55 ans apr�s, le Congr�s de la Soummam continue d�alimenter les �crits historiques et les pol�miques. Si la plateforme qui a marqu� cette date historique a fait � l��poque objet de profondes divergences, plus d�un demi-si�cle apr�s, les vivants ne se sont pas encore concili�s avec les morts. L�int�rieur avec l�ext�rieur. Le militaire avec le politique ! Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - Ao�t 1956. La R�volution alg�rienne a atteint sa pleine maturit�. Un congr�s s�impose plus que jamais pour passer de la lutte clandestine � la lutte organis�e avec une strat�gie nationale et des objectifs bien d�finis. Apr�s une dizaine de jours de r�unions des principaux chefs de la r�volution � la vall�e de la Soummam, d�o� l�appellation Congr�s de la Soummam, le tout sera sanctionn� le 20 du mois par une plateforme. D�j� que le lieu et les acteurs qui devaient prendre part � la rencontre faisaient l�objet d�un grand d�saccord, avec la signature de ce que l�on appellera plus tard �la premi�re constitution alg�rienne�, le temps des guerres intestines aura bel bien retenti. Les dizaines d�ann�es qui ont suivi l�ind�pendance de l�Alg�rie n�auront pas suffi � refermer la plaie. Ahmed Ben Bella aura �t�, en effet, le premier � ouvrir le bal 46 ans apr�s (2002), sur le plateau de la cha�ne t�l�vis�e Al-Jazeera. L�ancien et premier pr�sident alg�rien d�chu, qui se pronon�ait pour la premi�re fois de l�histoire de l�Alg�rie, publiquement sur la question, avait qualifi� le Congr�s de la Soummam de �haute trahison�. Pire encore, il ira jusqu�� dire que ce m�me Congr�s, qu�il trouve injustement id�alis�, a d�vi� la r�volution du 1er Novembre 1954 de sa ligne de conduite et d��tre � la source des probl�mes que vit aujourd�hui le pays. Mais ce qui scandalisera le plus l�opinion publique c�est la charge faite sur la personne du martyr Abane Ramdane que Ben Bella a accus� de rouler pour le gouvernement fran�ais. L�ancien pr�sident alg�rien avait parl� d�une rencontre en 1957 � San Remo, en Italie, o� Abane Ramdane avait d�p�ch� Benkhada, Salah Louanchi et Temmam, qu�il pr�sente comme des centralistes, pour rencontrer Khider. Finalement, c�est Ben Bella, install� alors au Caire, qui fut d�sign� pour la rencontre. �Ces trois fr�res qui ont reconnu eux-m�mes cultiver des relations avec le gouvernement fran�ais sont venus m�annoncer que la France leur a demand� de constituer un nouveau parti politique, car il n��tait plus question de n�gocier avec le FLN. Abane les avaient lui-m�me envoy�s selon leurs dires�, dira Ahmed Ben Bella sur le plateau d�Al Jazeera. Ce dernier avait achev� son r�quisitoire par un : �Ceux qui �taient contre le d�clenchement de la guerre de la r�volution se sont retrouv�s aux commandes du pays � l�ind�pendance. Abane Ramdane, assassin� au Maroc en 1957, n�a pourtant pas surv�cu � l�ind�pendance. D�o� la question de savoir s�il n�avait pas sign� son acte de mort en initiant la charte de la Soummam. La femme de Abane Ramdane explique l�acharnement sur la personne de son mari par le simple fait que Ben Bella et les chefs qui �taient post�s � l��tranger voulaient � tout prix que le Congr�s se d�roule � l�ext�rieur du pays. Ajoutant � cela son opposition � la pr�sence des centralistes et des unionistes, alors que le martyr Abane, fin politique, avait compris que la force demeurait dans l�union et a favoris� la r�conciliation et l�assemblage. La femme de Abane Ramdane, r�pondant du tac au tac, soulignera en juillet 2002 dans les colonnes de la presse que la France voulait donner avant son d�part un chef � la r�volution alg�rienne, Ahmed Ben Bella en l�occurrence, �le plus b�te des chefs appel�s � diriger le pays � l��poque�, dira-t-elle. Huit ans plus tard, l�ex-ministre des Moudjahidine, Amar Bentoumi, viendra r�conforter les propos de l��pouse de Abane Ramdane en affirmant que Ben Bella qui avait pourtant re�u une invitation et plusieurs correspondances pour prendre part au Congr�s de la Soummam, voulait co�te que co�te faire d�placer la rencontre � l��tranger, plus pr�cis�ment dans la fronti�re franco-italienne. D�o� le conflit de l�int�rieur contre l�ext�rieur, le militaire contre le politique et m�me les vivants contre les morts. Les principaux architectes du Congr�s de la Soummam (Abane, Zighoud Youcef, Ben M�hidi, Amirouche�) sont pratiquement tous morts avant l�ind�pendance, certains dans des circonstances douteuses, qu�aujourd�hui certains t�moins de la guerre de la r�volution, des historiens ainsi que des personnages politiques n��cartent pas la piste de la liquidation. Le patron du RCD, Sa�d Sadi, avait tent� l�exp�rience � travers la publication, d�but 2010, de son livre �Amirouche, une vie, deux morts un testament�. Sa�d Sadi qui affirme avoir puis� dans des documents historiques, dont certains sont confidentiels, que �le terrible Amirouche de l�int�rieur, l�homme du maquis, a �t� livr� aux Fran�ais par Boussouf et Boumedi�ne, hommes de l�ext�rieur, de la guerre au-del� des fronti�res�. Ali Kafi, l�ex-colonel de la Wilaya II historique, l�un des rares r�volutionnaires qui ont surv�cu au Congr�s de la Soummam, avait �nergiquement r�agi en organisant une conf�rence de presse en mai 2010 pour d�mentir les propos de Sa�d Sadi qu�il a qualifi�s de contre-v�rit�. Ali Kafi est m�me aller � douter sur le timing choisi par le patron du RCD qui a publi� son livre au m�me moment o� la question de la repentance de la France pour ses crimes coloniaux se posait avec acuit�. Aujourd�hui encore, la pol�mique est loin d��tre termin�e, en attendant d�autres r�v�lations et peut-�tre avec preuves � l�appui.