Guechi Rabia est comédien, metteur en scène et auteur de pièces de théâtre. Il est âgé de 58 ans, la barbe soigneusement taillée, les cheveux courts et soyeux d'un blanc sans la moindre nuance de gris, et en touche finale, une moustache à la Errol Flynn. Il avait à peine 15 ans dans les années 1980, lorsqu'il prit la décision de se lancer dans le théâtre. A cette époque, c'était l'UNJA de Bordj-Bou-Arréridj, dirigée par M. Derradji Soualem. Il faut dire que ce dernier était un homme d'une grande culture. C'était le temps où le théâtre et la cinémathèque rythmaient les soirées des jeunes en quête d'évasion. Qu'en est-il aujourd'hui de l'activité théâtrale en Algérie et à Bordj-Bou-Arréridj en particulier ? Rabia Guechi, avec un sens du détail inné et de l'humour, nous livre ses impressions et ses convictions profondes sur la question. Le théâtre a des vertus pédagogiques, il est, que l'on veuille ou non, un objet d'histoire très couru. Dans le théâtre, les acteurs peuvent parler de la vie sociale en général : les forfaits, les crimes, désordres, vices, méchanceté, barbarie, oppression, sensualité, avidité, impunité, violences faites aux femmes, souffrance au travail, chômage, drogue, corruption, prétention, orgueil, etc. A juste raison, l'expression théâtrale va de la tragicomédie à la féerie. Aujourd'hui, nous constatons que toute dimension pédagogique, éducative du théâtre se trouve écartée, voire une sorte de censure qui ne dit pas son nom par les hommes de l'ombre qui ont le pouvoir de déprogrammer une pièce théâtrale avec des prétextes fallacieux, telles des salles de spectacles non fonctionnelles, occupées par un parti politique, par un club de foot, ou simplement une association de la protection des consommateurs ou autres. Tout ce bataclan pour empêcher les troupes théâtrales de se produire. L'histoire de la crise de la culture en Algérie ne peut être dissociée de la gestion chaotique des anciens ministres, en l'occurrence Khalida Toumi et Azzedine Mihoubi, qui a duré 17 ans. Au final, l'on se retrouve avec des salles de spectacles non fonctionnelles, d'autres inachevées, une activité culturelle au ralenti, et des milliards de dinars engloutis. Quant à la culture, elle se trouve toujours dans une impasse. Pour sortir de la crise, il appartient à l'état de donner de la cohérence à l'action culturelle pour ne pas basculer dans l'inconnu. Layachi salah eddine