Eliminés de la CAN à des étapes différentes de la compétition, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie font face aux mêmes défis à la veille des matchs barrages décisifs pour la qualification au Mondial du Qatar. Les Verts furent les premiers à sortir par la petite porte, ne récoltant qu'un maigre point et se classant derniers de leur groupe, derrière la Côte d'Ivoire, la Guinée Equatoriale et la Sierra Leone. Responsables du football et observateurs avaient évoqué trop facilement «l'accident» alors que ces résultats médiocres montrent clairement qu'il s'agit bel et bien d'un naufrage dont l'origine remonte à plusieurs mois. Une réalité occultée par le fameux classement des séries de matchs non perdus qui a totalement éclipsé les problèmes techniques et tactiques qui commençaient à affecter les Verts. En outre, les scores fleuves enregistrés contre de modestes formations africaines ont alimenté la fausse certitude que tout baignait. En réalité, et depuis ses matchs amicaux contre le Mexique et la Colombie où il a montré un visage rassurant, le onze national n'a pas eu l'occasion de se mesurer à des formations aguerries. Les deux seules rencontres qui pouvaient permettre de juger les Verts sur leur véritable valeur les opposèrent au Burkina Faso. A Marrakech ou à Blida, l'Algérie se contentera d'un nul, échappant de peu à deux défaites qui auraient pu peser lourd. Cette double confrontation a clignoté comme un feu orange. Attention ! Nous gagnons trop facilement face à la Tanzanie, Niger, Botswana, mais, demain, devant les ténors africains, ce sera autre chose ! C'est à ce moment-là qu'on aurait dû entamer la restructuration de l'équipe et introduire des changements à tous les niveaux pour améliorer son jeu et son rendement. On aurait dû jouer davantage de matchs amicaux contre des formations plus crédibles. Mais on a préféré faire confiance à cette baraka non démentie durant 34 rencontres. L'équipe d'Algérie n'a pas trébuché accidentellement. Elle a joué sur sa vraie valeur du moment. M'bolhi est bon sur les balles aériennes et les tirs de loin, c'est-à-dire au moment où il dispose de tous ses moyens pour arrêter les balles dangereuses. Mais, dans la confusion, quand la défense flotte et que les adversaires pénètrent facilement dans les 18 mètres, il s'avoue vaincu. Cette défense reste d'ailleurs un gros chantier. Elle se fait déborder facilement et les incursions des attaquants adverses ne rencontrent qu'une rare résistance. Des réglages sont nécessaires. Le milieu, justement, arrivait à suppléer cette défense quand il tournait bien, c'est-à-dire quand ses éléments faisaient un travail de récupération ou quand ils renforçaient carrément la défense par une présence efficace. Quant à l'attaque, il semble bien que sa lourdeur inhabituelle, sa précipitation, son imprécision, son manque de cohésion et ses dribbles excessifs soient à l'origine de son manque de réussite. Cette incapacité de scorer joue sur le moral des joueurs et pas seulement les attaquants. Ce que l'équipe a également perdu est cette âme combative et conquérante qui lui permettait de tenir face à l'adversité. On a vu comment le navire a sombré rapidement face à la Côte d'Ivoire, après une première défaite contre la Guinée Equatoriale qui aurait dû servir de leçon. Il ne faut pas avoir peur des mots. Le bilan des Verts à cette CAN est catastrophique. Ce n'est pas une simple élimination, c'est une déroute pour le champion d'Afrique. Dès lors, comment sortir de cette situation alors que le temps manque ? Il est carrément impossible de changer le onze national profondément. Ce sera un autre chantier pour d'autres temps mais là, dans l'urgence, il faut d'abord remotiver les troupes. Ensuite, faire confiance à certains joueurs de l'équipe A' qui ont côtoyé une partie des éléments de Belmadi lors de la Coupe arabe. C'est la seule possibilité qui reste pour remodeler cette formation dans la cohérence, afin de lui donner les moyens de se réveiller et de retrouver son punch. On a vu le travail d'un Bendebka. Sayoud, Amoura, Zorgane, Benayada, Chetti, etc. attendent leur tour. Ils viennent de disputer sept matchs en compagnie de certains joueurs de l'équipe A et ça a bien marché pour tout le monde. Voilà les matchs tests qui manquaient ! Belmadi n'a pas besoin de chercher ailleurs car l'introduction de nouveaux capés risque de poser des problèmes d'adaptation et de cohésion. Avec tous les joueurs dont il dispose, il peut sortir un onze performant. M. F.