Par Mourad Nini Une d�cennie vient donc de s�achever. Durant la prochaine, celle qu�on vient de f�ter et qui a commenc�, la technologie va consid�rablement changer nos rapports � la t�l� et la convergence num�rique dont on parle tant va nous entra�ner vers des �crans de toutes sortes. Tous connect�s les uns aux autres, ces �crans (petits et grands, tactiles ou pas, LCD, LED, etc.) vont nous proposer des contenus divers et vari�s afin de communiquer, partager, lire ou jouer. Mais nous continuons plus que jamais � consommer, en bons scotch�s, des films, des s�ries t�l� et des documentaires exclusivement chevill�s � notre quotidien, � la r�alit� du moment. Les applications utilitaires ou informatives seront plus vari�es, plus ludiques ; elles changeront in�vitablement la fa�on de cr�er, de raconter des histoires, mais le transm�dia ne tuera pas la bonne vieille t�loche qui nous aura enchant�s pas plus tard que mardi. On est bien peu de choses En guise de r�tro, France 2 nous aura, en effet, r�serv� une belle surprise par ces temps d�volus aux rediffusions, aux b�tisiers et aux vari�t�s pr�enregistr�es. Nous rabibochant avec la nature et ses quatre �l�ments (terre, eau, air et feu), le document intitul� 2010, une ann�e sur la Terre avait tout pour nous faire rappeler qu�on est bien peu de choses... Douze mois de d�couvertes, de chaos et d��merveillement � travers des images in�dites et spectaculaires, parfois. Narr�e mois par mois, la plan�te Bleue et sa danse furieuse (ou fabuleuse, c�est selon...) avait le premier r�le. Tant�t cl�mente, tant�t destructrice avec ses incendies, ses tremblements, ses inondations ou ses hivers volcaniques, cette Terre qui nous abrite aura �ruct�, grond�, tonn� et gargouill� pour mieux nous faire comprendre nos impuissances et nos responsabilit�s face � ses �l�ments fondamentaux. Vague de froid en Europe, s�isme � Ha�ti, volcan islandais, etc., mettent en avant les paradoxes et les exc�s du climat. Au-del� de l�aspect spectaculaire v�hicul� par des images dignes d�un film-catastrophe, le tr�s descriptif commentaire nous aura scotch�s par une sorte de f�erie destin�e � nous en mettre plein les mirettes. Avons-nous bien saisi �les petits caprices� de la nature ? That is the question � laquelle essayera de r�pondre l�envoy� sp�cial de ce soir jeudi sur la m�me cha�ne. L�un des sujets de ce magazine parlera des miracul�s d�Ha�ti. Le s�isme de magnitude 7 sur l��chelle de Richter a Port-au-Prince et ses 250 000 morts, �a vous fout les arrogances et les suffisances en berne. D�une saison � l�autre... Et pendant que TF1 s�emm�le d�j� les pinceaux avec une s�rie am�ricaine Vampire Diaries en premi�re saison et diffus�e bizarrement en apr�s-midi, que fait Fr 3 ? Elle cl�t son Village fran�ais dans sa saison 3 et laisse pointer � l�horizon plein de points de suspension... Apr�s avoir vu les �pisodes de dimanche dernier, l�on est en droit d�esp�rer en effet une nouvelle saison et ce, pour mieux cerner ce petit village du Jura, Villeneuve, qui nous rappelle �trangement nos notables, tra�tres ou collaborateurs, nos paysans, patriotes ou harkas sur nos contr�es durant notre guerre de Lib�ration. On ne peut certes pas comparer l�incomparable mais les atmosph�res de suspicion, les trahisons, le larbinisme envers l�occupant, la torture, les arrestations, etc., �a nous parle � nous qui n�avons toujours pas une s�rie-t�l�, digne de ce nom, susceptible de restituer dans son contexte de guerre l�un ou l�autre de nos villages. Mais bon, on aura vu l�arriv�e des troupes allemandes � Villeneuve, on aura assist� � une histoire de m�urs (souvent peu recommandables, avec maris tromp�s et femmes plut�t volages...) et l�on attend de voir le d�part des troupes allemandes.. D�ici l�, une ou deux autres saisons plus tard, des profiteurs, des hommes et des femmes complexes auront peut-�tre quitt� le flou de circonstances difficiles � classer dans une seule cat�gorie et l�on verra si la s�rie tient ses promesses, � savoir montrer la complexit� et l�int�r�t des gens du peuple hors des clich�s vus par des petits bourgeois privil�gi�s en 2011 regardant le basculement historique les doigts de pied en �ventail sur leurs canap�s. L�atmosph�re de cette guerre vue par des gens �ordinaires� reste instructive ! Et l�humilit� dans tout �a ? Qualit� humaine de celui qui se voit et se consid�re de fa�on r�aliste, l�humilit� aura �t� la grande absente des plateaux vus par votre oblig�, cette semaine. Que d�orgueil, que d��gocentrisme, que de narcissisme chez Patrick Sabatier, Arthur, Dechavanne, Drucker ou Ardisson qui aura re�u pour son Happy Hour (3 �missions sur Canal+) les Herv� Morin, Benjamin Castaldi, Arielle Dombasle, etc., v�ritables b�tes de sc�ne m�diatique, il en est qui se seront ridiculis�s et leur manque d�humilit� les aura d�valoris�s aux yeux du scotch� � tel point que l�on pense s�rieusement que ces �c�l�brit�s�-l� ne respectent m�me pas ce dont la providence les a gratifi�s ! Dans leurs exercices promotionnels (ils ou elles avaient toujours quelque chose � vendre), la preuve d�une insolence m�prisante planait sur leurs sourires, sur leurs yeux, sur leurs mani�res surfaites. Un Herv� Morin, ex-ministre de la D�fense, d�barqu� par Sarkozy, ha� par son ex-mentor Fran�ois Bayrou, qui pr�tend aimer les chevaux, la nature et les belles prairies verdoyantes, quelle pantalonnade ! Une Arielle Dombasle fard�e � l�exc�s, sans actualit� particuli�re qui dit aimer la philosophie (et son BHL de mari) quelle imposture ! Souvent imbus de leur petite personnalit�, ces �stars� � l�inculture sid�rante oublient parfois qu�elles sont en repr�sentation devant des scotch�s qui ne les connaissent forc�ment pas. Cela nous rappelle que m�me chez nous, sur les fr�quences ENTV, l�humilit� ou la modestie ne sont pas marques de fabrique. Sur le plateau de �Aha lil� du week-end dernier, belle brochette d�artistes incultes ! Sans les citer nomm�ment (pour ne pas froisser leurs familles respectives), on se demande ce qu�un has been (disparu de la sc�ne artistique depuis 15 ans), � la d�gaine �derwich� agit� du popotin, peut apporter de nouveau � une t�l� rigide et rigidifiante. Idem pour cet �ternel �cheb� ne pouvant toujours pas aligner deux phrases coh�rentes sur un registre mi-sta�fi, mi-ra�, labellis� constantinois. Heureusement qu�un Houari Dauphin sait encore ce qu�est r�ellement la fibre artistique sans pour autant �tre fanfaron. Mais arr�tons l� nos �m�chancet�s � en ce d�but d�ann�e promise, para�t-il, chez les cha�nes arabophones et donc moyen-orientales � la chasse aux tabous. Dernier fait notable, sur MBC, un docteur sp�cialiste en la mati�re, Wael Awad a sid�r� son monde (pr�sentatrices de l��mission, notamment) en parlant cr�ment et avec force d�tails de la nuit de noces ! Quatre conseils �pratiques� aux futurs mari�s et toute une flop�e de messages et de commentaires �avis�s� sur le blog de l��mission, le soir-m�me... D�cid�ment, la convergence num�rique et ses applications utilitaires ou informatives sont parties pour en d�coincer plus d�un. Reste qu�on reste scotch� � la bonne vieille t�loche ne serait-ce que pour avoir vu des pr�sentatrices estampill�es MBC rougir et baisser les yeux devant les petits conseils matrimoniaux d�un docteur n�ayant, pour une fois, pas froid aux yeux. M. N. Au Japon, l'autre face d'internet Malgr� son c�t� pratique (et d�sormais presque indispensable), internet est aussi un lieu de criminalit�, et beaucoup de Japonais s'en m�fient. Depuis le d�but de l'ann�e, le nombre de plaintes concernant la toile a encore augment�. Plus de 18 500, soit une augmentation de 75% sur un an : c'est le nombre d'appels qu'a re�u le num�ro mis en place par l'Agence nationale de la police pour signaler les sites internet frauduleux ou ill�gaux durant la premi�re moiti� de cette ann�e. Une augmentation en grande partie due aux sites de pornographie infantile, selon la police, rapporte le Japan Times. Tr�s pr�sente sur l'internet japonais, la p�do-pornographie avait en effet connu en 2009 un bond de pr�s de 40%, en grande partie gr�ce � la toile. Autres comportements d�viants observ�s sur le net japonais, l'organisation de suicides collectifs, et m�me des appels d'offres pour tueurs � gages. Sans compter l'utilisation du r�seau par les organisations criminelles : il n'est en effet pas rare que celles-ci utilisent internet pour trouver des personnes pr�tes � c�der leurs documents d'identit� pour de l'argent. Ainsi, rapporte le Japan Times, un Japonais recherch� en Tha�lande avait pu obtenir un nouveau passeport en utilisant le certificat d'enregistrement et le num�ro de S�curit� sociale qu'avait vendu � son organisation un quidam. Parall�lement, depuis le d�veloppement d'internet, le cybercrime a �galement connu un essor fulgurant, notamment en 2006, o� le nombre des d�lits commis sur la to�le avait bondi de 40%. Les Japonais semblent d'ailleurs assez m�fiants vis�- vis du net. Selon des chiffres publi�s en 2009 par la soci�t� d'antivirus Symantec, bien qu'ils soient ceux qui subissent le moins d'agressions informatiques (11% en ont d�j� �t� victimes, contre 23% pour les Fran�ais), ils sont aussi ceux qui les craignent le plus (55% contre 28%). Mais cette relative �cybercrainte� ne risque apparemment pas de faire diminuer le nombre d'usagers d'internet : en mars dernier, un sondage r�v�lait que 84% des internautes japonais ne pouvaient pas s'en passer.