Décidément, le football national ne cesse d'enterrer ceux qui ont écrit de belles pages de son histoire. Cette fois-ci, c'est Kamel Lemoui qui vient de tirer sa révérence à l'âge de 83 ans. Joueur, on le surnommait «Tête d'or», car bien qu'il évoluait comme milieu offensif, il avait un jeu de tête remarquable. D'ailleurs, lorsqu'il portait le maillot du MCA, il avait inscrit un magnifique but face au CRB dans l'enceinte du stade du 20-Août. Sur un centre du gaucher Aouedj Zoubir, Lemoui avait jailli au point de penalty pour placer une tête plongeante victorieuse. Après avoir raccroché les crampons, il s'était reconverti à la fonction d'entraîneur, pour devenir un personnage estimé et respecté. Son passage comme sélectionneur en 1988 lui avait valu des critiques, parce qu'il n'avait pas réussi à qualifier l'EN au Mondial italien de 1990, mais il conclura sa carrière de technicien par une virée dans un club émirati où il décrocha le titre de meilleur entraîneur du pays. H. B. Ali Bencheikh, ex-milieu international du MCA : «Lemoui ne badinait pas avec la discipline» Ali Bencheikh, l'ex-star du MCA, a eu comme entraîneur Kamel Lemoui au cours de la saison 1985-1986. Il en garde un certain souvenir et témoigne. Quel genre d'entraîneur était Lemoui ? C'était un entraîneur qui ne badinait pas avec la discipline. Il avait une allure d'apparence sévère et froide, mais il était très élégant. Au début, je me suis souvent accroché avec lui, mais par la suite, j'ai appris à connaître quelqu'un de bien. Pourquoi vous êtes-vous accroché avec lui ? Par exemple, un jour, il nous a emmenés à une soixantaine de km d'Alger dans un village pour disputer un match amical face à l'équipe locale. Quelques jours après, rebelote, il voulait qu'on aille dans le même coin pour une autre confrontation amicale. À ce moment-là, je me suis emporté et je lui avais dit qu'il fallait qu'on joue à Alger et non pas ailleurs, d'autant plus qu'il s'agissait de matchs amicaux. Ensuite, on s'est réconciliés et on est devenus de bons amis. D'ailleurs, même quand on s'est retirés des terrains, on est restés en bons termes. Et quel souvenir gardez-vous de l'homme lui-même ? C'était un homme courtois et très correct. Vous avez connu beaucoup d'entraîneurs au cours de votre parcours de joueur. A-t-il été l'un des meilleurs ? Non, il ne figure pas parmi les meilleurs que j'ai connus. Il y a Hamid Zouba auquel je souhaite un prompt rétablissement, ainsi que Smaïl Khabatou qui sont loin devant. Mais parmi les autres techniciens qui m'ont dirigé, il a sa place et il a fait du bon travail. Propos recueillis par Hassan Boukacem