C�est donc parti : depuis hier samedi, �les consultations politiques� dont est charg� le pr�sident du S�nat, Abdelkader Bensalah, ont commenc�, au si�ge de la pr�sidence de la R�publique. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - C�est, en fait, l�ancien si�ge du minist�re des Affaires �trang�res, r�cemment repris par la pr�sidence, qui servira de locaux aux consultations et � la commission tripartite que chapeaute Bensalah. Hier, samedi, Bensalah et ses deux assistants, le g�n�ral major Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi, deux des plus proches conseillers de Bouteflika, ont inaugur� �les consultations sur les r�formes politiques �, dans un climat domin� par le protocole pr�sidentiel, histoire, sans doute, de donner du cr�dit � la d�marche dont, d�ores et d�j�, les partis de l�opposition ont annonc� le boycott. Il va sans dire aussi que la d�signation du g�n�ral Mohamed Touati, notamment pour �pauler Bensalah, participe de cette m�me pr�occupation. Car l�actuel conseiller militaire de Bouteflika est plus que cela. De par sa position �minente au sein du pouvoir depuis les ann�es 1980, le plus �politique� des g�n�raux alg�riens a toujours jou� un r�le de premier plan et dans les moments les plus cruciaux dans l�histoire r�cente du pays. En 1990 d�j�, il faisait partie des trois g�n�raux ayant r�dig� un rapport confidentiel pr�voyant, avec une remarquable pr�cision, les r�sultats des l�gislatives pr�vues pour juin, puis tenues le 26 d�cembre 1991. Un rapport qui pr�conisait, par ailleurs, des solutions pour �viter que l�Alg�rie ne bascule dans le n�ant de la r�publique th�ocratique mais que Chadli, Hamrouche et Mehri mettent sous le coude. Touati, c�est �galement l�arr�t salutaire du processus �lectoral suicidaire de d�cembre 1991, la gestion du d�part de Chadli, de la venue du regrett� Mohamed Boudiaf, la lutte antiterroriste et tous les �v�nements politiques majeurs du pays durant les ann�es 1990 o� il repr�sentait � chaque fois l�institution militaire. C�est d�ailleurs � ce titre qu�il convient de percevoir sa pr�sence au sein de la commission Bensalah. Avec lui, les interlocuteurs du pouvoir qui se relayeront durant plus d�un mois � El Mouradia ont, l�, une sorte de garantie d�avoir affaire aux deux grands p�les de la d�cision politique en Alg�rie : la pr�sidence et l�arm�e. El Islah inaugure le bal Une d�l�gation du parti islamiste El Islah, conduite par son secr�taire g�n�ral Djamel Benabdeslam, a �t� la toute premi�re � �tre re�ue par �l�instance de consultations sur les r�formes politiques�, dans la matin�e d�hier. Bensalah saisira cette occasion pour faire une d�claration, remise par �crit � la presse, o� il trace le cadre g�n�ral de sa mission. �Aucun acteur politique ne sera exclu des consultations si ce n�est, comme l�a dit le pr�sident de la R�publique, les tenants de la violence que le peuple a exclus de la vie politique�. Cette pr�cision est de taille. Bensalah fait ici allusion au FIS dissous. Une mani�re de d�mentir certaines rumeurs faisant �tat des intentions du pouvoir de faire participer le parti dissous ou certains de ses dirigeants aux consultations en question. Car lorsqu�il parle de �ceux que le peuple a exclus de la vie politique� il fait allusion au r�f�rendum de septembre 2005 pour la charte sur la r�conciliation nationale, tr�s explicite sur cette question, en effet. Se voulant rassurant, Bensalah indiquera, � ses interlocuteurs d�El Islah et � travers eux � l�ensemble de ses invit� � venir, qu��aucune limite n�est pos�e au champ de la consultation�, de m�me qu��aucun projet de texte ne vous est impos�. N�emp�che, il tient � pr�ciser : �Les th�mes de la consultation sont connus. Il s�agit de la r�vision de la Constitution et des textes l�gislatifs concernant, notamment, le r�gime �lectoral, les partis politiques, le mouvement associatif, le code d�information, la repr�sentation de la femme dans les assembl�es �lues, le code de wilaya, les incompatibilit�s avec le mandat parlementaire.� Il n�omettra pas cependant de sugg�rer : � Pour la commodit� de la consultation, je vous sugg�re, si cela vous convient, que nous �voquions d�abord la r�vision constitutionnelle et ensuite les textes l�gislatifs, objet de la consultation.� Il faut pr�ciser que chacun des interlocuteurs de Bensalah, parti politique ou personnalit� nationale, doit se pr�senter � la consultation avec un m�morandum portant ses propositions propres. Le chef d�El Islah d�clarera � l�issue des consultations que son parti �a remis un document contenant des propositions pour parachever les r�formes politiques ainsi que des propositions portant sur les m�canismes pour un dialogue s�rieux et pratique pour atteindre ces objectifs�. K. A. Mohamed Sa�d �vite le mot �changement� Mohamed Sa�d, chef du parti non agr��, le PLJ (Parti pour la libert� et la justice) et ex-candidat � l��lection pr�sidentielle d�avril 2009, a �t� la premi�re personnalit� nationale � se rendre, hier samedi dans l�apr�s-midi, � El Mouradia, pour un entretien d�environ une heure et demie avec l�instance de Bensalah. Consid�r� � juste titre comme l�h�ritier politique de Taleb Ahmed Ibrahimi, dont il �tait le directeur de cabinet pendant longtemps, Mohamed Sa�d verra son projet de parti tra�ner les m�mes soup�ons d�accointances avec l�ex-FIS comme le Wafa de son mentor. D�o� l�interdiction qui frappe son projet partisan au niveau du minist�re de l�Int�rieur, m�me si le concern� s�en d�fend syst�matiquement. �Je suis venu dire aux membres de la commission que, de mon point de vue, deux conditions devront �tre r�unies pour la r�ussite de la d�marche : que le dialogue soit guid� par des intentions sinc�res et qu�il prenne en consid�ration les aspirations exprim�es par notre peuple dans la rue ces derniers temps. Et s�il m�est difficile de conna�tre les intentions r�elles du pouvoir, je sais parfaitement, par contre, ce que veut le peuple �tant moi-m�me un enfant de ce m�me peuple. Et le peuple revendique quatre choses : la libert�, la justice, la s�curit� et l�am�lioration de sa condition de vie�, dira en substance Mohamed Sa�d devant les repr�sentants de la presse au sortir de l�audience avec ses interlocuteurs officiels. On notera, ici, le soin pris par l�invit� de Bensalah d��viter le mot �changement de r�gime� r�clam� par l�opposition depuis des mois. �Ces r�formes annonc�es, pour qu�elles r�ussissent, devront �tre men�es s�rieusement et non pas comme une sorte de r�ponses exp�ditives tout juste destin�es � r�pondre � une situation d�urgence.� La d�claration lue par Mohamed Sa�d ne s��loigne pas, fondamentalement de ce que disait, la matin�e, Abdelkader Bensalah, sur ce point pr�cis�ment. �Dans notre environnement r�gional, sont en train de s�op�rer des mutations importantes, estimait le pr�sident du S�nat. Parfois tragiques, elles mettent en p�ril la souverainet� et l�unit� nationale. Le peuple alg�rien, poursuit Bensalah, qui suit ces �v�nements, a lui-m�me ses propres revendications en termes d�approfondissement de la d�mocratie et de meilleure gouvernance. Revendications dont le pr�sident de la R�publique a reconnu la l�gitimit�. Dans sa sagesse, le peuple alg�rien a opt� pour un changement profond, mais un changement par la voie pacifique �. A signaler, enfin que, pour la journ�e de ce dimanche, l�instance de Bensalah recevra le Mouvement de la soci�t� pour la paix d�Aboudjerra Soltani et l�ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali.