05 mars 2011 Abdelaziz Bouteflika «rétropédale» contre toute attente et annule de nombreuses décisions qu'il allait annoncer la semaine dernière. Notamment, un remaniement gouvernemental pourtant finalisé dans ses moindres détails. Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – «En tout cas, le remaniement n'est plus à l'ordre du jour», nous confie une source proche de la présidence. Ce revirement, notre source l'attribue à des considérations «d'ordre tactique ». «Les dernières mesures prises en conseil des ministres d'abord avec la levée de l'état d'urgence, les décisions liées à l'emploi, au logement, à l'enseignement supérieur, puis la mesure de dispense du service national au profit des plus de 30 ans sont finalement suffisamment lourdes pour faire baisser la tension sociale de ces dernières semaines.» Le pouvoir estime donc avoir fait assez de concessions pour le moment. «Il y a certes des tensions sociales mais pas de pression politique d'envergure qui nécessiterait un changement de gouvernement.» Manifestement, Bouteflika ne compte plus abattre toutes ses cartes, d'un seul coup. «Tout se fera et se décidera en fonction de l'évolution de la situation », explique encore notre source. D'ailleurs, ce n'est pas qu'au sujet du gouvernement que Bouteflika semble «temporiser». C'est le cas également de l'ouverture de la télévision. Inscrit comme priorité absolue, le 3 février dernier lorsque Bouteflika réunissait le premier «Conseil des ministres d'urgence», ce point avait accaparé l'essentiel des travaux d'une réunion marathon de deux jours du gouvernement Ouyahia. Un avant-projet de loi sur la télévision avait été ébauché par le ministre de la Communication et qui devait être finalisé avant l'ouverture de la session de printemps du Parlement. Or, depuis, cet avant-projet ne figure plus, curieusement, à l'ordre du jouir des différentes réunions du gouvernement. Y compris la prochaine qui aura lieu mercredi 9 mars. Ce spectaculaire revirement trouve également son explication par la conjoncture internationale. Les pressions, américaines notamment qui étaient assez fortes il y a un mois, se sont nettement estompées, s'agissant du «cas Algérie». Obama, qui avait «félicité» Bouteflika pour les dernières mesures annoncées en Conseil des ministres, semble opter pour la prudence, concernant un pays frontalier de la Libye où la situation ne cesse de se dégrader avec tous les risques, non négligeables, que fait peser Al Qaïda sur l'ensemble des pays du Sahel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si plusieurs visites de responsables américains, chargés de la sécurité, se sont multipliées à Alger, ces derniers jours. K. A. Lectures: