SUPPLIQUE 1 : J'ai envie de répéter et de ne dire que cela : s'il vous plaît, vaccinez-vous ! On me rétorquera qu'il y a plein de vaccinés qui ont néanmoins chopé le virus, et que certains en ont même été victimes. Ce n'est pas faux. Mais tout est question de taux. Les vaccinés sont majoritairement moins touchés. On le sait maintenant que l'on dispose de quelques chiffres. C'est valable chez nous comme à l'étranger. Partout, le vaccin ne protège pas entièrement mais il protège utilement et dans de larges proportions. Et partout, les non-vaccinés sont les plus exposés. Ils remplissent très majoritairement les services de réanimation et représentent le plus grand nombre de décès. Nous n'avons pas ici les moyens de tenir un propos scientifique sur le sujet mais quand on observe bien ce qui se passe, on ne peut que tenter de convaincre les réticents. Quand on s'aperçoit de l'erreur, c'est malheureusement en général trop tard. Ajoutons que nous sommes, en Algérie, dans un pays où il est possible de se faire vacciner. Songeons aux citoyens de tous ces pays dépourvus de vaccins, qui souhaitent se faire vacciner mais qui ne le peuvent pas. Il ne faut pas attendre que le deuil vous apporte la preuve de votre erreur. Pensez aux autres ! Je sais que cette supplique est un coup pour rien, mais enfin, nous avons trop mal pour ne pas la lancer. BONNE CHOSE : Comment un sourire, une once de compréhension, l'empathie d'une seule personne peut raviver les couleurs d'une image délavée, défraîchie ! Avec tout ce qui se dit sur Air Algérie, et souvent hélas ! à bon escient, cette compagnie martyre de la déglingue algérienne, on a eu la chance de rencontrer une femme membre de son personnel au sol qui, par son attitude bienveillante, a redressé à nos yeux l'image calamiteuse de la compagnie. C'était l'autre jour, dans un aéroport d'une ville française. Nous arrivons vers 15 heures au guichet d'Air Algérie. Celui-ci était censé être fermé depuis 13h. Mais une employée tentait, en dehors de ses heures de travail, d'aider des Algériens frappés par le deuil à trouver des places pour les jours à venir. Son service étant terminé, elle n'était pas tenue de nous recevoir. Elle s'informa cependant de notre attente. On lui expliqua que, pour des raisons d'urgence médicale familiale, nous espérions trouver une place. Quand ceux qui nous précédaient partirent, elle prit le temps de nous écouter, puis de nous chercher une réservation, faisant montre d'une patience et d'un humanisme que l'on croyait disparus de notre patrimoine de valeurs communes. Au bout d'une demi-heure de recherche, elle finit par nous délivrer un billet sans réservation mais nous avons pu néanmoins embarquer, grâce à l'aide d'autres personnes conciliantes d'Air Algérie. Je tenais absolument à relater cette expérience. On parle aussi de ce qui est bien, de ce qui marche. Une telle personne, ainsi que ceux qui nous ont aidés à embarquer par humanisme et avec professionnalisme, sont le sel de la compagnie. A eux seuls, ils parviennent à réparer l'impression chaotique que dégage notre compagnie aérienne et dont souffre en particulier notre diaspora, tenue en otage. Merci à cette femme. Merci au personnel du vol et à ses pilotes. Et merci à Mounir, qui se reconnaîtra. Merci à Tarek qui se reconnaîtra aussi, je l'espère ! HELAS. Pour autant, je ne suis arrivé qu'après le décès de ma sœur. Pardonnez-moi de vous infliger ici un récit personnel mais il permet d'illustrer un propos plus général, celui de la solidarité en période de turbulences et d'impuissance telles que celle que nous traversons avec la conjonction de la crise sociale et politique, la pandémie et l'autoritarisme qui rend toute discussion périlleuse, sinon aléatoire. En dépit du chamboulement de toutes les valeurs, il reste un fond inaliénable de solidarité chez les Algériens dès qu'il s'agit de maladie ou de mort. BAYA. On est là, impuissants, orphelins, déboussolés, se demandant avec incrédulité encore, en dépit de tous les coups de la vie, comment il est possible que tant de vitalité et d'intelligence peuvent échouer sous un tas de terre retournée. Baya faisait partie de ces personnages qui ne laissent pas indifférents. Pétillante, tempétueuse, impétueuse, elle avait toujours mille projets sur le grill, mille discussions à poursuivre avec autant d'interlocuteurs, s'exprimant sur des sujets divers, la mémoire à vif des événements de sa vie et de sa famille, de son pays, peaufinant son «roman», un livre qu'elle retouchait sans cesse des années durant jusqu'à atteindre une forme de perfection. Baya était toujours en ébullition, préparant soit un voyage, soit un texte, une visite, une lecture, un débat. Baya ne tenait pas en place. Elle adorait bouger, échanger, offrir des livres. Baya était généreuse. Baya est partie. SUPPLIQUE 2. C'est un drame personnel dans une époque où ils sont malheureusement multiples. Il y a la fatalité, mais il n'y a pas que la fatalité. Il y a aussi une façon de se comporter devant un phénomène épidémique et tout ce que l'on sait de ce satané virus. Mettre son masque, observer les distances sociales, se vacciner, c'est amoindrir les risques pour soi et pour les autres, le risque d'envoyer les malades en réanimation ou, plus irrémédiablement encore, dans la mort. Vaccinez-vous, s'il vous plaît ! A. M.