A leur sixi�me rassemblement depuis le d�but du mois sacr�, organis� hier, devant le minist�re des Transports, les familles des marins otages en Somalie ne pleuraient pas uniquement l�absence tragique de leurs proches. Le silence et le m�pris de l�Etat sont autant de raisons valables. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - 21 ao�t 2011. Il est 10h. Les familles des 17 marins otages au large de la Somalie depuis d�j� huit mois ne sont pas venues chercher la fra�cheur qu�offre la for�t de Djenan El Mithak mitoyenne au si�ge du minist�re des Transports. C�est plut�t l�espoir d�avoir quelque bonne nouvelle qui les a men�es sur les hauteurs d�Alger. Devant le refus qu�a essuy� leur demande d�audience � un quelconque responsable, les familles ont brandi des banderoles et occup� l�entr�e du b�timent des transports. A chaque rassemblement ses slogans, et chaque jour de plus v�cu avec l�id�e qu�un �tre cher souffre captif loin des siens, inspire quelque nouveau ressentiment et nourrit le d�sespoir. Si la petite Rania, les larmes aux yeux, couverte de l�embl�me national, demande poliment � travers sa pancarte �Rendez-moi mon papa�, les autres pleurent plut�t le m�pris et d�noncent le silence incompr�hensible de l�Etat. Les familles des marins otages ne veulent plus entendre parler de l�affr�teur jordanien, seul habilit� � n�gocier avec les pirates somaliens, selon les autorit�s alg�riennes. C�est aupr�s des officiels qu�elles cherchent soutien et r�confort et la �tourn�e� des rassemblements devant les institutions concern�es a bel et bien commenc�. Si les actions de protestation, les marches et les sit-in restent le seul langage auquel le gouvernement pr�te l�oreille, les familles des marins otages l�ont bien compris. Dor�navant, � tour de r�le, chaque responsable concern� directement par l�affaire aura droit � un rassemblement sous la fen�tre de son bureau. Hier, c��tait le minist�re des Transports, mercredi prochain ce sera le tour du minist�re des Affaires �trang�res. L�option m�me d�un sit-in devant le palais d�El Mouradia reste fortement appuy�e par la majorit� des familles. Seuls le jour et l�heure n�ont pas encore �t� fix�s. Il est 11h � peine. La fra�cheur des bois de Djenan El Mithak se dissipe, laissant place � une chaleur torride. Les familles sont au plus fort de leur d�sespoir lorsque Amar Tou arrive pour rejoindre son bureau. Dans sa voiture, avec son chauffeur, le ministre passe sans daigner saluer les familles, pr�f�rant ainsi d�tourner le regard. Le geste n�est pas sans cons�quence sur ces c�urs d�j� fragilis�s par la captivit� depuis huit mois de leurs proches et le silence assourdissant des pouvoirs publics. C�est l�an�antissement ! Comme s�il fallait toucher tant d�amours-propres d�j� suffisamment bless�s. Les femmes �clatent en sanglots. Comme le ridicule, le m�pris s�il ne tue pas, torture par contre. �Pourquoi tant d�indiff�rence ?�, s�indignent-elles. �Il aurait pu descendre nous rassurer ou au moins compatir � notre douleur s�il n�a aucune nouvelle � nous apprendre. Nous sommes des citoyens alg�riens et son poste de ministre exige pourtant de lui une certaine �l�gance dans le comportement �, diront ces familles qui ont eu, malgr� tout, la sagesse de ne pas bloquer l�acc�s pour emp�cher le passage de la voiture de Amar Tou. Apr�s insistance, le SG du minist�re des Transports a finalement re�u quelques repr�sentants des familles des marins otages en d�but d�apr�s-midi pour finalement les orienter, pour la �ni�me fois, vers l�affr�teur jordanien. Retour � la case d�part !