Le t�l�ph�rique de Skikda, lanc� simultan�ment avec ceux d�Alger, de Tlemcen et de Constantine, est celui qui illustre probablement le mieux le g�chis des programmes lanc�s sans �tudes pr�liminaires et de faisabilit�. On susurre m�me qu�� l��poque de l�inscription du projet, la Direction des transports de la wilaya de Skikda n�a �t� inform�e qu�au dernier moment. Le choix du site et du circuit a �t� fait en pr�sence du constructeur suisse et c�est ce dernier, en totale m�connaissance des lieux et de Skikda en g�n�ral, qui aurait fix� le circuit, selon une source proche du dossier. Il a �t� inaugur� en grande pompe par Amar Tou, le ministre des Transports, le vendredi 18 septembre 2009, apr�s de plus de deux ans de travaux qui ont d�but� en avril 2007. Le prix du ticket a �t� fix� � 20 DA pour un circuit de 1,7 km, trajet duquel les usagers n�auront gard� de souvenirs que les gourbis de Bouabaz et les terrasses des maisons de l�avenue Bachir- Boukadoum et de Mont-Plaisant. Deux monts ont �t� reli�s, Bouabaz et Bouyala, o� ont �t� implant�es deux stations, la station interm�diaire �tant la gare routi�re Mohammed-Boudiaf. Plusieurs monts auraient d� faire partie de l�itin�raire, car inclus dans l�extension exponentielle de la ville. Il s�agit de Zeramna, dans la zone sud, Stora, au nord, Boulekroud, Oued El Ouahche et Sidi Ahmed, au nord-ouest de la ville. Ce sont de grandes agglom�rations qui ont d�ailleurs un probl�me r�current de transport, notamment les trois derni�res cit�es. Certains ont propos� une desserte vers le centre-ville, o� le t�l�ph�rique desservira, � partir de la station de la gare routi�re Mohammed-Boudiaf, toute l�avenue Didouche-Mourad jusqu'� la place du 1er - Novembre. �Le t�l�ph�rique peut survoler, sans risque, les demeures du centre-ville, une altitude pas en de�� de 20 m�tres.� Id�e rest�e au stade de l�intention. Quotidiennement, on compte une centaine d�usagers, g�n�ralement des adolescents en couple qui l�utilisent pour les besoins que l�on sait. On est loin des pr�visions avanc�es initialement, � savoir transporter 2 000 personnes par heure et 10 000 par jour. Le pic est atteint les jours de l�A�d El Fitr principalement. Un constat a �t� tir� : on prend le t�l�ph�rique plus par curiosit� que par n�cessit�. Annuellement, ce moyen de transport r�alise un chiffre d�affaires de seulement 3 millions de dinars. Durant cette m�me p�riode, il faut assurer la masse salariale, de l�ordre de 7 millions de dinars, d�une quarantaine de personnes, dont 24 agents de s�curit� r�partis �quitablement sur les trois stations. Au bout du compte, aucun b�n�fice, l��cart � d�penser �tant garanti par les subventions allou�es � l�ETUS et les recettes g�n�r�es par les bus. Pas moins de 20 000 DA comme frais d�entretien et de maintenance sont inject�s par l�ETUS pour assurer sa �survie�. Le 1,5 milliard de dinars qui lui a �t� consacr� pour sa r�alisation par le groupement d�entreprises alg�ro-suisse Sapta/Doppel Mayer Garaventa sonne, avec le recul, comme une d�pense qui n�a �t� d�aucune utilit� publique. La preuve. Depuis 2 mois, les t�l�cabines de 7 places, et non de 15 comme ne cessaient de nous les pr�senter les concepteurs du projet, sont � l�arr�t. Ouvrons ici une parenth�se pour dire que les t�l�cabines se rapprochent plut�t des cabines � ski que de celle d�un t�l�ph�rique. Dedans, on suffoque. Selon notre source, c�est un licenci� en droit, travaillant pour le compte du m�tro d�Alger, ma�tre de l�ouvrage d�l�gu�, qui a �t� missionn� pour le choix de ce mod�le. C�est tout dire ! Fermons la parenth�se. L�arr�t est li� au retard dans le lancement des travaux d��pissurage, technique servant � raccorder durablement les deux extr�mit�s des c�bles affect�s par la dilatation. �Certes, la dilatation est un ph�nom�ne naturel, mais dans le cas de Skikda, cela a �t� pr�cipit�e par l�implantation trop distanci�e des deux pyl�nes de Bouyala, celui de la station et l�autre derri�re l�AWEM, ce qui a provoqu� un rel�chement pr�coce dans la solidit� du c�ble. D�ailleurs, en moyenne, la garantie requise pour atteindre la dilatation est de l�ordre de 5 000 heures de rotations, le c�ble de Skikda n�aurait pas tenu donc 2 000 heures�, nous explique un expert. Le projet, selon notre source, a �t� con�u sur mesure pour Garaventa. �On est oblig�s � chaque panne ou travaux quelconques d�attendre le d�placement de l��quipe suisse, qui, malheureusement, ne viendra pas ou viendra dans deux ans. Le contrat sp�cifie cela. Ce n�est pas le cas pour les bus, que nous g�rons �galement, ou le fournisseur belge Van Hool s�acquitte d�un montant pour l�immobilisation du mat�riel�, selon un cadre � l�ETUS, Entreprise de transport urbain de Skikda, charg�e de la gestion et de l�exploitation des bus et du t�l�ph�rique. Au registre des anomalies, un marin nous informe �galement que �la peinture sur les �l�ments m�talliques contre la corrosion marine n�a pas �t� bien trait�e�. �La pellicule a �t� de 3 microns seulement, alors qu�elle devait �tre de 9 pour bien r�sister � la corrosion. Cela induira � coup s�r un entretien sur des pyl�nes de l�ampleur de travaux sur un bateau. Et quand on sait que cela peut co�ter des centaines de millions de dinars, il faut s�attendre � d�autres pertes financi�res�, nous dira-t-il. Comment sauver le t�l�ph�rique ? Question lancinante qui m�rite l�apport de tout le monde pour que cet ouvrage soit rentabilis�. On attend que l�APC subventionne mensuellement � hauteur de 24 millions de dinars l�ETUS. On peut toujours r�ver. Il faut aussi d�molir les 1 326 gourbis de Bouabaz. Op�ration qui permettra de r�cup�rer quelques poches fonci�res o� on pourra, si la volont� existe, y am�nager un espace convivial qui aura pour finalit� d�inciter les gens � prendre le t�l�ph�rique pour se d�tendre en contemplant la mer. Vaste programme !