront réussir l'impossible, dans 15 jours. En cas d'élimination, un autre problème pèsera sur le club : le FC Barcelone ne touchera pas les 9,6 M d'EUR reversés aux clubs qualifiés pour les 8es, ni les 10,6 M d'EUR reversés à ceux qualifiés pour les quarts. Ces 20,2 M d'EUR sont pourtant prévus dans le budget de la saison actuelle... L'élimination précoce serait un énième coup dur pour les finances d'un club lourdement endetté, qui a refermé l'exercice 2020-2021 avec 481 M d'EUR de pertes et qui avait prévu un budget à peine dans le vert de 5 M d'EUR pour l'exercice actuel.