[email protected] The Economist Intelligence Unit�s dispose de son propre indice de mesure de d�mocratisation, Democracy Index, qu�il met � jour annuellement dans un rapport sp�cial dont la derni�re �dition en date est publique depuis ce 5 janvier 2011(*). L�Alg�rie y est class�e � la 125e place sur un total de 167 pays, figurant ainsi parmi les 35 Etats consid�r�s comme �autoritaires �. 32,9 des Etats figurent dans cette cat�gorie et veillent aux destin�es de 36,5 de la population du globe. Notre pays enregistre un plus mauvais score que son voisin marocain (� la 116e place), mais il �surclasse� l�g�rement � il n�y a pas de quoi en �tre fier � l�Egypte (138e), la Tunisie de Ben Ali (144e) et la Libye (159e). En 2010, sa note s�est l�g�rement redress�e comparativement � 2008 (3,44 contre 3,32 sur 10) lui permettant de gagner cinq places (il passe du 133e au 125e rang du classement). Les appr�ciations qu�il enregistre sont particuli�rement pauvres en mati�re de participation politique, de gouvernance et de processus �lectoral ; elles sont relativement meilleures s�agissant de la culture politique ou des libert�s civiles. De fait, si le r�gime est odieux, la population donne meilleure mine. Il existerait dans notre pays �une presse �crite qui jouit d�une grande libert� de ton pour proposer des d�bats anim�s, de m�me qu�un niveau de protection de la libert� d�expression et du droit de manifestation et de gr�ve reconnu aux organisations syndicales, comparativement plus favorable que dans les pays voisins et dans de nombreux autres du Moyen- Orient�, rel�ve le document en guise d�appr�ciation positive. N�anmoins, �� un niveau fondamental �, le r�gime peut �tre consid�r� comme �substantiellement � antid�mocratique, donc autoritaire. Cela ressort clairement du faible niveau de participation politique que r�v�le un fort taux d�abstention, notamment aux �lections locales, et du peu de confiance que met la population dans les institutions de l�Etat. La participation politique et le processus �lectoral sont jug�s �lents� en raison d�une �apathie politique g�n�ralis�e et de l�absence d�un choix v�ritable lors de la r�cente �lection pr�sidentielle �. Quant au fonctionnement des structures gouvernementales, il est n�gativement affect� par une bureaucratie excessive, l�opacit� dans la prise de d�cision et l�absence g�n�rale de transparence au regard du mode de gouvernance. En 2010, l�indice de d�mocratisation, qui est de 3,44 sur 10, agr�ge 60 indicateurs r�unis en cinq cat�gories interactives (not�es de 0 � 10). L�Alg�rie enregistre les scores suivants : 1. Processus �lectoral : 2,17/10 Ce param�tre du mod�le relatif au processus �lectoral et au pluralisme interroge une premi�re batterie de crit�res qui indiquent que l��quit� et la libert� de comp�tition pour les candidats et de choix pour les �lecteurs, du plus bas au plus haut des �chelons du pouvoir, ne sont pas satisfaisantes. Il interroge aussi la libre formation et la transparence qui gouverne le financement des partis politiques, les m�canismes constitutionnels pour l�alternance et le transfert ordonn�, clair et accept� du pouvoir d'un gouvernement � un autre, ainsi que l�ouverture de la fonction Publique (ouverte � tous les citoyens). 2. Fonctionnement du gouvernement : 2,21/10 Dans le fonctionnement du gouvernement sont, notamment, prises en compte les r�alit�s suivantes qui font gravement d�faut au regard de la note obtenue : seuls des repr�sentants librement �lus d�terminent la politique du gouvernement, en l�absence de tout autre groupe de pression ; le l�gislateur est l'organe politique supr�me, avec une nette supr�matie sur les autres instances du pouvoir ; il existe un syst�me efficace de contr�les et de contrepouvoirs ; le gouvernement est libre de toute influence indue de la part de l'arm�e ou des services de s�curit� ; le risque actuel d'un coup d'Etat militaire est extr�mement faible ; les puissances �trang�res ne d�terminent pas les fonctions gouvernementales ou politiques importantes ; l'autorit� du pouvoir couvre l'int�gralit� du territoire du pays ; le gouvernement est ouvert et transparent, avec un acc�s suffisant � l'information du publique ; la corruption n'est pas un probl�me majeur ; le peuple fat confiance au gouvernement et aux partis politiques. 3. Participation politique : 2,78/10 La participation politique couvre les droits des �lecteurs, des minorit�s ethniques, religieuses et autres, la pr�sence des femmes au parlement, l'adh�sion des partis politiques et des organisations non gouvernementales, le droit de la population � prendre part � des manifestations licites, l'alphab�tisation des adultes, l�int�r�t de la population adulte pour la politique. 4. Culture politique : 5,63/10 La culture politique d�mocratique suppose l�existence, � un degr� suffisant, du consensus social et de la coh�sion n�cessaires pour soutenir la stabilit� et le fonctionnement d�mocratique, un bon �quilibre d�mocratie et maintien de l'ordre, etc. 5. Libert�s civiles : 4,41/10 L�exercice des libert�s civiles est tributaire de l�existence d�un m�dia �lectronique gratuit, de moyens d'impression libres, de libert� d'expression et de manifestation, de large couverture m�diatique des d�bats sur des questions d'int�r�t g�n�ral, d�ind�pendance du pouvoir judiciaire, de tol�rance et de libert� d'expression religieuses, de s�curit� de base, du respect de la propri�t� priv�e, de libert�s individuelles. Il est notamment reproch� au r�gime alg�rien une concentration croissante des d�cisions politiques et une marginalisation de l�action parlementaire, sur un fond de lutte ferm�e pour la succession. Nous vivons une situation o� les pouvoirs publics recourent aux hydrocarbures pour �acheter la paix sociale�, o� les protestations et oppositions aux forces de l�ordre �sont de plus en plus fr�quentes avec pour arri�re fond des demandes pour un meilleur habitat, des services publics plus performants et plus d�emplois�. La capacit� du gouvernement � contenir la dissidence sociale � travers un large programme de transferts sociaux reste alors tributaire de revenus accrus tir�s des exportations d�hydrocarbures. La d�mocratie est-elle un luxe ? Vient-elle apr�s la satisfaction des besoins �conomiques et sociaux dans l�ordre des priorit�s humaines ? L�apport de la d�mocratie au d�veloppement commence � se substituer aux vieux sch�mas d�veloppementalistes marqu�s par un �conomisme chronique : �La relation entre le niveau de d�veloppement (mesur� par le revenu par t�te d�habitant) et de la d�mocratie n'est pas claire (�) A peine un tiers de la variation � la d�mocratie s'explique par les niveaux de revenu. Si nous incluons aussi la richesse p�troli�re, le pouvoir explicatif de la r�gression augmente brusquement � environ 60% dans l'indice de d�mocratie. Bien que cela laisse encore pr�s de 40% de la variation inexpliqu�e, il illustre le fort impact n�gatif du recours � la richesse p�troli�re sur le d�veloppement d�mocratique.� �Le sens de la causalit� entre la d�mocratie et le revenu est cependant discutable. L'hypoth�se de la modernisation standard que le d�veloppement �conomique conduit �, et/ou est une condition pr�alable n�cessaire pour la d�mocratie, n'est plus universellement admise. Au lieu de cela, il a �t� plut�t soutenu que le lien de causalit� va de la d�mocratie au revenu.� Il y a comme une lame de fond qui atteste que �la d�mocratie comme valeur conserve un fort attrait universel � travers le monde. Malgr� ses revers et sa stagnation dans l'ensemble, les enqu�tes montrent que la plupart des gens dans la plupart des endroits encore aspirent � la d�mocratie�. �Instaurer la d�mocratie par une intervention ext�rieure n�est plus admis. Mais des tendances comme la mondialisation, en renfor�ant l'�ducation et le d�veloppement des classes moyennes, favoriseraient le d�veloppement organique de la d�mocratie. Ces forces sous-jacentes, m�me si elles se d�veloppent � un rythme plus lent que dans un pass� r�cent, sugg�rent que le recul de la d�mocratie ne sera pas permanent. � A. B. (*) On peut le consulter dans sa totalit� sur www.eiu.com/DemocracyIndex2010.