Le taux négligeable de l'adhésion des professionnels de la santé à la vaccination contre le Covid-19 témoigne de leur réticence. Souvent pris en exemple, ils se montrent méfiants quant à ce vaccin et campent sur leur conviction au moment où le variant Omicron, très contagieux, progresse rapidement. Faut-il les contraindre à cet acte vaccinal ? Que recommandent les syndicats du secteur de la santé pour relancer l'opération de vaccination au sein de cette corporation ? Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La campagne de vaccination contre la Covid-19 en Algérie patine depuis plusieurs mois. Une grande partie de la population affiche sa réticence vis-à-vis de ce vaccin. Même les professionnels de la santé refusent de passer par la case piqûre. Selon les chiffres avancés, seuls 20% d'entre eux sont aujourd'hui vaccinés. Mobilisés sur le front de la lutte contre cette pandémie, ils sont pourtant les premiers exposés à des risques de contamination à ce virus. Certains des professionnels de santé affichent clairement leur réticence. Sur les réseaux sociaux, ils n'hésitent pas à faire part de leur opposition au vaccin anti-Covid-19. Le vaccino-scepticisme de ces professionnels de santé, eux qui sont souvent pris en exemple, freine justement la campagne de vaccination contre ce virus, au moment où son variant Omicron, très contagieux, progresse rapidement. Faut-il rendre obligatoire la vaccination anti-Covid-19 pour le personnel médical ? Le président du Conseil national de l'ordre des médecins est catégorique. «Il est inacceptable, sauf contre-indication individuelle, que le professionnel de la santé ne se fasse pas vacciner», dira le Dr Mohamed Bekkat Berkani. Il précise que les soignants sont soumis à deux obligations : la première est déontologique et morale et la seconde est purement professionnelle. «Ils ont force d'exemple. Ils sont très respectés à travers tous les pays du monde, particulièrement en Algérie. Un médecin qui refuse de recevoir ses doses de vaccin contre le Covid-19 entraînera une partie de la population à ne pas se faire vacciner. Ces professionnels ont également un devoir de constance. Si les médecins et les infirmiers tombent malades, qui va soigner les patients ?», explique-t-il. Le président du Conseil national de l'ordre des médecins évoque l'exemple de médecins qui propagent des fake news à propos du vaccin et de ses effets secondaires sur les réseaux sociaux qui, selon lui, détruisent la politique vaccinale. Il estime que les professionnels de la santé devraient être obligés de se faire vacciner. «La santé ne se discute pas. Il faut les obliger, eux qui sont aux premiers rangs, ainsi que tous les fonctionnaires du secteur public», plaide-t-il. Pour ce faire, il suggère de recourir à des dispositions administratives telles que la mise en disponibilité des soignants qui refusent de se faire vacciner. Le Dr Bekkat assure, par ailleurs, que les praticiens du secteur libéral, eux par contre, se font vacciner. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, qui pointe du doigt, à son tour, la réticence de la population vis-à-vis de la vaccination anti-Covid-19, affirme que les objectifs du programme vaccinal sont loin d'être atteints. Selon lui, les Algériens boudent l'acte vaccinal dans tous les secteurs d'activité, notamment dans celui de la santé. Une situation qu'il impute à la démarche adoptée par les pouvoirs publics. «Le pass vaccinal a été annoncé mais jusqu'à présent, rien n'a été fait sur le terrain», dit-il. Le Dr Merabet soutient le recours aux restrictions. «Elles doivent être imposées, notamment à travers le pass vaccinal pour pouvoir accéder à tous les espaces publics, y compris les entreprises et les administrations», dit-il. Ry. N.