De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Les priorit�s en Libye sont clairement et officiellement affich�es par la France : reconstruire tout en veillant au meilleur positionnement en r�compense de son engagement militaire. D�autres pays � � l�initiative de la France qui les qualifie �d�amis de la Libye � se retrouveront jeudi 1er septembre en conf�rence � Paris pour discuter de l�apr�s-Kadhafi. En attendant, le dictateur libyen n�a pas encore �t� retrouv�, et ce, malgr� l�appui des forces sp�ciales fran�aises et britanniques sur le terrain et les raids a�riens de l�Otan. Et c�est dans ce contexte que l�Elys�e aurait annonc� hier �le voyage � Tripoli, Benghazi et Misrata de Sarkozy et David Cameron (1er ministre britannique) d�s que Kadhafi aura �t� captur�. Pr�parer l�apr�s-Kadhafi lors de conf�rence du 1er septembre � Paris et �aller bien au del� du seul groupe de contact. Notre intention, c�est tr�s clairement d�inviter nos amis chinois, nos amis russes, nos amis br�siliens, les indiens�. Ce sont les propos de Nicolas Sarkozy qu�il tenait jeudi lors d�une conf�rence conjointe avec Mahmoud Jibril, premier ministre du Conseil national de transition CNT libyen, pr�sent � Paris, � l�invitation du chef de l�Etat fran�ais. Pour rappel, le groupe de contact cr�� lors des conf�rences de Paris puis de Londres en mars dernier �tait la structure de pilotage politique des op�rations militaires conduites par l�OTAN. Aujourd�hui, selon le point de presse du Quai d�Orsay de cette semaine et compte tenu de l��volution de la situation en Libye, �il est essentiel de r�affirmer la mobilisation de la communaut� internationale aux c�t�s du peuple libyen alors que celui-ci retrouve, enfin, la libert� et s�appr�te � construire son propre mod�le d�mocratique�. La reconstruction n�a certainement pas le m�me contenu selon que l�on se place du c�t� du CNT ou de celui de tous les pays qui s�appr�tent � prendre une part naturellement juteuse pour leur propre �conomie � � cette reconstruction. Mahmoud Jibril s�est d�men� tant en Italie qu�en France pour demander �une aide urgente de 5milliard de dollars� destin�e avant tout aux Libyens �n�ayant pas per�u de salaires depuis des mois�. En fait d�aide, il s�agit de r�cup�ration des avoirs de la Libye bloqu�s depuis le 26 f�vrier dernier par la commission des sanctions du Conseil de s�curit� de l�ONU. Ce dernier vient d�accepter justement jeudi de d�bloquer 1,5 milliard de dollars d�avoirs libyens apr�s qu�un accord de derni�re minute fut intervenu entre les Etats-Unis et l�Afrique du Sud, ce dernier pays n�ayant pas accord� jusque-l� de l�gitimit� au CNT non reconnu, qui plus est, par l�Union Africaine. Fort de ce d�but de d�blocage des avoirs de leur pays, les membres du CNT esp�rent relancer dans les deux semaines les exportations de p�trole pour leur faire atteindre leur plein r�gime d�ici un an. Alors que Ali Tarhouni, vice pr�sident du CNT et charg� des Finances et du p�trole , pri� de dire si les entreprises venant de pays n�ayant pas soutenu la r�bellion seraient p�nalis�es dans la reconstruction p�troli�re, r�pondait pas que je sache�, Moustapha Abdeldjallil, le chef du CNT, d�veloppait quant � lui un autre discours, jeudi : �Nous promettons de favoriser les pays qui nous ont aid�s, notamment au travers du d�veloppement de la Libye. Nous les traiterons en fonction du soutien qu�ils nous ont apport�.� La France peut, de ce fait, se frotter les mains. Le fait d�avoir, la premi�re, reconnu le CNT et qu�elle se soit engag�e militairement en Libye place ses entreprises en pole position dans la reconstruction. L�entreprise Total, le g�ant p�trolier fran�ais qui s��tait tr�s t�t � d�but mars � d�plac� � Benghazi pour soutenir les insurg�s attend et qui n�exploitait jusque-l� que 3% des 1,6 millions de barils jours libyens, va voir sa part du g�teau s��tendre. Il en est de m�me, selon le quotidien l�Humanit�, de GDF/SUEZ totalement absent jusque-l� et qui pourrait profiter du potentiel non n�gligeable en Gaz de la Libye. L�heure est donc au partage du g�teau et l�on est loin du souci de d�mocratisation pr�n� dans les tout d�buts de l�intervention. Tous ces calculs et ces vis�es de positionnement omettent de prendre en compte le patchwork id�ologique qui caract�rise le CNT et qui peut constituer une menace d��clatement de par l�absence de vision politique et sociale de la Libye de demain.