Une demi-finale qui se termine de cette manière, au bout de la nuit et d'une façon dramatique, il faut chercher dans les mémoires et les encyclopédies. Et hier soir, face à la sélection du pays organisateur de cette Coupe arabe, l'Algérie a mis son grain de sel en écrivant une nouvelle page dans l'histoire de son football. Un rendez-vous sans fin. Sans prolongation mais quand même 110 minutes, soit 20 de plus, dans le temps réglementaire. Avec un avantage sans partage des Algériens grâce à un Belaïli, une fois de plus sauveur, et malgré un arbitrage qui pouvait casser la dynamique mise en branle depuis le 1er décembre. Samedi, il s'agira de conclure face aux voisins de la Tunisie. Pour l'apothéose. Mais que ce fut dur à réaliser durant cette empoignade, la cinquième dans l'histoire des rencontres entre les deux sélections. Un match plein qui tardait à se lancer en raison d'options tactiques rigides, qui n'ont été levées qu'à l'entame de la seconde mi-temps, la première étant un long round d'observation recherché par un Bougherra qui a réservé quelques surprises à l'annonce de son «11» type. Une formation qui a encore connu des changements comparativement au quart de finale contre le Maroc. Trois en tout, les revenants Bounedjah et Benlamri, et le polyvalent remplaçant de luxe, Draoui. Le premier était attendu, le second forcé (suite au forfait de dernière minute de Tougaï), et le troisième avait tout l'air d'un changement tactique. Le milieu gauche du CRB remplaçait son compère au Chabab, Mrezigue, se devait notamment de «marquer» un des virevoltants attaquants qataris. Sur le papier donc, c'est un 5-3-2 de Sanchez contre le 4+5+1 de Bougherra sous le regard d'un public nombreux, attentif mais crispé. Cela se traduisait par une première mi-temps de pure observation. Aucune des deux équipes ne voulait se découvrir, à telle enseigne que l'on se croirait assister à un galop d'entraînement où chaque ensemble expédiait ses mouvements dans sa moitié de terrain. Pour mieux comprendre ce verrouillage, pas mieux que compter le nombre d'occasions produites durant les quarante-cinq premières minutes. Deux en tout, et sans qu'aucun des deux gardiens sente le danger. Une première lorsque le centre-avant qatari Ali Almoez tente une frappe acrobatique qui passera au-dessus du cadre (12'). Puis, plus de vingt minutes plus tard, une réplique de Brahimi, mis sur orbite par Bounedjah, qui tire dans les gants du gardien qatari (34'). Crispation, Benlamri, Marciniak puis Belaïli... Un Brahimi qui a eu du mal à enchaîner, à enclencher les velléités. Et ce n'est certainement pas en raison de consignes du coach, le sociétaire d'Al-Rayane reprenait ses péchés mignons de faire le dribble de trop, alors qu'une passe en profondeur, une frappe ou une incursion vers l'avant s'imposait. En somme, des déchets qui s'ajoutaient à la morosité ambiante dans les tribunes qui ne pouvaient être plus animées, tellement les 22 acteurs usaient d'un jeu trop latéral qui n'aura aucune incidence sur le résultat. Même pas un ascendant qu pourrait éventuellement impacter la suite des évènements. La seconde période sera entamée tambour battant par les Verts, qui vont se procurer des opportunités dont deux frappes de Brahimi et Bounedjah devant lesquelles le gardien Alsheeb n'y a vu que du feu. Et du feu, le gardien de la sélection du pays hôte en verra constamment durant le premier quart d'heure de la seconde mi-temps, notamment sur ce corner de Brahimi repoussé par la défense dans les pieds de Benayada, dont le bolide percute le crâne de Benlamri et secoue les filets adverses. A qui accorder le but algérien, Benayada ou Benlamri ? La Fifa n'aura aucun doute, c'est bien le libéro du Qatar SC qui signait son second but du tournoi. Une réalisation qui sera suivie par une légère accalmie, mais surtout la sortie sur blessure de Bounedjah. Un «forfait» que les Qataris mettront à profit pour presser le camp algérien et son gardien M'Bolhi, qui sauvera une balle fuyante vers l'équerre d'une main ferme (73'). Cette chaude alerte passée, les Verts se décident alors à chercher le ballon dans la zone adverse, en pressant haut un ensemble qatari qui semblait avoir perdu beaucoup d'énergie et du jeu. Une grosse fatigue qui a également frappé les joueurs de Madjid Bougherra mais pas l'arbitre Marciniak qui décomptera 9 minutes de temps additionnel. Une «prolongation» qui avait tout d'un cadeau de l'arbitre polonais qui offrira l'égalisation aux Qataris en fermant les yeux sur la faute commise sur Benlamri dans sa zone et qui permettra à Muntari d'ajuster d'une tête rageuse le gardien M'Bolhi (90'+6'). Mais, comme la justice divine est entière, les Verts obtiendront un penalty au bout de la nuit, suite au fauchage de Brahimi dans la zone de vérité. En deux temps, Belaïli double la mise et offre le billet de la finale à son équipe. M. B. Fiche technique Doha, Al-Thumama Stadium, temps chaud (22°), nuageux et humide (73%), pelouse en bon état, affluence nombreuse, arbitrage de M. Szymon Marciniak (Pologne) assisté de MM. Pawel Sokolnicki et Tomasz Liestkiewicz (Pologne). 4e arbitre : Said Martinez (Honduras). Arbitre de la VAR : M. Tomasz Kwiatkowski, assisté de M. Kévin Blom (Pays-Bas). Buts : Benlamri (59') et Belaïli (90'+16') Algérie. Muntari (90'+6') Qatar Avts. : Brahimi (8'), Benlamri (90'+8') et Belaïli (90'+8') Algérie, Almoez Ali (23') Qatar. Qatar : Saâd Alsheeb, Abdelkarim Hassan, Homam Ahmed, Bassam Hisham (Tarek Salman, 89'), Boualem Khoukhi, Ismail Mohamad, Abdulaziz Hatem, Hassan Alhaydos, Karim Boudiaf (Mohammed Muntari, 64'), Akram Afif, Moez Ali. Entr. : Francesc Sanchez Bas. Algérie : M'Bolhi, Benayada, Chetti, Bedrane, Benlamri, Draoui, Bendebka, Meziani (Soudani, 76'), Brahimi, Bounedjah (Tahrat,68'), Belaïli. Entr. : Bougherra.