V�ritable centre de rayonnement scientifique et culturel � vocation d�universit� dans les ann�es 60/70, l�ex-CEG d�Azazga a redor� son blason en accueillant lundi quelque 200 de ses anciens �l�ves, dont des femmes, venus de Beni-Douala, Tassaft Ouguemoun, Azeffoun, Bouzeguene, Mekla pour se revoir et se ressourcer 40 ans apr�s s��tre perdus de vue. Parler de cet �tablissement o� se forg�rent les esprits de timides enfants descendus tout droit de leurs villages cach�s dans la montagne pour faire leur bapt�me du feu avec la civilisation car ne sachant pas � l'�poque ce qu'�tait un pyjama, un dessert ou encore une brosse � dents, est un devoir de m�moire pour les organisateurs qui ont minutieusement pr�par� cet �v�nement pr�c�d� de rencontres pr�liminaires. Des hommages appuy�s ont �t� ainsi rendus aux professeurs coop�rants et alg�riens et � Rabia Mohand Arezki, ce directeur qui, � l�ouverture du coll�ge en 1961, assuma � lui seul tous les postes et toutes les disciplines, y compris de professeur d�arabe pour garantir l�ouverture du coll�ge qui forma des �l�ves devenus plus tard des cadres qui ont sauv� l�Alg�rie gr�ce aux ann�es de savoir et de lumi�re. Certains ont fait les grandes �coles d'Europe et des �tats-Unis. Il y en a m�me qui ont fait Sciences po avec Sarkozy, De Villepin et autre Fran�ois Hollande, fait St-Cyr, des �crivains, des m�decins, des �conomistes, une directrice p�dagogique � Montr�al... Pour l�anecdote, Rabia Mohand a m�me fait redoubler, pour l�exemple, sa fille, une brillante �l�ve coupable d�avoir enfreint le r�glement int�rieur en laissant copier une camarade de classe. �Vous avez z�ro et vous redoublerez votre classe �, lui avait-il lanc� publiquement. La petite phrase de Mohand Rabia �je vous avertis charitablement que, � partir d�aujourd�hui, toute absence sera s�v�rement sanctionn�e� a �t� longtemps reprise par les anciens �l�ves parlant avec �motion de leur �guide� dont ils ont compris la s�v�rit� aujourd'hui. Rabia Mohand faisait de sa vieille Fiat, gar�e dans la cour de l��cole, son bureau. Par un trou de souris creus� dans son journal, il faisait semblant de lire en observant tout mouvement dans son �tablissement qui obtint en 1968 100% � l�examen du brevet. Se relayant au micro, les anciens �l�ves, aujourd�hui de grands parents aux cheveux grisonnants pour beaucoup d�entre eux, �grainent leurs souvenirs avec force anecdotes : �Pour la premi�re fois qu�on faisait connaissance avec le riz au r�fectoire, on s�est rempli les poches de ce curieux mets qu�on ne voulait pas manger pour le jeter ensuite. Mais la situation s�est compliqu�e quand vint le tour du flan car on ne savait plus quoi faire pour s�en d�barrasser sans attirer l�attention.� Les professeurs coop�rants ont eu leur grande part d��loges. M. Bernardin, professeur de g�ologie, avait pr�dit un jour �si dans 20 ans vous vous retrouvez aux �tats-Unis et que vous �tes incapables d�identifier une roche, dites-vous bien que j�ai perdu une ann�e avec vous�. Vingt ans plus tard, un de ses �l�ves se retrouva aux Etat-Unis et identifia sans peine toutes les roches qu�il a trouv�es sur son passage. La visite de l�exposition des cahiers d�exercices, des interrogations �crites, des livres et des bulletins de notes ainsi que des photos de l��poque accentuait l�expression des regards embrum�s par l��motion. Un hommage a �galement �t� rendu aux filles pionni�res de la scolarit�. L�une d�entre elles revint sur cette �poque difficile o� la fille �tait dispens�e de sport et interdite de photo. Mais Rabia Mohand facilita leur int�gration en favorisant la mixit�. Dans l�apr�s-midi, un recueillement a �t� observ� au cimeti�re de Tizi Bouchene sur la tombe du directeur n� en 1916 et d�c�d� en 1992 par les anciens �l�ves qui pr�voient de se constituer en association sociale pour p�renniser l'�tablissement sur le devenir duquel ils se sont interrog�s devant les repr�sentants de la da�ra et de l'APC. �Revoir mes amis de la d�cennie 1960/1970 et mourir 1 000 fois�, cette phrase d�un ex-�l�ve originaire de Beni Douala illustre la ferveur de cette m�morable journ�e qui a permis aux anciens �l�ves de se revoir et de se raconter.