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MIS EN PLACE PAR LES UNS, REFUS� PAR D�AUTRES
Pont sp�cial A�d El Fitr
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 09 - 2011

Deux jours de travail par semaine ! Le r�ve d�un employ�, le cauchemar d�un patron. Et pourtant, cela s�est concr�tis� durant cette semaine. Un �pont� a �t� de rigueur dans de nombreuses entreprises, publiques et priv�es. Aujourd�hui, nombreux sont ceux qui ont profit� de ce week-end prolong� et ont laiss� leur chaise vide au bureau.
Cette tradition bien fran�aise qu�est de mettre en place le pont durant une f�te pour un week-end prolong� a encore de beaux jours devant elle en Alg�rie. Pour preuve, des patrons d�entreprises priv�es ont d�cid� d�accorder cinq jours de repos. Durant la journ�e de le�lat echek, des chefs d�entreprise ont envoy� une note souhaitant une bonne f�te de l�A�d El Fitr et annon�ant la reprise du travail dimanche prochain dans tous les cas de figure. �Que l�A�d soit un mardi ou un mercredi, peu importe, les employ�s ne reprendront le travail que dimanche prochain�, a confirm� un chef d�entreprise priv�e sp�cialis�e dans le secteur du BTPH. Il explique ce choix par le fait que les travailleurs tenteront de ne pas venir. �Au lieu d��tre frontal avec mes collaborateurs et de cr�er une ambiance tendue, je pr�f�re les mettre � l�aise. Par la suite, reconnaissants, ils se mettront plus s�rieusement au travail�, rel�ve-t-il. En somme, sa philosophie est : il vaut mieux donner de son plein gr� quelque chose qui ne co�te rien que beaucoup prendront malgr� eux pour convenances sociales. Ce n�est qu�un cas de figure parmi tant d�autres qui est loin d��tre celui d�autres chefs d�entreprise. �Le calendrier officiel a mis en place deux jours ch�m�s et pay�s. Pourquoi le remettre en cause et donner l�impression qu�il y a un laisser-aller ? Je suis contre cette pratique�, a affirm� un autre employeur activant dans le secteur des services. Ces employ�s sont dans l�obligation de venir sinon, la sanction tombera : cinq jours de ponction sur salaire. Idem pour une institution �tatique. �Je pensais partir au bled d�s la f�te de l�A�d pour profiter de ces trois jours et faire perdurer l�esprit zen et de vacances. Niet. Notre directeur g�n�ral a refus� cat�goriquement en avertissant que chaque absence sera rigoureusement relev�e�, a d�plor� Akila, employ�e qui pense d�j� comment grignoter quelques heures durant la journ�e de jeudi pour partir quand m�me au bled. �Je suis s�re que personne d�entre nous (les employ�s, ndlr) n�aura la t�te au travail. Ils seront loin d��tre productifs �, conclut-elle.
Solution m�diane
La poire a �t� coup�e en deux dans de nombreuses entreprises, notamment �tatiques. Une solution m�diane a �t� instaur�e pour ne pas frustrer les employ�s. Des directions g�n�rales de nombreuses entreprises �tatiques ont inform�, lundi, les travailleurs que si l�A�d El Fitr tombe mardi 30 ao�t, les employ�s feront le pont la journ�e du jeudi 1er septembre. Elle sera remplac�e par samedi 10 septembre. Au fait, la question du �pont� soul�ve moult interrogations chez les employ�s eux-m�mes. �Sinc�rement, je pr�f�re qu�il n�y ait pas de pont du tout. Cela donne l�image d�un pays en panne et qui ne veut pas travailler. Il faut que nous sortions de cet engrenage�, estime Malek, employ� dans une banque. Pour lui, il est tout � fait d�raisonnable de donner trois jours de repos pour l'A�d. Meriem, employ�e dans une multinationale, estime que c�est tr�s mal consid�r� par les �trangers. �D�s le d�part, ils ont une mauvaise image des Alg�riens. Si, en plus, nous donnons l�impression que nous n�aimons pas travailler, c�est tr�s mauvais pour notre image. Pour ma part, je pr�f�re venir travailler que de rester chez moi car en plus, il n�y a pas de loisirs ou des lieux de d�tente comme en France�.
Impact �conomique
L�impact �conomique de l�instauration d�un pont n�est pour l�heure pas d�termin�. En France, pays qui a cette tradition, le pont est l�occasion de booster le tourisme et encourager la consommation. Des formules adapt�es pour cela sont mises en place par les tour op�rateurs. Les infrastructures h�teli�res �tudient leurs prix en cons�quence pour encourager les employ�s � prendre ces longs week-ends. Pour cela, des propositions all�chantes sont faites directement aux chefs d�entreprise pour leur teambulding. D�s le d�but de l�ann�e, le calendrier officiel de ce pays instaure les week-ends prolong�s. Tous les acteurs de cette cha�ne mettent en place leurs offres pour r�pondre � cette demande. �Pour eux, l��conomie nationale continue de fonctionner m�me durant ce week-end prolong�. Elle n�est pas en panne. Nous ne devons pas copier uniquement le c�t� facile mais aussi prendre en charge l�autre facette pour pallier le manque � gagner�, conclut un �conomiste. En tout �tat de cause, si vous �tes au bureau aujourd�hui, ne regardez pas du c�t� des chaises vides. Tentez de vous concentrer le plus possible pour ne pas compter les heures de travail que vous devez encore �tirer�. Demain, vous serez au repos !
Meriem Ouyahia
La f�te� � la plage
Il �tait � peine onze heures du matin lorsqu�une premi�re puis une seconde sonnerie retentit chez Mohamed, suivi d�un tambourinage annon�ant l�arriv�e des enfants. Derri�re la porte, c��tait, effectivement, son fr�re Kamel, son �pouse et ses deux gar�ons qui venaient rendre � l�a�n� de la famille la traditionnelle visite familiale � l�occasion de l�A�d El-Fitr.
Mais, inhabituellement, la visite, cette ann�e, a eu lieu trop t�t ! D�ordinaire, elle est effectu�e en d�but d�apr�s-midi dans la foul�e de la tourn�e qui devrait, comme de coutume, conduire toute la petite famille de Kamel chez les oncles et tantes paternels et maternels. Mohamed, trois fois grand-p�re, ne croyait pas si bien penser. Rien que l�accoutrement de ses premiers visiteurs trahissait leur programme de la journ�e. Pantacourt, tongues, lunette en serre t�te� la famille n�est visiblement pas trop inspir�e par la tradition cette ann�e. Et Kamel ne s�en cache pas : �D�sormais, l�apr�s-midi, c�est � la plage que la f�te se poursuivra.� �Dans le coffre de ma voiture, la glaci�re, le parasol et les serviettes ont patient� tout le mois d�ao�t et je ne veux surtout pas rater les quelques jours de cong� qui me restent avant la reprise�, soutient, fermement, ce professeur de coll�ge pour qui le je�ne pendant la saison estivale, outre la soif, a �t�, aussi, celui de la privation de se baigner. Pour lui, l�A�d de cette ann�e se conjugue avec plage. �Nous aurions d� nous donner rendez-vous � la plage, du c�t� de la Madrague, Sidi Fredj ou Palm- Beach�, lance-t-il mi-s�rieux, mi-amus�. Il ne croyait pas si bien dire. Son neveu, lui, n�a pas attendu le c�r�monial des f�licitations et des s�ries de bises-bises. Avec les copains du quartier, il a fait l�impasse sur une autre tradition de la houma : celle de jouer un bon match de foot la matin�e de l�A�d. L�appel de la Grande Bleue �tait trop fort. A peine le temps de tronquer le kamiss sorti pour la circonstance contre un bermuda et un t-shirt qu�il sauta d�j� dans la voiture d�un voisin. Direction : Miramar. La bande de copains ne sera pas de retour avant 22h. Au programme : grillades improvis�es � m�me les rochers, jeux de cartes, un peu de p�che et beaucoup de� bonheur � l�id�e de se laisser bercer par les vagues.
De nouvelles habitudes
Ainsi, de nouvelles habitudes semblent prendre forme durant l�A�d El-Fitr 2011. Il faut dire qu�avec des temp�ratures oscillant entre 34 et 40 degr�s, nombreux sont les Alg�rois � �tre partis faire trempette le premier jour de cette f�te religieuse. A peine la tourn�e des proches achev�e que serviettes, maillots de bain et glaci�res ont remplac� costumes et bo�tes de g�teaux. Une premi�re pour beaucoup qui n�est pas si mal. �N�est-ce pas mieux que d�aller se griller sous le soleil de plomb d�un cimeti�re et de surcro�t pour se faire harceler par de faux mendiants ?! Et puis, c�est un jour de f�te !� lance � notre adresse Yacine, c�libataire, la quarantaine, s�appr�tant � rejoindre Bountah, un imposant �lot faisant face � la plage de R�gha�a. Pour ce jeune technicien en audiovisuel, ce week-end prolong� de cinq jours gratifi� d�un pont tombe � point nomm� apr�s un mois de Ramadan particuli�rement �prouvant non pas par l�obligation de je�ne mais par celle de travailler chaque soir jusqu�� l�aube dans des productions et des kheimates. Sur cette plage de l�Est alg�rois comme dans d�autres endroits, � l�instar d�Alger- Plage, D�ca-Plage en prolongeant jusqu�� Boumerd�s, les rivages ont retrouv� un public qui les a d�sert� vingt-neuf jours durant. Autre famille, m�me envie. Samia, m�re de trois enfants, rencontr�e � D�ca-Plage, dit avoir d�cid� au moment m�me o� se lisait le communiqu� des Affaires religieuses annon�ant l�A�d d�aller faire un tour � la plage. Quelle ne fut sa surprise de d�couvrir sur place qu�elle n��tait pas seule. Pour cette dame, l��t� �gal plage. �Nous avons beau tenter de sortir en soir�e, rien n�y fit. Il est tr�s difficile d�occuper des enfants durant toute une journ�e clo�tr�s entre quatre murs�, conc�de-t-elle.
Au bonheur des plagistes
S�il y a des heureux de cette affluence inattendus, ce sont bien les plagistes. Les rares qui sont venus par habitude ne le regrettent pas. A peine ont-ils observ� le mouvement au niveau des parkings qu�ils ont ressorti parasols, chaises longues, p�dalos et jouets de plage pour les enfants. Il ne manquait au d�cor que les vendeurs ambulants de beignets et de glaces. Le bouche � oreille a fait le reste et en un rien de temps, ils prenaient possession des lieux. Bien que les concessionnaires des plages de Boumerd�s aient travaill� en soir�e en am�nageant des espaces sp�cial familles, il n�en demeure pas moins que rien ne remplace l�affluence de la journ�e. �Je me r�signais � ranger les jouets, seaux, pelles et bou�es pour la saison prochaine ou tout au plus � les brader. Finalement, tout est en train de partir comme des petits pains�, Abdallah, qui affiche un grand sourire heureux de constater que l�argent r�colt� par les bambins dans la matin�e finissait dans son escarcelle. Son ami, Hamid, est tout aussi content de voir le retour de la grande foule mais il sait que dans quelques jours, tous reprendront le travail. Il se rend � l��vidence que ce n�est pas durant cette saison qu�il amortira le co�t des dizaines de parasols qu�il avait acquis en juillet. Qu�� cela ne tienne, il a d�j� augment� les prix de location pour r�duire ses pertes. Quant � Kamel, Samia et leurs familles, ils se sont promis de profiter des quelques jours d�avant la rentr�e scolaire.


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