Carton bleu � la main, les demandeurs d�emploi brandissent un carton rouge en direction des pouvoirs publics. Qualifi�s ou pas, ils d�sesp�rent de trouver un jour un poste de travail. L�ambiance est loin d��tre � l�optimisme au niveau des antennes de l�Anem. Nawal Im�s - Alger (Le Soir) - Tout juste dix heures. L�antenne de l�Agence nationale de l�emploi (Anem) de Hassiba-Ben-Bouali est d�j� noire de monde. Se c�toient jeunes et moins jeunes, filles et gar�ons. Les bancs pr�vus pour accueillir les demandeurs d�emploi s�av�rent peu suffisants. Il y a plus de personnes debout qu�assises au sein de cette antenne au design moderne. Un t�l�viseur grand �cran affiche les offres d�emploi disponibles en plus d�un tableau d�affichage plus classique plac� juste � l�entr�e. Deux agents charg�s de l�accueil tentent de canaliser les nombreuses personnes qui ont fait le d�placement hier. Il suffit de pr�senter une carte d�identit� pour obtenir un jeton et attendre son tour patiemment. A dix heures, pas moins de 50 jetons ont d�j� �t� distribu�s. Les jeunes demandeurs d�emploi s�impatientent alors que les pr�pos�s � l�accueil appellent un apr�s l�autre les demandeurs d�emploi. Hormis ceux qui viennent pour la premi�re fois, tous ont leur carton bleu � la main. Le document atteste qu�ils ont �t� inscrits et r�pertorie leurs parcours depuis leur inscription � l�agence. Un seul sujet de discussion est sur toutes les l�vres : le ch�mage. Chacun y va de sa propre exp�rience. Ils ont tous un point commun : un parcours difficile sem� d�emb�ches. Beaucoup ont cumul� les contrats � dur�e d�termin�e et ont v�g�t� entre deux contrats. Les petits boulots, les petits salaires, les pressions de l�employeur, ils en connaissent un bout. Ils se racontent leurs d�boires, certains d��tre compris par leurs compagnons d�infortune. Bien souvent, ils arrivent � l�Anem �puis�s par les mois pass�s � chercher un emploi, � r�pondre � des offres d�emploi et � d�poser leur curriculum vitae partout. L�Anem est cens�e centraliser les offres d�emploi et faire des propositions aux demandeurs. Hier, au si�ge de l�agence � Hassiba-Ben-Bouali, peu de personnes sont reparties avec le sourire ou l�espoir d��tre plac�. Des promesses, beaucoup de promesses mais point d�emploi providentiel. �Il ne me reste plus qu�� retourner � la maison, me remettre derri�re mon micro et me connecter � Facebook�, soupire une jeune fille, habitu�e des agences de l�Anem. Elle confie avoir tent� sa chance dans plusieurs entreprises priv�es et publiques sans succ�s. Elle peste contre une situation qu�elle trouve aberrante. Elle raconte que tr�s souvent, il y a des dizaines de personnes qui sont orient�es vers un m�me employeur qui n�a qu�un seul poste � proposer. Un jeune homme peste aussi contre les emplois pr�caires. Il raconte comment il avait �t� plac� pour quelques mois dans une soci�t� situ�e loin de chez lui. Il se rappelle encore le stress que lui provoquait le long trajet qu�il devait effectuer et les menaces de son employeur de mettre un terme � son contrat s�il n�arrivait pas � l�heure. Apr�s un bref passage dans cette entreprise, il est revenu grossir les rangs des demandeurs d�emploi. Ces derniers ne cachent plus leur m�contentement. Le foss� qui s�pare les d�clarations d�intention des r�alit�s du terrain ne fait que s�agrandir�