Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations au titre de l'article IV avec l'Algérie, après la mission du FMI qui s'est entretenue avec M. Aïmene Benabderrahmane, des membres de son gouvernement et le gouverneur de la Banque d'Algérie, fin août-début octobre dernier. Les consultations en question entrent dans le cadre de l'une des missions du FMI consistant en la surveillance du système monétaire international et du suivi des politiques économiques et financières mises en œuvre par ses 190 pays membres. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les experts du FMI ont plutôt bien accueilli la riposte rapide des autorités algériennes qui a permis d'atténuer les répercussions sanitaires et sociales de la crise en attestant que «des mesures de confinement ciblées et l'accélération de la campagne de vaccination ont permis de ralentir une troisième vague de contaminations». Au titre des satisfécits attribués à l'Algérie, les administrateurs du FMI souscrivent à l'orientation générale de l'évaluation effectuée par les services de l'institution. Ils constatent que la pandémie a eu un impact fort sur l'Algérie et saluent les actions rapides et ambitieuses prises par les autorités pour en contenir les coûts humains et économiques. Le conseil d'administration du FMI salue également la stratégie des autorités pour relancer la croissance et réduire la dépendance de l'économie aux hydrocarbures, comme il fait l'éloge de l'orientation du nouveau plan d'action du gouvernement et appuie les réformes prioritaires identifiées par ce même plan pour faciliter la transition du pays vers un modèle de croissance plus inclusif et plus durable. «Les annonces récentes vont dans la bonne direction en ce qui concerne le renforcement de la transparence et du cadre institutionnel de lutte contre la corruption, l'amélioration de la résilience face aux changements climatiques, ou les initiatives en faveur des technologies numériques, des investissements directs étrangers et de la concurrence pour encourager l'investissement privé et la création d'emplois», estiment les administrateurs de l'institution internationale. Pour expliquer les bons points décernés à l'Algérie, le conseil d'administration du FMI constate qu'après une contraction de 4,9% en 2020, le PIB réel a enregistré une croissance de 2,3% en glissement annuel au premier trimestre 2021, sous l'effet du redressement des cours et de la production d'hydrocarbures et de l'assouplissement des mesures de confinement. Aussi, après une détérioration significative en 2020, le solde des transactions courantes de la balance des paiements s'est nettement amélioré au cours du premier semestre 2021. Mais tout en dépeignant ce tableau «rayonnant», les administrateurs du Fmi relèvent des failles et constatent : «La pandémie a exacerbé les facteurs de vulnérabilité économique préexistants en Algérie, qui résultent d'une succession de chocs survenus depuis 2014. Le budget et la balance extérieure courante accusent d'importants déficits depuis plusieurs années, entraînant une augmentation significative de la dette publique et une diminution des réserves de change et réduisant la marge de manœuvre de l'action publique. En outre, la hausse de l'inflation, qui tient à l'augmentation des prix internationaux des denrées alimentaires et à un épisode de sécheresse en Algérie, érode le pouvoir d'achat des ménages». Dans son rapport, le conseil d'administration dit s'attendre à ce que l'économie algérienne se rétablisse en 2021 et 2022, mais n'omet pas de présager que «les perspectives demeurent incertaines et difficiles», le tout en pronostiquant que la croissance réelle devrait atteindre 3,2% en 2021, et le redressement des exportations devrait permettre une forte réduction du déficit du compte des transactions courantes de la balance des paiements. Quoi qu'il en soit, au FMI on atteste qu'une reprise économique progressive est certes à l'œuvre, mais les éléments de vulnérabilité datant d'avant la pandémie demeurent et des risques pèsent sur les perspectives économiques, malgré le redressement récent des prix des hydrocarbures. Dans cet ordre d'idées, ils préconisent la nécessité d'un rééquilibrage progressif et soutenu des finances publiques, reposant sur une combinaison de mesures visant à accroître les recettes du budget et à réduire les dépenses tout en jugeant utile d'adapter le rythme et la composition de l'ajustement budgétaire à l'évolution de la pandémie et aux conditions économiques domestiques, afin de protéger les tranches les plus vulnérables de la population. Les experts du FMI, tout en saluant les réformes prévues pour renforcer l'indépendance de la banque centrale, assurent qu'une politique monétaire bien calibrée, associée à une plus grande flexibilité du taux de change, pourrait contribuer à la stabilisation de l'économie. Globalement, en dehors des rituels conseils, les administrateurs du FMI applaudissent la stratégie des autorités pour relancer la croissance et réduire la dépendance de l'économie aux hydrocarbures, et la mise sur pied d'un plan pour faciliter la transition du pays vers un modèle de croissance plus inclusif et plus durable. Azedine Maktour