La CAN-2021 se termine donc avec le sacre du Sénégal au Cameroun face à l'Egypte à l'issue d'une finale pas envoûtante mais qui a permis aux Lions de la Teranga de mettre fin à une malédiction qui date de 60 ans ! Merci et adieu Cameroun, bonjour Côte d'Ivoire. La 33è édition de la Coupe d'Afrique des Nations ne laissera pas de traces indélébiles aux amateurs du football champagne. Tellement le spectacle était ailleurs que sur les terrains bosselés du pays des Lions Indomptables. Un ciel qui a fini par sourire aux Lions, ceux de la Teranga cette fois, maîtres d'une compétition que Mané et Cie n'ont commencé à dominer qu'à partir des quarts de finale. En face, l'Egypte et ses 8 étoiles a déjoué et espérait, faute d'un projet de jeu plus ambitieux et de moyens physiques plus conséquents, atteindre la série des tirs au but pour dompter Edouard Mendy et ses frères. La finale de ce dimanche 6 février au stade d'Olembé, un véritable champ de patates, n'était pas de niveau en dépit de la présence de nombreuses vedettes internationales, Salah et Mané en premier. Pouvait-il en être autrement quand on s'aperçoit que les deux finalistes ont survécu à une campagne africaine des plus pénibles. Le Sénégal et l'Egypte ont terminé sur les rotules car ils ont évolué dans des conditions extrêmes. Les Sénégalais ont même disputé deux rencontres du premier tour à 14h sous 41 degrés avec plus de 90% d'humidité et une pelouse sèche et non arrosée. Quant aux Pharaons, les blessures mises à part, ils ont enchaîné quatre «finales» de 120 minutes chacune depuis qu'ils ont franchi le premier tour sur le fil. Pourquoi espérer un must pour une finale où l'objectif est de gagner, pas de bien jouer ? C'est vrai, le Sénégal a mieux joué mais son football qui allie puissance et finesse n'a pu transpercer un mur dressé devant la montagne Abou Gabal. Un gardien égyptien qui a tué toutes les velléités, le penalty de la star des Reds en premier. Jusqu'à se faire exécuter par ce même Mané lors d'une nouvelle série fatidique de tirs au but qui a souri à la sélection du Sénégal. Un ensemble qui ne semble pas usurper son leadership africain tant l'équipe est présente dans les grands rendez-vous depuis pas mal d'années. Quart de finaliste en 2017 où elle tombe devant le futur champion de la CAN du Gabon (Cameroun) suite à une série de tirs au but, cette équipe est finaliste deux ans plus tard en Egypte où elle perd devant l'Algérie. Entre les deux CAN, le Sénégal était en Russie pour fêter sa deuxième participation à une Coupe du monde. C'est la consécration d'un projet soigneusement concocté par la FSF et le sélectionneur Aliou Cissé qui, 20 ans plus tôt à Bamako, a pleuré quand il s'est vu ravir le sacre par le Cameroun suite à une série de tirs au but. Une épreuve, les tirs au but en l'occurrence, qui a failli être à nouveau fatale aux Sénégalais, dimanche soir. L'Egypte semblait avoir repris la main suite au ratage de Bouna Sarr devant un Abou Gabal en état de grâce. Mais, en face, le portier sénégalais de Chelsea redonnait espoir aux siens en repoussant l'essai de Lasheen, le second penalty manqué par les égyptiens après celui de Mohamed Abdelmounaïm. Mané scellera ensuite le sort de cette 33è édition en transformant le 5è tir privant son camarade de Liverpool, Mohamed Salah, du privilège de botter son essai et offrant au Sénégal son premier titre majeur sur le plan continental. Rendez-vous en mars Si la consécration des Sénégalais ne souffre d'aucun doute, et a généré une liesse populaire extraordinaire à Dakar, les villes sénégalaises et là où les Gaïndés existent, les égyptiens étaient inconsolables au coup de sifflet final du Sud-Africain Miguel de Freitas Gomes. Tous juraient de prendre une revanche lors du prochain duel contre ce même Sénégal, en mars prochain, pour le compte du tour de barrages pour le Mondial du Qatar. Un objectif pour lequel le technicien portugais Carlos Queiroz a été recruté en remplacement du coach local, El-Badri, en septembre dernier. Queiroz qui continue de s'attirer les critiques des fans et des médias égyptiens en dépit d'une demi-finale en Coupe arabe et d'une finale à la CAN. Pour ces derniers, l'entraîneur des Pharaons n'ose pas assez sur le plan offensif, se contentant d'attendre ses adversaires pour tenter de les surprendre lors d'épreuves fatidiques de tirs au but. Pour ces journaux et sites, battre la Côte d'Ivoire, le Maroc et le Cameroun n'aurait pas été possible sans ce stratagème comme si gagner un match par penalties ne rapporte rien... L'ex-sélectionneur d'Iran qui a suivi la rencontre depuis les tribunes, car interdit de banc suite à son expulsion par le Gambien Gassama en demi-finale face au Cameroun, sait mieux que quiconque qu'il était attendu au tournant par une presse qui ne s'est manifestée lors de cette CAN que lorsque l'Egypte était à la peine. Grands absents du contingent des envoyés spéciaux des sélections africaines au Cameroun, les reporters égyptiens ont critiqué Queiroz avec véhémence et ont même interpellé les responsables de la fédération et les pouvoirs publics à trouver une solution immédiate à son ... «arrogance». Pour nombre d'entre eux, si Queiroz reste, l'Egypte dira certainement bye-bye au Mondial du Qatar. Pendant ce temps, les Sénégalais fêtent leur sacre en communion. Aliou Cissé et ses joueurs ont promis, aussitôt l'euphorie du sacre passée, de se re-consacrer à leur second objectif en 2022, celui de prendre part à la Coupe du monde de l'automne-hiver prochains. Pour le Sénégal, les échecs appartiennent désormais au passé. M. B.