Plusieurs dizaines d'agriculteurs de la wilaya de Bouira, ayant des terres ancestrales ou acquises dans le cadre des EAC ou exploitations agricoles collectives, et situées aux bords de l'oued Eddous au sud-est de la ville de Bouira, sont confrontés depuis plusieurs années à une situation des plus rocambolesques. En effet, ces agriculteurs qui utilisaient les eaux de l'oued Eddous étaient, avant la réalisation de la station d'épuration de Bouira, confrontés souvent à des interdictions d'utilisation de ces eaux de l'oued qui sont mélangées aux eaux usées déversées depuis la ville de Bouira principalement mais également des autres communes situées en amont de la commune de Bouira depuis Aïn Bessem en passant par Aïn Hadjar et Aïn Laloui. Après la réalisation de la station d'épuration de la ville de Bouira d'une capacité de 130 000 équivalent/habitant, en 2012, les eaux déversées par cette station sont considérées comme étant propres à l'irrigation et tous les ministres des Ressources en eau qui s'étaient succédé sur ce secteur le rappelaient à chacune de leurs visites dans la wilaya de Bouira. Des appels sont même lancés aux agriculteurs riverains et même ceux situés sur les hauteurs de se rapprocher des services concernés pour bénéficier de ces eaux épurées pour l'irrigation de leurs terres agricoles. Aussi, et selon ces agriculteurs que nous avons rencontrés hier sur les lieux, pendant les premières années d'exploitation de cette station d'épuration, ils avaient irrigué leurs terres depuis l'oued Eddous sans aucune contrainte. Mais, quelques années plus tard, les responsables des ressources en eau se sont ravisés et ont exigé aux agriculteurs à ce que les eaux épurées soient pompées depuis la bouche de la station, avant qu'elles n'atteignent l'oued Eddous qui contient d'autres eaux usées venues des communes situées en amont. Or, d'après justement ces agriculteurs qui possèdent selon leur estimation plus de 400 hectares sur les deux rives, des analyses effectuées en novembre dernier sur ces eaux déversées sur l'oued Eddous depuis la station d'épuration et qui seraient mélangées avec d'autres eaux usées, n'ont montré aucune bactérie ou autres produits toxiques ou nocifs à la santé de la faune et de la flore. Selon eux, les eaux usées des autres communes n'arrivent jamais jusqu'à Bouira ; les sécheresses successives et persistantes font que ces eaux usées sont souvent taries à quelques centaines de mètres et bien loin de la commune de Bouira et de la vallée de l'oued Eddous dont il est question ici. Pour preuve et toujours selon ces agriculteurs, même les animaux domestiques comme les vaches et autres moutons et brebis se désaltèrent au quotidien de ces eaux sans qu'ils n'aient aucun problème. Même les poissons qui vivent dans ce milieu aquatique sont là et prouvent que les eaux de cet oued sont saines. Aussi, et tout en rappelant la rareté des pluies actuellement et la nécessité d'utilisation des eaux pour les cultures maraîchères qu'ils ont l'habitude de cultiver comme les fenouils, les choux-fleurs, les choux, les courgettes, les laitues ainsi que la pomme de terre de consommation ; ces agriculteurs interpellent les ministres de l'Agriculture et son homologue des Ressources en eau afin qu'ils conjuguent leurs efforts et leur viennent en aide en instruisant les responsables à l'échelle locale pour leur délivrer des autorisations d'exploitation de ces eaux épurées et déversées en grandes quantités dans l'oued Eddous. Beaucoup d'agriculteurs qui possèdent des douzaines d'hectares, rappellent qu'il leur est impossible de raccorder leurs périmètres directement depuis la bouche de la station d'épuration sur parfois trois kilomètres ou plus tant le coût des canalisations est exorbitant. Selon eux, la meilleure solution est de leur donner des autorisations d'exploitation des eaux de l'oued Eddous, tout en leur exigeant des prélèvements réguliers de ces eaux ou le cas échéant, leur donner des autorisations pour la réalisation des puits à quelques mètres des berges de l'oued dont les eaux qui sont déjà épurées seront également filtrées d'une manière naturelle durant leur ruissellement à travers les sables vers le puits réalisés souvent sous forme d'excavation en pleine nature avant de placer des pompes pour l'irrigation de leurs cultures maraîchères et même fruitières pour certains d'entre eux. Y. Y.