Les spécialistes, qui alertent déjà sur le danger d'ignorer le variant Delta en circulation dans le pays et dont les chiffres continuent de monter, placent le curseur sur Omicron dont un premier cas a été enregistré en Algérie. La détection d'un premier cas du variant Omicron de la pandémie de coronavirus en Algérie par l'Institut Pasteur d'Alger (IPA) inquiète davantage les professionnels de la santé que les citoyens, et ce, en dépit des assurances de l'IPA qui a indiqué que la plupart des cas signalés, jusqu'à l'heure actuelle à travers plusieurs pays, sont bénins. Et les spécialistes qui alertent déjà sur le danger d'ignorer le variant Delta en circulation dans le pays, dont les chiffres continuent de monter, pointent le curseur sur Omicron. Le président de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, le Pr Kamel Sanhadji, ne manque d'ailleurs pas d'avertir. "À terme, ce sera une crise dans la crise, certes, car au moment où nous attendions la quatrième vague du variant Delta, nous avons le variant Omicron qui pointe son nez. Cependant, je peux dire que la propagation de ce dernier sera décalée dans le temps. Ce qui est inquiétant maintenant, c'est le Delta car les chiffres montent et nous connaissons tous ses caractéristiques. C'est un virus qui a montré sa virulence et ses effets sur le malade, en particulier sa consommation accrue d'oxygène. Si nous ne nous y préparons pas, nous risquerons de retomber dans les mêmes problématiques", dira, sans mâcher ses mots, le Pr Sanhadji qui met en garde contre le retard pris dans la campagne de vaccination. "Je tiens aussi à souligner que ce qui est inquiétant, c'est le faible taux de vaccination. Il faut noter que la vaccination a montré ses effets bénéfiques sur un point particulier très important, à savoir le nombre de décès qui baisse chez les personnes vaccinées. Mieux encore, lorsqu'on est vacciné, même après six mois, on ne fait pas de formes graves", explique le Pr Sanhadji, qui relève que dans les pays européens, "malgré la cinquième vague qui a atteint chez eux le pic, il n'y a pas de débordement de la prise en charge hospitalière, en particulier pour ce qui concerne les soins critiques (soins en réanimation, ndlr). Les hôpitaux ne sont pas submergés et les capacités hospitalières sont préservées grâce à la vaccination". En outre, concernant la collision entre les deux variants, le scientifique, qui s'exprime au nom de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, dira en substance que le variant Omicron pourrait arriver au cours de la vague Delta, peut-être au milieu ou bien après, cependant, dit-il, "les résultats préliminaires sont assez encourageants, car même s'il est très contagieux, les observations cliniques ont montré qu'il est sans gravité". Sur les 2 700 cas enregistrés dans le monde, l'on recense un seul décès en Angleterre qui serait dû à une comorbidité. "C'est un virus qui contaminera tout le monde et immunisera tout le monde. Nous serons ainsi naturellement tous vaccinés", explique encore notre interlocuteur. De son côté, le Dr Ali Damen, pneumo-phtisiologue à l'EPH d'Aflou dans la wilaya de Laghouat, a tenu à préciser qu'ils n'ont pas encore atteint la quatrième vague et que les chiffres ne sont pas alarmants car les grands hôpitaux ne sont pas submergés. Pour ce qui est de l'Omicron, le praticien indique que seule la vaccination pourrait nous prémunir du Delta, d'Omicron ou d'autres variants qui pourraient faire leur apparition. "Sous d'autres cieux, cette vague est baptisée 'vague des non-vaccinés', notamment les jeunes, et l'on parle de la nécessité de vacciner pas moins de 70% des personnes pour arriver à une immunité collective. Chez nous, nous n'avons pas encore atteint les 10%, c'est ce qui fait peur et non l'Omicron", nous dira le Dr Damen, qui souligne que la vaccination est un acte de citoyenneté. Pour ce qui est de l'attitude des citoyens vis-à-vis de la vaccination, il déplore, par ailleurs, le fait de suivre l'attitude du courant anti-vaccin sans pour autant s'appuyer sur des données scientifiques. "Nous avons à choisir entre l'ignorance et la science car la vaccination s'appuie sur cette dernière. Outre les études internationales, nous avons notre propre expérience qui confirme que les personnes décédées, lors de la vague précédente, n'étaient pas vaccinées. C'est une preuve irréfutable de l'efficacité du vaccin", conclut le spécialiste qui plaide pour une large vaccination pour retourner à une vie normale et éviter les scènes apocalyptiques vécues lors du dernier épisode de la pandémie.