Attention aux risques de l'automédication ! Le recours systématique sans avis médical à des médicaments pour traiter l'infection au variant Omicron du coronavirus est à proscrire. Les professionnels de la santé mettent en garde justement contre cette pratique dangereuse. Selon eux, l'utilisation abusive de ces produits pharmaceutiques et le non-respect des posologies peuvent être toxiques. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Depuis l'explosion des cas de contamination au variant Omicron du Sars-CoV-2, beaucoup de personnes testées positives à ce virus ou présentant des symptômes prennent des médicaments sans l'avis des médecins. La ruée sur les officines pour acquérir certains produits pharmaceutiques en témoigne. Pourtant, l'automédication est souvent inefficace mais, en plus, dangereuse. Alertant sur les dangers de cette pratique, le président de la Société algérienne d'immunologie, le professeur Kamel Djenouhat, avait affirmé qu'ailleurs dans le monde, aucun traitement n'est prescrit pour l'Omicron. «C'est une infection très bénigne. Les médicaments ne sont réservés qu'aux personnes vulnérables», précise-t-il. Pour lui, les prescriptions d'antibiotiques, de corticoïdes, de vitamine C, de vitamine D, voire même d'anticoagulants, n'ont aucun sens. D'autant, souligne-t-il, «90% des cas Omicron ne devraient pas être traités. Le meilleur traitement d'une infection virale est le repos». Membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus, le Dr Lyes Akhamouk souligne, à son tour, les dangers de l'automédication contre le coronavirus surtout, dit-il, «avec un protocole médicamenteux aussi fourni». Selon lui, rien que l'utilisation des vitamines peut être dangereuse chez certaines personnes. «Il faut être alerte avant de prendre des vitamines, notamment la vitamine D et la vitamine C. Elles peuvent être très dangereuses pour les reins si elles sont prises au-delà de la dose conseillée», met-il en garde. Le spécialiste en maladies infectieuses alerte également sur les dangers de l'utilisation systématique et abusive d'autres médicaments dans le cas d'une infection au variant Omicron. Il cite le paracétamol, un antipyrétique vendu en accès libre en pharmacie, dont le surdosage peut entraîner des lésions hépatiques, ainsi que les anti-inflammatoires qui peuvent être dangereux pour les reins. «Imaginez l'impact d'un anticoagulant ou d'un antibiotique pris de manière aléatoire ou exagérée par les malades ! Une prescription abusive des antibiotiques va engendrer des résistances à ce produit que nous allons payer pendant des années. Quant aux anticoagulants, ils peuvent donner des hémorragies graves», détaille-t-il. D'ailleurs, poursuit-il, «les formes légères d'Omicron ne nécessitent ni antibiotiques ni anticoagulants». Il évoque aussi le risque de décès notamment dans les cas des interactions médicamenteuses. «Parfois, certains médicaments ne peuvent être pris avec d'autres mais les malades ne peuvent pas le savoir», explique-t-il. Le Dr Akhamouk fait savoir, à cet effet, que nombre de personnes se sont retrouvées avec des poumons endommagés suite à l'utilisation anarchique de l'oxygène médical lors de la troisième vague de Covid-19. De son côté, le président du Conseil national de l'ordre des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, déplore que des pharmaciens délivrent facilement des médicaments, souvent inutiles pour le traitement du variant Omicron du Sars-CoV-2, sans prescription médicale. «Les malades sont inquiets et ont l'impression qu'ils ne peuvent pas rester sans traitement lourd avec des antibiotiques, des anticoagulants et des corticoïdes. Or, une infection virale ne se traite en général que lorsqu'il y a complication mais l'automédication est facilitée gravement par les officines qui délivrent ces médicaments sans ordonnance», regrette-t-il. Affirmant que cette pratique ne peut que nuire à la santé, il cite l'exemple des antibiotiques dont la consommation abusive peut induire plus tard, de façon individuelle et collective, une résistance à ces médicaments. Pour le Dr Bekkat, les responsabilités sont multiples et partagées. Il estime que le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus a un rôle à jouer pour mieux gérer cette situation. «Il aurait pu au moins dicter au corps médical la conduite à tenir et mettre à leur disposition des ordonnances référentielles», dit-il. Ry. N.