La mise � mort de Mouammar Kadhafi est un crime de guerre. Les exactions de Kadhafi ne peuvent en rien amoindrir la gravit� de sa liquidation. Il �tait fait prisonnier, bless� et sans arme, il ne repr�sentait plus un danger pour ceux qui l�ont appr�hend� ; il �tait donc prisonnier de guerre ! Sa liquidation pourrait �tre mise sur le compte d�une impulsivit� attribuable � un instinct de vengeance. Mais elle pourrait, aussi, n��tre qu'une ex�cution froide dont le but est d'�viter un proc�s. Son jugement aurait pu �clabousser bien du monde, et Kadhafi prisonnier en vie devenait plus dangereux que Kadhafi vivant � la t�te d'un Etat ou d'une r�sistance. Ce danger existait pour tous ceux qui ont b�n�fici� de ses largesses, ceux qui ont ex�cut� ses ordres avec z�le, anticipation et prise d�initiative, avant de se d�couvrir opposants � la t�te d'un peuple en col�re. Le peuple libyen aurait gagn� � l'organisation d'un proc�s, tel n'est pas le cas de beaucoup au sein du CNT. Ce danger �tait tout aussi r�el pour beaucoup parmi les personnels politiques occidentaux. La Libye entame sa nouvelle �re de mani�re sanglante, comme si sa transition entre l�ancien et le nouveau r�gime se r�sumait � l��limination d�une famille. Les combattants du GICL, et leurs mentors au sein du CNT, ne badinent pas. Ils imposent leur empreinte sanguinaire � la r�volte libyenne, et maintiennent leurs vis-�-vis dans le CNT, ou dans la coalition internationale, toujours � la limite de la rupture. Ils sont dans une position d�alliance-d�fiance o� l�alliance ne peut �tre maintenue que si l�autre abdique continuellement devant leurs coups de boutoir. Quelle humiliation pour les Occidentaux, accul�s � accepter la d�claration pr�-constitutionnelle du CNT, o� la Charia est projet�e comme fondement du nouvel Etat libyen ; puis de se taire sur la liquidation du g�n�rale Youn�s, lui aussi tu� alors qu�il �tait aux arr�ts ; et enfin de faire la sourde oreille sur l�apologie du crime que Abdeljallil a �tal�e, la semaine derni�re, lors de la conf�rence de presse conjointe avec B�ji Ca�d Essebsi. Aujourd�hui, ils acquissent � un crime de guerre commis en direct sur les t�l�visions du monde entier. Quelle d�ch�ance pour ces �d�fenseurs de la libert� tenus par l�app�tit vorace de leurs compagnies p�troli�res. Cette humiliation est un comble. Celui qui vient d��tre assassin� �tait sous le coup d�un mandat d�arr�t de la CPI, et ses assassins ne doivent leur sauvegarde qu�� l�action du syst�me des Nations unies ! L�humiliation est celle, aussi, de Mahmoud Jibril, le la�c d�mocrate libyen. A chaque coup de boutoir du GICL et de ses pairs salafistes, il est oblig� de monter au cr�neau pour raccommoder la mince couche de vernis �d�mocratique � que sa pr�sence et celle de quelques-uns conf�rent au CNT. Le voil� en train de servir, � l�opinion internationale, la fable de la mort de Kadhafi dans un accrochage � quelque m�tre de l�h�pital de Misrata. Misrata pas Syrte ! Abdeljalil sait que pour le moment, l�heure n�est pas aux lauriers, mais aux couronnes d��pines, il s�efface devant le Shapour Bakhtiar libyen et le laisse monter au front jouer son r�le de faire-valoir d�mocratique du CNT. Demain, l�humiliation risque d��tre celle d�Alger, si elle r�pond aux injonctions occidentales et livre les membres de la famille Kadhafi � Ben Ghazi. Aucune garantie d�un proc�s �quitable n�existe � l�heure qu�il est dans ce pays au destin incertain. Si Alger venait � livrer A�cha et Anibal Kadhafi, dans le meilleur des cas elle contribuerait au r�le que joue actuellement Jibril. Pour autant, Alger ne devrait pas donner une forme d�immunit� � des personnes qui ont particip� aux d�rives despotiques de l�ancien guide libyen. L��quation n�est pas insoluble ; le sort de ces r�fugi�s �humanitaires� ne peut �tre du seul ressort de l�Alg�rie, qui d�ailleurs inscrit son initiative dans le cadre du droit international. Cette question ne devrait pas servir de levier de pression sur notre pays. La communaut� internationale doit assumer sa responsabilit�, � Alger de faire de sorte qu�elle soit assum�e. Le sort des Kadhafi pourrait �tre r�gl� au niveau du Conseil de s�curit� de l�Onu, du Haut Conseil aux r�fugi�s ou de celui des droits de l�homme. Livrer les Kadhafi � Abdeljalil, et Abdelhakim Belhadj, c�est les condamner � une injustice certaine, si ce n�est � une liquidation sommaire, et se rendre complice de crimes. D�ailleurs � l�heure qu�il est, le sort de l�autre fils de Kadhafi reste incertain, prisonnier ou pas du CNT ? Aurait-il �t� mis � mort lui aussi ?....