Par Boubakeur Hamidechi [email protected] S�achemine-t-on vers un renouvellement anticip� du Parlement alors que le mandat des d�put�s touche � sa fin (2012) et que l�on ne voit pas o� r�side l�int�r�t d�une telle op�ration, sinon, qu�elle pourrait servir au chef de l�Etat d�abc�s factice afin de faire diversion sur la question cruciale du changement global ? Il est vrai que de toutes les institutions, le pouvoir l�gislatif est le seul � n�avoir jamais eu de pouvoir de pression pr�cis�ment ! Tout au long de son histoire, le Parlement en Alg�rie a fr�quemment fait les frais de l�absolutisme de l�ex�cutif chaque fois qu�il �tait n�cessaire. Voulues comme des chambres d�enregistrement aux ordres exclusifs d�un pr�sident, nos assembl�es ont-elles jamais pes� par la critique, ou m�me la d�fiance et la censure, sur l��laboration des lois et la conduite du gouvernement ? Certainement jamais au point que les scrutins �lectoraux ont fini par conna�tre des abstentions ahurissantes. Ainsi de Ben Bella � Bouteflika sans �pargner �videmment Boumedi�ne et Zeroual, les modalit�s relatives aux relations entre le l�gislateur et l�ex�cutif sont rest�es les m�mes. Et 48 ans plus tard, l�on continue � recourir aux m�mes proc�d�s, voire aux proc�dures d�airain pour emp�cher cette tribune de s��manciper. La saine s�paration des pouvoirs � travers laquelle se reconna�t une v�ritable d�mocratie n�a, � aucun moment, �t� dans la culture des dirigeants qui se sont succ�d� � la t�te de l�Etat. Coul�s dans le moule du c�sarisme version arabe (le za�misme), ils ne con�oivent le parlementarisme que comme un relais interm�diaire de leurs seules lumi�res ! Le Bouteflika actuel ne diff�re d�ailleurs gu�re de ses pr�d�cesseurs. Il s�inscrit autant que Ben Bella et Boumedi�ne dans la configuration des autocrates masqu�s qui usent des artifices de la d�mocratie pour asseoir leur contr�le sur la totalit� des institutions. Sachant cela, de quel nouveau b�n�fice compte tirer le pr�sident d�une �ventuelle dissolution si ce n�est la possibilit� de d�placer les lignes du d�bat national afin qu�il ne soit plus la cible prioritaire. A partir de l�annonce simultan�e d�une convocation du corps �lectoral et d�un changement de gouvernement, il se donnera un peu d�air en siphonnant justement les sources de la discorde qui irrigue le syst�me de l�int�rieur. Ce n�est, par cons�quent, pas le malaise national qui le pr�occupe en premier lieu mais bien le rapport de force qui pr�side aux �quilibres internes. De ce point de vue, certaines assertions de son entourage abondent dans ce sens. La vaste refonte de la Constitution qu��voquait r�cemment Belkhadem en serait la principale. Or, toute la question est : comment faire passer un projet majeur avec un Parlement frapp� de discr�dit depuis son instrumentation en novembre 2008 ? La voie la plus courte �tant justement son renouvellement dans l�urgence, il ne reste par cons�quent qu�� changer l�agenda �lectoral. Peu soucieux d�une v�ritable ouverture vers le pluralisme, lequel passerait par un parlementarisme affranchi, Bouteflika vise simplement � changer le personnel de cet h�micycle pour les besoins de l�op�ration. Au moment o� l�id�e d�une constituante, qui accoucherait d�une seconde r�publique commence � s�imposer, le chef de l�Etat cogite � une contre-proposition dont les dividendes seront substantiels pour la poursuite de son mandat. En effet, les droits d�auteur sur une nouvelle Constitution l�acquitteront de fait du moindre bilan sur sa longue gestion du pays. Mieux encore, les termes et la date de sa promulgation lui fourniront l�immunit� n�cessaire pour aller jusqu�au terme de son exercice. Sans doute que ce genre de sc�nario suscitera la bienveillance de certaines institutions jusque-l� m�contentes des multiples foucades du pr�sident mais quid du pays lui-m�me ? Face � un pr�sident qui a dilapid� le capital-confiance mis dans sa premi�re investiture, il n�est pas �vident qu�il soit encore cr�dible � travers ce chantier de reconstruction de l�Etat. Ma�tre d��uvre sans partage, si ce n�est celui de son entourage inconditionnel, il aura de la peine � convaincre du bien-fond� de sa conversion au dialogue. En effet, prendre la d�cision de dissoudre la chambre des d�put�s dans le but en question exige n�cessairement la tenue d�une conf�rence nationale ouverte � tous les courants de pens�e. Sans la participation active de ceux-l� et la garantie d�un scrutin sinc�re aucun d�bat sur un projet de constitution n�est s�rieusement possible. C�est sur ce pr�alable qu�il sera attendu. Selon les engagements qu�il prendra publiquement, au sujet et du programme et de l�agenda, il sera jug� aussi bien par les partis de l�opposition que par la rue. La rue ? Parfaitement, car celle-ci observe avec int�r�t ce qui se trame m�me si elle ne poss�de pas la subtilit� des politiciens professionnels.