De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari L�Union europ�enne le sait mais tarde � le d�clarer. Elle attend simplement le d�mant�lement des derni�res poches encore loyales � Gueddafi. Ce que sait Bruxelles ? Le CNT, organe de transition charg� de pr�parer l�apr�s-Gueddafi, est la vitrine politique de l�Islam radical. D�o� la bienveillance de Aqmi � son �gard. La bienveillance de Aqmi envers les seigneurs de la guerre au pays de Senoussi, les accointances des cadres du CNT avec la mouvance djihadiste et les premi�res moutures de la constituante indiquent, avec clart�, le visage de la Libye de demain. Si toutefois, Libye, demain, il y aura. Les provocations, le peu de cr�dibilit� et l�empressement du CNT � vouloir co�te que co�te changer la tradition diplomatique ne pr�disent rien de bien. Loin, loin, tr�s loin s�en faut. La Libye est, aujourd�hui, divis�e en trois. Une Cyr�na�que (Benghazi) aux mains d�insurg�s, sans visage mais avec barbe islamiste, sans femmes dans le mouvement protestataire et aux seuls mots d�ordre guerriers, djihadistes qui empruntent plus au film �Errissala� qu�� des projections soci�tales modernes. Une Tripolitaine (Tripoli et ses environs) entre les mains d�un chef militaire, Benhadj, fondamentaliste av�r�, djihadiste au caract�re brumeux et au pass� trouble (on dit qu�il aurait �t� retourn� par les Am�ricains et qu�il serait devenu leur taupe apr�s avoir �t�, pendant longtemps, leur ennemi vell�itaire et d�clar�). Benhadj a fait plusieurs ge�les am�ricaines pour, uniquement, disent les gorges profondes bruxelloises, d�un mot, les lobbies travaillant pour le compte d�Etats europ�ens pas favorables au CNT, pour uniquement soigner son CV aupr�s de ses compatriotes. A Tripoli, son ex-engagement antioccidental est all�grement mis en avant pour gagner en confiance et supplanter Gueddafi dans cette surench�re. Troisi�me entit� autonome, s�il en est, Misrata. Turcophone, aux traditions citadines, plus apte � accepter un Islam soufi que r�volutionnaire, dispos�e � collaborer avec l�Occident sur des valeurs portant la modernit� avec chou�a d�Islam, Misrata ou Moustrata comme l�appellent les Libyens, est, c�est vrai, visc�ralement anti- Gueddafi. Sa ranc�ur contre le Guide est plus d�ordre tribal que politique. Misrata n�a pas aim�, par exemple, que l�auteur du Livre Vert d�place le centre de gravit� du pouvoir vers Beni-Walid ou Syrte. Selon les Misratis ou m�me ceux de Benghazi, Beni-Walid, voire Tripoli sont des rustres, des va-nu-pieds (H�faya) que Gueddafi a honor�s injustement. Est-ce, sera-ce suffisant pour que le CNT, Gueddafi d�boulonn�, construise une Libye nouvelle, meilleure ? Pas �vident du tout, selon Bruxelles. Et � ce niveau, il faut accorder du cr�dit � Bruxelles. Pour, au moins, trois raisons. C�est la capitale de l�Europe, le si�ge de l�Otan et aussi, on a tendance � l�oublier, elle tient Tripoli � l��il. Et le bon. Zebbruge, nord du pays flandre, est le port p�trolier par o� transitent le plus de barils libyens, avec Rotterdam. Et Rotterdam, c�est tout proche, les Pays-Bas, c�est la porte � c�t� de �Bruxelles. Selon toute vrais-semblance, la Libye du CNT a d�j� ouvert une sombre page de son histoire, celle de la guerre civile, de la d�composition. D�un mot, l�irakisation. Bruxelles sait tout cela et sait aussi que le CNT n�est pas sortable. Du moins dans sa mouture actuelle.