À quelques heures du premier match de l'Algérie, champion d'Afrique sortant et 29e au classement Fifa, contre la Sierra Leone, trois participations à la CAN et 107e rang Fifa, les Verts de Belmadi semblent assez mûrs pour conserver leur titre face à des favoris en puissance comme le Cameroun, le Sénégal, l'Egypte, le Maroc et la Côte-d'Ivoire. Analyse donc des forces en présence, à savoir les favoris, les outsiders et les équipes à surveiller pour cette 33e édition de la Coupe d'Afrique qui s'annonce passionnante, du moins sur le papier. En pole position dans le groupe E où elle affrontera aussi la Côte-d'Ivoire et la Guinée Equatoriale, l'Algérie est logiquement le principal favori à sa succession. Les Fennecs ont, en effet, survolé les éliminatoires de la CAN et ceux du Mondial-2022 (4 victoires et 2 nuls dans les deux cas). Surtout, le tenant du titre continental reste sur une impressionnante série d'invincibilité de 33 matchs sans défaite, toutes compétitions confondues, record africain en cours et des chances réelles de battre le record mondial d'invincibilité détenu par l'Italie. Et, cerise sur le ballon africain, son équipe A' (sans les joueurs « européens ») a remporté brillamment la Coupe arabe de la Fifa au Qatar, après des chocs titanesques ! Attention, cependant, le statut d'ultra-favori peut être lourd à assumer, car l'Algérie, forte de ses titulaires et si riche de sa profondeur de banc, est l'équipe à battre par définition. La chasse à courre, à cor et à cri, est donc ouverte ! Faire gaffe d'abord au Sénégal ! Et si cette édition 2021 jouée au Cameroun en 2022, Covid oblige, était finalement la bonne pour les Lions de la Teranga ? La question est récurrente après chaque CAN, alors que le Sénégal est toujours en quête du premier titre de son histoire. Finaliste en Egypte où elle s'était justement inclinée face à l'Algérie, la formidable cavalerie d'Aliou Cissé est de nouveau un des plus sérieux prétendants à la couronne africaine. L'effectif est de première qualité, entre le meilleur gardien africain en activité, Edouard Mendy, la superstar Sadio Mané ou encore les fortiches Kalidou Koulibaly, Idrissa Gueye, Abdou Diallo et le jeune missile Bamba Dieng. Prendre aussi en haute considération le Cameroun, pays d'accueil et surtout un habitué des voies royales du triomphe final. Et il faut toujours se méfier du lion qui dort ou qui est blessé. Sur le papier, les Lions Indomptables ne disposent peut-être pas du meilleur effectif de son histoire, mais il bénéficiera quand même de l'avantage d'évoluer à domicile. D'ailleurs, lors de son dernier sacre en date au Gabon, personne ne le voyait champion. L'Histoire, qui parfois bégaie, pourrait se répéter encore. En tout cas, le sélectionneur portugais des Camerounais, Antonio Conceiçao, lui, y croit dur comme fer. Il a fixé comme but à ses lutteurs, qui ont déjà montré de solides arguments dimanche contre des Burkinabés costauds, d'« arriver au moins en finale ». Mais la chasse au lion sera également engagée contre les Camerounais qui ne peuvent pas cacher leurs ambitions à domicile. Il y a aussi l'éternelle Egypte. Impressionnants ou pas, les Pharaons sont les rituels favoris de la CAN. Pays le plus titré d'Afrique (7 fois championne, dont trois fois d'affilée en 2006, 2008 et 2010), l'équipe du Portugais Carlos Queiroz s'est rassurée lors des éliminatoires après une CAN à domicile totalement ratée. Brillant sur les terrains anglais et européens avec Liverpool, le Sphinx Mohamed Salah aura la lourde responsabilité de porter son pays au firmament. Régalades footballistiques en perspective ! Il y a également les sérieux outsiders. À commencer par le Maroc version Halilhodzic. Une défense presque infranchissable en éliminatoires de la CAN (un but encaissé), une attaque tout feu tout flamme lors des qualifications au Mondial-2022 (20 buts inscrits, soit le deuxième meilleur total derrière l'Algérie) et du CHAN-2020... Les Lions de l'Atlas ont une faim de loup, devenus qu'ils sont une armée se serial killers. Leur collectif est si bien rodé que le sélectionneur bosniaque peut se payer le luxe d'écarter des joueurs emblématiques comme Hakim Ziyech (Chelsea), Noussair Mazraoui (Ajax Amsterdam) ou encore Amine Harit (OM) sans que cela affecte en quoi que ce soit ses performances. Indomptables les Lions de l'Atlas ? On le saura bientôt. Du reste, la qualité du foot maghrébin n'est plus à prouver. Il est donc loin d'être surprenant de trouver la Tunisie dans cette liste aux côtés de grands voisins régionaux éblouissants. Les Aigles de Carthage ont réalisé le meilleur résultat comptable des phases de groupes avec 16 points (5 victoires et un nul) et peuvent croire désormais en leur bonne étoile. Le sélectionneur tunisien Mondher Kebaier fait du bon boulot avec un bloc-équipe qu'il a conduit en finale de la Coupe arabe de la Fifa, mais qui semble moins rassurant face aux grosses formations. S'il veut emmener ses coriaces soldats vers un deuxième sacre après celui de 2004, il devra trouver la solution face aux grands favoris. Ne pas négliger, par ailleurs, le Mali. Un effectif jeune et enthousiaste, un sélectionneur malien sage et respecté en la personne de Mohamed Magassouba. Sans compter des résultats prometteurs après un sans-faute lors des éliminatoires du Mondial-2022 et surtout une muraille défensive difficile à franchir. Les Aigles du Sahel ont donc des arguments en débarquant au Cameroun. Les Maliens pourraient bien constituer la surprise de cette compétition. Qui dit la CAN dit aussi la Côte-d'Ivoire. Depuis son dernier succès dans la compétition en 2015, sa sélection a radicalement changé d'aspect. Exit les exceptionnels Yaya Touré, Kolo Touré et autres Copa Barry. Place donc à un effectif rajeuni mais qui ne manque absolument pas de talent, entre Serge Aurier, Max-Alain Gradel, Franck Kessié, Wilfried Zaha, Nicolas Pépé ou encore Sébastien Haller, actuel meilleur buteur de la Ligue des champions. Une nouvelle génération d'Eléphants bien trempés et qui a bien l'intention de tout écraser sur son passage sans attendre la prochaine CAN à domicile, en 2023. Enfin, au chapitre à surveiller, il faudra éviter de négliger les Super Eagles (Nigeria), troisièmes en 2019, et les Black Stars (Ghana), régulièrement dans le dernier carré lors de la dernière décennie. Habituées du trophée final, ces deux puissances du football africain entendent s'imposer, elles aussi, avec des arguments percutants dans tous les compartiments. Au grand bonheur des footeux qui s'attendent à ce que le millésime camerounais soit à la fois gouleyant, fruité et riche en arômes dont l'Afrique du foot détient le secret alchimique. N. K.