Abdelaziz Bouteflika se prononce, pour la premi�re fois, au sujet �des �v�nements survenus dans le pays�. Un mois plus tard, il choisit la forme la moins directe qui soit, la r�union du Conseil des ministres, jeudi dernier, pour d�cider de demi-mesures tout juste bonnes pour la consommation m�diatique imm�diate. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Car � bien lire le communiqu� du Conseil des ministres, Bouteflika a bien pris soin d�accompagner chacune des trois mesures politiques phare annonc�es par une contremesure ! �Chacun a relev� les commentaires, analyses, ou m�me revendications de nature politique, apparus ces derniers temps. Leur expression vari�e requiert le respect, car nous sommes dans un pays de d�mocratie pluraliste, sauvegard�e au prix de sacrifices nationaux consid�rables. Mais ces vues exigent aussi quelques rappels et pr�cisions�, commencera par faire remarquer Bouteflika. �Nul ne peut contester le respect et la protection des droits civiques et politiques, ainsi que des libert�s fondamentales dans notre pays. En t�moigne la pluralit� des ob�diences de nos nombreux partis politiques, la diversit� et la vitalit� de la presse nationale, et, le fait que notre peuple est, p�riodiquement, convi� aux urnes pour choisir souverainement ses gouvernants � tous les �chelons, parmi les nombreux candidats qui sollicitent ses suffrages, apr�s avoir r�uni les conditions l�gales.� Et pour mieux se faire comprendre, il ajoute : �S�agissant de l��tat d�urgence, celui-ci a �t� instaur� pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste, et c�est cette raison uniquement qui en a dict� le maintien sur une base l�gale. L��tat d�urgence n�a, � aucun moment, entrav� une activit� politique pluraliste des plus riches, ni contrari� le d�roulement de campagnes �lectorales intenses, de l�avis m�me des observateurs qui les ont suivies. Aussi, pour mettre un terme � toute pol�mique infond�e sur cette question, je charge le gouvernement de s�atteler, sans d�lai, � l��laboration de textes appropri�s, qui permettront � l�Etat de poursuivre la lutte antiterroriste jusqu�� son aboutissement, avec la m�me efficacit� et toujours dans le cadre de la loi. Cela conduira donc � la lev�e de l��tat d�urgence dans un tr�s proche avenir. � Un �tat d�urgence qui n�a jamais �t� r�ellement appliqu� depuis des ann�es mais qui n�a pas emp�ch�, par exemple, la tenue de �campagnes �lectorales intenses� mais sans l�opposition ! C��tait le cas en 2005 � l�occasion du r�f�rendum sur la charte, ou encore lors des derni�res �lections pr�sidentielles ! Ceci pour l��tat d�urgence. Quant � la deuxi�me d�cision phare, relative aux �marches�, c�est tout simplement une �non-mesure par excellence� ! Voil� ce que dira exactement Bouteflika � ce sujet, en effet : �S�agissant de l�organisation des marches, et hormis la wilaya d�Alger, rien ne l�entrave dans toutes les autres wilayas, pour autant que les demandes et les conditions exig�es par la loi soient r�unies. Certes la capitale fait exception dans ce domaine pour des raisons d�ordre public bien connues, et certainement pas pour y emp�cher une quelconque expression. Alger compte plusieurs salles publiques de capacit�s diverses, qui sont gracieusement disponibles pour tout parti ou association en faisant l�galement la demande, en vue d�y faire entendre son point de vue.� C�est effectivement le cas depuis le 14 juin 2001, date � laquelle Bouteflika a d�finitivement ferm� Alger � toute manifestation publique. Jeudi, Bouteflika n�a fait finalement que le rappeler ! Ceci �tant, la couleuvre la plus grosse dans le communiqu� pr�sidentiel reste, incontestablement, le point relatif � l�ouverture des m�dias publics. Bouteflika y affirme que �s�agissant enfin de l�acc�s des partis politiques � la t�l�vision et aux radios, aucune loi ou instruction ne l�ont jamais interdit � quelque formation ou association l�gales que ce soit. La t�l�vision et la radio doivent donc assurer la couverture des activit�s de l�ensemble des partis et organisations nationales agr��es, et leur ouvrir �quitablement leurs canaux�. C�est pourtant le m�me Bouteflika qui, en mars 2004 par exemple, sur le plateau m�me de l�ENTV et � l�occasion de la campagne �lectorale, affirmait clairement : �Tant que je suis l�, il n�y aura qu�une seule cha�ne de t�l�vision, une seule cha�ne de radio en arabe, en fran�ais et en tamazight. Nous avons d�j� commis la faute d�ouvrir le champ de la presse �crite, une grave erreur (�) Seul le pouvoir peut s�exprimer � la t�l�vision (�) Je ne vais tout de m�me pas payer (il parle de l�Etat) pour que vous (allusion � l�opposition, ndlr) vous veniez danser � la t�l�vision.� En bien d�autres occasions, Bouteflika a eu le m�rite de la clart� sur ce sujet. �Monsieur le Pr�sident, estimez-vous que la libert� d�expression est un danger pour le pays ?� lui demandait une journaliste d�une cha�ne fran�aise lors d�une interview. �Oui !� r�pondait-il tout simplement. A Abdelaziz Rahabi, du temps o� il �tait ministre de la Communication, il lancera en plein Conseil des ministres : �Monsieur Rahabi, sachez qu�� partir d�aujourd�hui, le ministre de la Communication, c�est moi !� Avant de le limoger d�ailleurs sur-le-champ. Une autre occasion, parmi tant d�autres : �Il est tout � fait clair que le r�dacteur en chef de l�APS, c�est moi ! Le directeur de la t�l�vision, c�est moi !� Avec autant d�affirmations publiques, l�on a effectivement nul besoin �d�aucune loi ou instruction � pour faire retourner la t�l�vision alg�rienne aux ann�es 70 du si�cle dernier...