Le «Pharaon» égyptien aux sept couronnes et le «Lion» sénégalais affamé en quête d'un premier trophée se disputent la 33e finale de la CAN, guidés par les deux meilleurs joueurs d'Afrique, Mohamed Salah et Sadio Mané, ce soir (20h00) à Yaoundé. Et l'affiche se rejouera ensuite au Caire et à Dakar en mars pour un explosif barrage vers la Coupe du monde! Conservatisme ou révolution? L'altière Egypte compte bien étendre son règne, après n'avoir éliminé sur son chemin que des favoris, au bout de trois prolongations et deux séances de tirs au but - la Côte d'Ivoire (0-0, 5 t.a.b. à 4), le Maroc (2-1 a.p.) et le Cameroun (0-0, 3 t.a.b. à 1), pays hôte. Le Sénégal rêve d'enfin soulever le trophée après deux finales malheureuses, en 2002 contre le Cameroun (0-0, 3 t.a.b. à 2) et 2019 contre l'Algérie (1-0). Son sélectionneur Aliou Cissé a perdu les deux, une comme joueur, l'autre comme sélectionneur, et espère toucher enfin la coupe. Le parcours de son équipe dans les matches à élimination directe a été moins tortueux, contre le Cap-Vert (2-0) réduit à neuf, la Guinée équatoriale (3-1) et le Burkina Faso (3-1). Mais les deux finalistes ont un point commun: ils ont démarré très doucement la compétition, au point de faire douter de leur statut de favoris. Queiroz contre Cissé L'Egypte a perdu d'entrée contre le Nigeria (1-0) et a ensuite difficilement écarté les faibles Guinée Bissau et Soudan (1-0 les deux fois). Le Sénégal a vécu un premier tour très poussif avec un seul but, un penalty de Mané à la dernière seconde, contre le Zimbabwe (1-0) et deux 0-0 contre la Guinée et le Malawi. Mais les machines se sont mises en route, guidées par leurs deux N.10 géniaux, coéquipiers à Liverpool. En plus du maillot rouge, Salah et Mané partagent la douleur d'une finale de CAN perdue, l'Egyptien en 2017 contre le Cameroun (2-1) et le Sénégalais en 2019. Si l'Egypte et le Sénégal ont trouvé leur rythme, elles le doivent à la science de leurs entraîneurs, deux fins tacticiens qui ont influé sur le destin de leurs équipes. Carlos Queiroz a renversé la demi-finale très mal embarquée contre le Cameroun en faisant entrer son joker, Mahmoud Hassan «Trezeguet», qui a rééquilibré le milieu de terrain. Exclu, le technicien portugais est suspendu pour la finale, mais «même s'il est absent, il a posé des principes de travail bien établis, nous savons ce que nous devons faire», rassure son adjoint Diaa al-Sayed. «C'est un grand entraîneur, il a une longue expérience, il a participé à des Coupes du monde (2014 et 2018 avec l'Iran), tout est parfaitement organisé.» Dans ce choc entre coaches expatrié et «local», Queiroz n'est là que depuis cinq mois quand Aliou Cissé a façonné son équipe depuis six ans et l'a conduite à une deuxième finale de rang. Lui aussi a emporté la décision par des changements, avec les entrées de Cheikhou Kouyaté et Ismaïla Sarr en demi-finale, par exemple.