Le rôle du président de la République dans la fédération des efforts de lutte contre le terrorisme en Afrique hautement salué    M. Belmehdi préside l'ouverture de la 20e édition du Concours international du Prix d'Alger de récitation et de psalmodie du Saint Coran    L'Agence internationale de l'énergie (AIE) s'attend à des marchés tendus cette année    Le dialogue au lieu de la confrontation    Le Général d'Armée Saïd Chanegriha reçoit le chef des Forces de défense populaire ougandaises    L'entité sioniste a perdu la guerre    L'ADN de la classe politique ukrainienne (Partie III)    Emergence d'une forte avance chinoise dans ses capacités de guerre aérienne    Saâdaoui met en place la Commission nationale d'évaluation du niveau scolaire    Réhabilitation et mise en valeur des espaces verts    81 foyers raccordés au gaz naturel à Brabria    Alliance Algérie-Europe pour l'hydrogène vert    Générale de la pièce «Ech'Chabih»    Renforcement des mécanismes de financement, amélioration du cadre réglementaire et formation parmi les recommandations phares    Lancement de travaux d'aménagement de monuments historiques et de cimetières de chouhada    Tennis : Installation d'une commission d'homologation des infrastructures    Conseil de la nation : le groupe de travail chargé de l'examen des avant-projets de loi relatifs aux partis politiques et aux associations achève ses travaux    Muay thaï : L'Algérien Anane défie l'Ecossais Carrillo le 24 janvier    Du foot aux couleurs africaines    Incendie dans une station de ski à Bolu: le président de la République présente ses condoléances à son homologue turc    Le texte de loi relatif à la protection des personnes à besoins spécifiques renforce les mécanismes de prise en charge de cette catégorie    Ramadhan 2025: une abondance de produits agricoles grâce à une planification proactive    Le président de la République reçoit les membres du Bureau du Conseil supérieur de la jeunesse    Renouvellement des fédérations 2025-2028: des femmes à la tête de cinq instances sportives    ONU: Attaf rencontre à New York nombre de ses homologues de pays frères et amis    Poste et Télécommunications: lancement d'un concours pour le recrutement de 476 employés    Une délégation parlementaire inspecte des sites touristiques et archéologiques à Timimoun    CAN 2025: le tirage au sort le 27 janvier    Cyclisme/Tour de Mauritanie 2025 : la sélection algérienne à pied d'œuvre à Nouakchott    Mansouri préside à Johannesburg les travaux de la 9e réunion du Comité des points focaux du MAEP    Formation professionnelle: plus de 4.000 nouveaux postes pédagogiques offerts pour la session de février 2025 à Tébessa    Mostaganem: des programmes de développement au profit des communes de la daïra de Sidi Lakhdar pour plus de 1,3 milliard DA    Clôture des travaux du colloque national sur la sécurité de la mémoire nationale    Ramadhan: une rencontre sur l'organisation de la filière avicole et l'approvisionnement du marché    Journée nationale de la Commune    Caravane de formation sur les opportunités d'investissement et d'entrepreneuriat au profit des jeunes        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



R�PONSES � ABDELALI MERDACI ET MOHAMED MA�RFIA
Pourquoi accabler Houari Boumedi�ne ? 1re partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 10 - 2011


Par Ali Mabroukine, professeur d�universit�
�Les mauvaises intentions sont comme les billets de banque, il faut les poss�der soi-m�me pour les pr�ter aux autres.�
(Jean de La Rochefoucauld)
Il est non seulement l�gitime mais indispensable que l�histoire pass�e et celle plus r�cente de notre pays soit port�e � la connaissance aussi bien de nos compatriotes que des chercheurs des pays int�ress�s par l�Alg�rie. Cette histoire comporte des pages glorieuses, des �pisodes tragiques et une part ineffable d�ombre qui ne sont pas l�apanage de la soci�t� alg�rienne.
Cet exercice, malheureusement, perd de plus en plus de son int�r�t, voire de son impact, notamment sur les jeunes g�n�rations, victimes d�un enseignement de l�histoire qui confine � l�indigence et d�une culture de l�amn�sie, que favorisent grandement, il est vrai, la g�n�ralisation de l�utilisation des NTIC et la dictature intellectuelle de l�instantan�. Du coup, les jeunes, et les moins jeunes d�ailleurs, ne disposent plus de rep�res pour se situer dans le temps et ne sont plus en mesure d�interpr�ter les �v�nements qu�ils vivent aujourd�hui � l�aune des processus de maturation qui travaillent la soci�t� en profondeur et leur conf�rent leur signification et leur port�e. S�il convient de se r�jouir du nombre de monographies, autobiographies et autres t�moignages d�auteurs alg�riens et fran�ais parus ces derni�res ann�es, consacr�s � la domination coloniale et la guerre de Lib�ration nationale, force est malheureusement de constater que nos universitaires et chercheurs, non seulement ne les recommandent pas � leurs �l�ves, mais ne les utilisent m�me pas pour leurs travaux en les soumettant, au besoin, � leur propre critique. Par un des ces funestes paradoxes dont ne cesse de se nourrir l�histoire de l�Alg�rie, c�est au moment o� la parole s�est enfin lib�r�e, et que la censure �sans jamais avoir disparu � semble vouloir mettre un b�mol � ses oukases st�riles, que le nombre de lecteurs d�ouvrages d�histoire chute vertigineusement. Il est par exemple path�tique que les gar�ons et les filles, n�s un certain 5 octobre 1988, soient, pour la plupart, dans l�incapacit� d�attribuer une signification aux graves �v�nements qui se produisirent ce jour-l� et les suivants sur l�ensemble du territoire national. Pourtant, le nombre d�ouvrages, d�articles et de t�moignages parus sur cette p�riode n�est pas n�gligeable, en d�pit de la disponibilit� tr�s relative des sources, ainsi que des r�serves que continuent d�exprimer certains acteurs politiques de ce moment-l�, pour en relater la gestation et les mobiles complexes qui ont inspir� ce s�isme social. Cette mise au point �tant faite, il faut � pr�sent �voquer le pr�sident Houari Boumediene. En dehors de tout �v�nement comm�moratif (23 ao�t 1932, 18 janvier 1960, 19 juin 1965, 27 d�cembre 1978), l�ancien pr�sident alg�rien est une nouvelle fois la cible favorite d�un certain nombre de critiques. A quelques jours d�intervalle, l�universitaire �crivain Abdelali Merdaci (�La crise du livre et de la lecture en Alg�rie - L�indiscutable responsabilit� de l�Ecole r�form�e�, le Soir d�Alg�rie du 7 octobre 2011) et le moudjahid Mohamed Ma�rfia (�Tahar Zbiri- Houari Boumedi�ne. Les dessous d�un coup d�Etat manqu�, le Soir d�Alg�rie des 10, 11, 12 et 13 octobre 2011) ont cherch� � revisiter l�histoire de notre pays, en accablant le pr�sident Boumediene par le recours � des arguments, le plus souvent fallacieux, et une relation des �v�nements purement controuv�e. C�est en vain qu�on chercherait � d�coder le message subliminal qui se love dans ces deux r�quisitoires. On ne peut, en tout cas, s�emp�cher de penser que cette fa�on de revenir sur l�histoire de la p�riode 1960/1970 rel�ve d�une op�ration de r�visionnisme extr�mement dangereuse pour la m�moire collective, et, en m�me temps, ne grandit gu�re ceux qui s�y livrent ainsi, au m�pris de la v�rit� historique.
S�agissant de A. Merdaci (La crise du livre et de la lecture en Alg�rie. L�indiscutable responsabilit� de l��cole r�form�e, le Soir d�Alg�riedu 7 octobre 2011), il est permis de se demander si l�auteur ne confond pas tout simplement les p�riodes, les acteurs et les enjeux politiques qui font la trame de l��ge d�or du livre et de la lecture qu�il situe entre 1962 et 1976. Au chapitre des contre-v�rit�s qui risquent de laisser perplexe l�observateur qui conserve quelque souvenir de cette p�riode, la r�forme de l�enseignement voulue par Houari Boumedi�ne et dont Mostefa Lacheraf n�aura �t� que l��ph�m�re ex�cutant n�a en aucune mani�re d�grad� la qualit� de l�enseignement ; � tout le moins tel n��tait pas son objectif. On ne voit pas du reste quel int�r�t le pr�sident Boumedi�ne aurait eu � remettre en cause les �acquis de l��cole alg�rienne de 1962 � 1976�, puisqu�aussi bien c�est sous sa houlette et avec sa b�n�diction qu�ont �t� engag�es toutes les r�formes de l�enseignement entre 1965 et 1978. A. Merdaci fait grief aux responsables alg�riens d�avoir confondu langue fran�aise et colonialisme fran�ais. Ce faisant, il fait bon m�nage des pesanteurs de l�histoire et des causes profondes de la r�volte alg�rienne contre le colonialisme. L�arabit� et l�islamit� furent les deux principaux ressorts de la mobilisation par le FLN/ALN de millions d�Alg�riens �cras�s par l�ali�nation culturelle coloniale et quasiment r�sign�s � leur destin d��ternels domin�s. L�ensemble des textes fondateurs de la R�volution alg�rienne insistent sur la r�habilitation de la langue arabe au moment o� l�Alg�rie acc�dera � l�ind�pendance. Quel qu�ait �t� le responsable alg�rien, � ce moment-l�, et quels qu�eussent �t� ses successeurs, il leur aurait �t� impossible politiquement, moralement, id�ologiquement, d�abjurer les prescriptions consacr�es par les textes fondateurs de la r�volution et de ne pas r�habiliter la langue arabe. Le pr�sident Boumedi�ne ne pouvait, en aucune mani�re, violenter la symbolique identitaire alg�rienne, port�e non exclusivement, certes, par la seule langue arabe, mais que celle-ci irriguait depuis des temps imm�moriaux, quelque opinion qu�on ait de son aptitude � s�adapter aux �volutions scientifiques et techniques. Du reste, A. Merdaci admet que jusqu�en 1977, l�enseignement dispens� aux �l�ves alg�riens �tait de bonne qualit�, comme le d�montre l��quivalence des dipl�mes d�livr�s par les �tablissements scolaires alg�riens avec les dipl�mes europ�ens (notamment fran�ais). On voit mal le pr�sident Boumedi�ne tourner brusquement le dos � une politique d�enseignement qui avait fait la preuve de son efficacit�, permis la formation d�ing�nieurs et de techniciens d�un haut niveau et laisser esp�rer une rapide assimilation par les Alg�riens des technologies occidentales aux fins de les acclimater aux r�alit�s nationales. Mais ce qu�ignore ou feint d�ignorer A. Merdaci est qu�un rapport accablant sur la situation de l�enseignement en Alg�rie est remis au pr�sident Boumedi�ne dans le courant de l�ann�e 1976. Ce rapport pointe du doigt les effets pervers d�une g�n�ralisation indiscrimin�e de la langue arabe, la formation tr�s lacunaire des enseignants et la menace que fait peser sur toute l��cole alg�rienne la massification de l�enseignement scolaire (exigence, pourtant, on ne peut plus d�mocratique inscrite au fronton des Tables de la loi de la R�volution alg�rienne) d�s lors que 100% d�une classe d��ge devait obligatoirement �tre scolaris�e. On se demande sur quelle plan�te vivait alors A. Merdaci. S�agissant du contenu des programmes scolaires remodel�s � partir de 1977, le pr�sident Boumediene n��tait pas en charge de leur confection. On ne peut � la fois reprocher � l�ancien pr�sident de la R�publique d�avoir voulu s�occuper du d�tail de certaines r�formes importantes (R�volution agraire, GSE, processus industriel, etc.), et inscrire dans la colonne �passif� de son bilan les pr�tendus failles de la r�forme de l�enseignement � laquelle m�me le volontariste Mostefa Lacheraf n�avait gu�re �t� associ�. A. Merdaci qui nourrit une profonde nostalgie pour la p�riode o� on faisait lire aux �l�ves alg�riens Lamartine, Alfred de Vigny, Rimbaud, au titre des auteurs fran�ais ; Assia Djebbar, Yacine Kateb, Mouloud Feraoun, au titre des auteurs alg�riens, se trompe de cible. Le d�part des enseignants coop�rants fran�ais, au milieu des ann�es 1970, l�alg�rianisation de l�encadrement p�dagogique (� laquelle le pr�sident Boumedi�ne ne pouvait tout de m�me pas s�opposer), la g�n�ralisation de la scolarisation, la mont�e en puissance du courant islamo-conservateur (que d�autres que Houari Boumedi�ne ont cherch� � instrumentaliser pour faire pi�ce � la s�cularisation progressive de l�espace public) ; tous ces facteurs se sont ligu�s, au travers d�un processus lent mais irr�m�diable, pour marginaliser l�enseignement de la langue fran�aise au profit d�un enseignement de la langue arabe d�suet, inepte, archa�que dont le contenu s�inscrivait � rebours de l�option modernisatrice de la soci�t� en faveur de laquelle �uvrait le pr�sident Boumediene. En m�me temps, le rapport remis au chef de l�Etat d�plore la scolarisation interminable d�un grand nombre d��tudiants � l�universit� (12 � 14 ans pour achever une licence) ; ce qui conduit le pr�sident de la R�publique � instruire Abdelatif Rahal, nomm� en avril 1977, ministre de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique, d�instaurer un numerus clausus, non pas � l�entr�e de l�universit�, mais en cours de scolarit�, afin d��pargner � l�universit� alg�rienne une clochardisation in�luctable (devenue aujourd�hui r�alit�). Est-ce d�ailleurs un hasard, si � l�occasion du 4e congr�s du FLN qui d�signe, en janvier 1979, en la personne de Chadli le successeur de H. Boumedi�ne, Mostafa Lacheraf et Abdelatif Rahal furent vou�s aux g�monies avec une rare violence (ils furent tant�t trait�s de supp�ts de l�imp�rialisme et tant�t de francophiles d�g�n�r�s) de la part de ceux qui n�auraient jamais os� lever le regard sur le pr�sident Boumedi�ne ; tout cela avant que Chadli ne transmette le flambeau du secteur de l��ducation � M. Ch�rif Kharoubi et A. Brerhi qui prirent une part d�cisive, comme chacun le sait, � l�effondrement de tout le syst�me �ducatif, lequel sera d�ailleurs poursuivi avec un rare aveuglement par l�ensemble de leurs successeurs. Parce que le pr�sident Boumedi�ne voulait que l�Alg�rie se dot�t de tous les atouts pour se moderniser, lutter contre le sous-d�veloppement, acqu�rir les technologies les plus r�centes, il a d�cid� avec le courage que les historiens objectifs lui ont reconnu depuis longtemps de mettre un terme � une arabisation anarchique, voire irresponsable, qui aurait fini par balayer l�ensemble des artifices de l��cole alg�rienne, toute d�di�e aux humanit�s, selon les v�ux de Merdaci, mais qui ne s�adressait, en d�finitive, qu�� une minorit� tri�e sur le volet. L��cole alg�rienne, ch�re � notre professeur, n��tait qu�un ch�teau de cartes que la premi�re secousse a fait s�effondrer, d�s lors que le 4e congr�s du FLN avait d�cid� de remettre � l�honneur un processus pervers interrompu par le pr�sident Boumediene lui-m�me ; processus qui ne r�pondait pas seulement aux aspirations des �l�ves alg�riens et de leurs parents ; il compromettait, � terme, l�ouverture culturelle de l�Alg�rie sur le monde. En r�alit�, l�analyse de A. Merdaci manque de profondeur historique. La recherche de boucs �missaires, d�autant plus commodes qu�ils ne sont plus l� pour r�pondre de leurs choix, ne fait gu�re progresser la compr�hension de l��volution de la soci�t� alg�rienne dont le syst�me �ducatif n��tait sans doute que le plus embl�matique des microcosmes. Aucune soci�t� n�est manipulable � discr�tion. La d�termination politique, d�t-elle �maner d�un chef charismatique � la l�gitimit� incontestable, ne saurait � elle seule commander aux hommes et aux choses. La construction de l�Etat alg�rien reste encore � ce jour une entreprise fragile et r�vocable. Au lendemain de l�ind�pendance, c�est une formation historique et sociale fragment�e, �miett�e, segment�e, h�t�rog�ne, composite, dans laquelle les liens primordiaux tiennent lieu de ciment unificateur de la nation, dont vont h�riter les responsables alg�riens, sans que malheureusement une majorit� d�entre eux en aient eu une claire conscience. Il fallait concevoir de toutes pi�ces un syst�me �ducatif, coh�rent, complet, articul� � une soci�t� dont les cadres traditionnels avaient vol� en �clats durant la colonisation et capable de s�adresser � des citoyens dont les parents �taient majoritairement analphab�tes. Il fallait � la fois restituer � la langue arabe la place que les p�res fondateurs du mouvement national lui avaient d�embl�e assign� et faire sortir le pays du sous-d�veloppement. Il fallait � la fois promouvoir un enseignement de qualit� et d�mocratiser son acc�s aux cat�gories sociales qui avaient le plus souffert de la colonisation. Tel �tait, du reste, le message du 1er Novembre 1954 et telle �tait la feuille de route du Congr�s de la Soummam d�ao�t 1956. L�option qui a �t� faite � partir de 1962 jusqu�en 1977 r�pondait en apparence � cette double exigence, sauf que le ver �tait d�j� dans le fruit depuis longtemps, l�Alg�rie ne disposant pas de ressources humaines et mat�rielles suffisantes pour instaurer un v�ritable bilinguisme � l�usage de tous les enfants alg�riens scolarisables. A la fin de l�ann�e 1976, alors qu�il vient d��tre �lu pr�sident de la R�publique au suffrage universel direct, Houari Boumediene, dans une solitude impressionnante, d�cide de mettre un terme � l�arabisation. A sa fa�on, avec une dose de volontarisme sans doute excessive, dans la mesure o� elle prenait � revers la haute administration de l��ducation nationale, jusqu�alors instruite d�arabiser tous azimuts, passant outre les mises en garde du Dr Ahmed Taleb Ibrahimi alors ministre conseiller � la pr�sidence de la R�publique, mais aussi ancien ministre
de l�Education (dont la responsabilit� dans l��chec du processus d�arabisation est immense), il d�cr�te la mise en concurrence de la langue arabe (langue nationale et officielle) et du fran�ais (langue �trang�re assur�ment, mais langue de travail, de recherche et du progr�s scientifique), concurrence dont l�issue ne pouvait faire de doute, d�s l�instant que la langue arabe �tait pour l�essentiel cantonn�e aux sciences humaines et sociales et qu�elle �tait caract�ris�e par un enseignement scolastique du niveau le plus indigent. Une fois la d�cision prise de restaurer la langue fran�aise dans l�enseignement restait � �laborer le mode op�ratoire de la r�forme. C�est sur ce point qu�Abdelali Merdaci aurait gagn� � �clairer le d�bat. D�abord n��tait-il pas trop tard pour revenir sur l�arabisation en 1977 ? � cette �poque, 70% des �l�ves de l�enseignement primaire, moyen et secondaire sont enti�rement arabis�s, tandis que l�enseignement du fran�ais est d�j� r�duit � la portion congrue. Comment refranciser ceux qui s��taient d�saccoutum�s de la lecture de Rimbaud et comment franciser ceux qui entamaient leur scolarit� ? Avec quels programmes ? Quels enseignants ? Quel type d�apprentissage de la langue ? Il aurait fallu battre le rappel des coop�rants fran�ais install�s dans leur pays sans esprit de retour en Alg�rie, cr�er une acad�mie de la langue fran�aise, convaincre la France d�ouvrir des dizaines de centres culturels � travers l�ensemble du territoire national, mettre sur pied une gigantesque collaboration culturelle avec l�ancienne puissance coloniale, tout en la mettant � l�abri d�instrumentalisations politiciennes in�vitables. Un pari redoutable, insens�, diront certains. C�est, pourtant, ce � quoi semble se r�soudre le pr�sident Boumedi�ne, fort de sa r�putation de nationaliste ombrageux qui ne peut nourrir aucun complexe vis-�-vis des tenants d�une arabisation int�grale de l�enseignement et m�me de l�administration. Mais le pr�sident Boumedi�ne ne vivra encore que 17 mois apr�s cet indicible d�but de mutation du syst�me scolaire auquel le 4e congr�s du FLN donnera un coup d�arr�t d�finitif, en janvier 1979.
En ce qui concerne Mohamed Ma�rfia (�Tahar Zbiri-Houari Boumedi�ne - Les dessous d�un coup d�Etat�, le Soir d�Alg�rie des 10, 11, 12 et 13 octobre 2011), l�objectif de cet article est clair. Il est de pr�senter le colonel Boumedi�ne comme un dictateur, obnubil� par le seul exercice solitaire du pouvoir, �rigeant le principe de coll�gialit� en loi d�airain, avant de le pi�tiner, n�accordant une oreille attentive qu�aux membres du club restreint d�Oujda, m�prisant les moudjahidine de la premi�re heure au profit des officiers d�serteurs de l�arm�e fran�aise (ci-apr�s les DAF) dont il a fait la promotion � tous les niveaux de l�Etat. A suivre M. Ma�rfia, Houari Boumedi�ne n�avait pas de vision, sinon celle de la trace qu�il laisserait dans l�histoire. Il s�est jou� de tous les protagonistes des luttes d�appareil, de factions et de clans qui ont jalonn� l�histoire de l�Alg�rie depuis sa d�signation � la t�te de l�Etat-major g�n�ral (EMG), en d�cembre 1959-janvier 1960. Et sans doute que lorsque le pr�sident Boumedi�ne prit d�finitivement cong� de ses contemporains, le 27 d�cembre 1978, l�Alg�rie, toutes cat�gories sociales et toutes classes d��ge confondues, put, enfin, recouvrer sa respiration. Comme l�article, extr�mement long, de Mohamed Ma�rfia virevolte sans cesse d�une question � une autre, d�une p�riode � l�autre, d�une personnalit� � une autre, sans qu�un fil d�Ariane vienne les encha�ner et que, par ailleurs, l�anecdote caustique et jubilatoire y tient une place pr��minente, comme s�il est apparu insolite pour l�auteur que des chefs politico-militaires puissent avoir des �tats d��me comme tous les autres humains, c�est arbitrairement que j�ai choisi quelques points pour r�pondre � notre moudjahid. Je commencerai par les d�serteurs de l�arm�e fran�aise, l�itin�raire de H. Boumedi�ne au sein de l�ALN, ce qu�il en a �t� de la coll�gialit� au sein du Conseil de la R�volution, enfin du bilan que l�on peut dresser de l�action de Boumedi�ne � la t�te de l�Etat entre 1965 et 1978. Je mets naturellement au d�fi Mohamed Ma�rfia d�apporter la plus mince r�futation argument�e � mes assertions, toutes puis�es aux meilleures sources. Le moudjahid Ma�rfia n�avait nul besoin d�accabler H. Boumedi�ne pour faire le pan�gyrique du colonel Tahar Zbiri, homme estimable et respectable. Alors m�me que ce dernier ne cessait de vouloir se rapprocher d�A. Ben Bella qui l�avait nomm� � la t�te de l��tat-major, aux fins d�isoler H. Boumedi�ne, le futur chef de l�Etat alg�rien le maintiendra � ce poste, apr�s le redressement du 19 juin 1965, jusqu�au fatidique 14 d�cembre 1967. Et lorsque Tahar Zbiri exprimera ses multiples d�saccords avec H. Boumedi�ne sur des questions politiques, militaires et personnelles, ce dernier lui ouvrira sa porte et �coutera ses dol�ances. Qu�il ne les ait pas pris en compte pour infl�chir ses m�thodes de gouvernement est une autre affaire. Les fins de non-recevoir que H. Boumedi�ne opposera � son chef d��tat-major ne diminuent en rien la pertinence des options de Houari Boumedi�ne et, r�trospectivement, ne d�montrent pas la lucidit� dont aurait fait preuve, semble-t-il, Tahar Zbiri. La question n�est pas de savoir si Tahar Zbiri s��tait, � un moment ou � un autre, distanci� du style de Houari Boumedi�ne ou du choix de ses collaborateurs, elle est d�abord de savoir en quoi ce style malmenait les principes de la R�volution dont Tahar Zbiri se voulait l�avocat inlassable, ensuite en quoi les propositions de ce dernier (mais lesquelles ?) �taient de nature � remettre les pendules � l�heure et permettre la r�conciliation des fr�res ennemis. Mohamed Ma�rfia passe sous silence le fait que Tahar Zbiri respectait profond�ment le pr�sident Boumedi�ne et qu�il avait une grande admiration pour lui. En revanche, la mont�e en puissance des DAF, la confiscation de la d�cision politique non pas seulement par les membres du groupe d�Oujda, mais aussi par le DGSN, le colonel Dra�ra, le commandant de la Gendarmerie nationale, le colonel Bencherif, la soustraction au d�bat des orientations �conomiques et industrielles par Bela�d Abdesslam et l��quipe des industrialistes, s��taient conjur�es pour donner au chef d��tat-major le sentiment qu�il n��tait gu�re partie prenante dans le processus de d�cision.
En ce qui concerne les DAF
L�auteur de ces lignes n�a, a priori, aucune aptitude � en parler en parfaite connaissance de cause. Mais il y a l�histoire que tout le monde doit conna�tre. Le premier personnage politique � s�inqui�ter de l�audience des DAF aupr�s du colonel Boumedi�ne est un des membres du fameux �groupe des 22� qui a d�clench� l�insurrection du 1er Novembre 1954. Il s�agit de Zoubir Bouadjadj qui interpelle un jour, � l�Assembl�e nationale, le colonel Houari Boumedi�ne pour lui demander de s�expliquer sur le traitement de faveur qu�il est en train de r�server � des hommes ayant rejoint le maquis sur le tard, apr�s avoir d�missionn� de l�arm�e fran�aise, mais non sans avoir obtenu l�assurance, semble-t-il, que l�ind�pendance de l�Alg�rie serait imminente. H. Boumedi�ne eut cette r�ponse qui valait son pesant d�or : �De la m�me mani�re que ces hommes ont servi sous le drapeau fran�ais jusqu�� leur d�mission, ils serviront l�Alg�rie ind�pendante et formeront les futurs officiers de l�ANP.� H. Boumedi�ne aurait voulu laisser entendre, pour rassurer un auditoire majoritairement compos� de militaires historiques et de militants issus pour l�essentiel du PPA/MTLD, que ces DAF n��taient que des mercenaires � la solde de leurs commanditaires successifs, qu�il n�aurait pas utilis� expression plus appropri�e. Et l�on est fond�, aujourd�hui, � aller plus outre dans l�interpr�tation subs�quente de cet aveu, en se demandant si les DAF qui l�avaient �cout�, ce jour-l�, n�avaient pas convenu de pr�parer quelque coup de Trafalgar contre lui, au besoin en s�appuyant sur des officines �trang�res pour prix de sa condescendance et de son m�pris � leur �gard. Quelques ann�es plus tard, ce sera au tour du commandant de la 1re R�gion militaire, le colonel Sa�d Abid, dont la personnalit�, l�autorit�, le sens de l�organisation et le niveau intellectuel n�ont curieusement pas �t� mis en �vidence par M. Ma�rfia, de s�alarmer des pouvoirs accrus d�volus au colonel Abdelkader Chabou en qualit� de secr�taire g�n�ral du minist�re de la D�fense nationale et de l��mergence, irr�pressible, � ses yeux, des DAF aux postes de commandement de l�arm�e (S�lim Sa�di Slimane Hofmann, Mohamed Zerguini, Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Hamou Bouzada, etc.). H. Boumedi�ne lui prodigue quelques apaisements en lui rappelant notamment qu�il l�a d�sign� � la t�te de la plus importante r�gion militaire, que pas un seul des autres chefs de r�gion n�est issu de l�arm�e fran�aise, qu�il a besoin des DAF pour encadrer les officiers de l�ANP et assurer l�intendance, cependant que la connaissance que ces hommes ont des habitudes et des m�thodes de travail de l�arm�e fran�aise constitue un atout pour l�Alg�rie, au regard de sa strat�gie dans la r�gion subsaharienne et m�me, au-del�. Il ajoute, enfin, caustique, comme il lui arrivait de l��tre parfois, avec ses compagnons de route, que la plupart des colonels de l�ALN sont incapables de d�chiffrer une carte d��tat-major et qu�il leur faut donc consentir � passer la main, dans l�int�r�t m�me de l�Alg�rie. Ces arguments n�emportent pas l�adh�sion du colonel Sa�d Abid qui fait notamment valoir au pr�sident Boumedi�ne qu�il convient soit d�envoyer les �l�ves officiers se former et se perfectionner � l��tranger (Frounze, Odessa, Le Caire, Madrid, etc.) soit ramener des coop�rants �trangers en les faisant encadrer par des officiers sup�rieurs alg�riens. Ceci pos�, la seule question qui vaille est celle de savoir si les DAF avaient d�missionn� de leur propre chef, ayant acquis progressivement la conviction qu�il fallait d�ores et d�j� se mettre au service d�une arm�e alg�rienne ind�pendante (c�est certainement le cas des A. Allahoum, M. Allahoum, H. Khellil, A. Latr�che, S. A�t Messaoud�ne, tous aujourd�hui disparus et quelques autres) ou si, au contraire, ils n��taient pas une sorte de cheval de Troie des services secrets fran�ais dans l�appareil d�Etat alg�rien en gestation. Le d�bat a �t� ouvert par les historiens et certains hommes politiques au sujet du r�le cl� qu�a pu jouer un homme dans les sommets de l�Etat, � savoir le g�n�ral-major d�funt, Larbi Belkheir, une premi�re fois entre 1980 et 1992 et une deuxi�me fois entre 1999 et 2005 (ann�e o� il est exp�di� manu militari � Rabat, comme ambassadeur d�Alg�rie). Pour l�histoire, il est utile de rappeler que le pr�sident H. Boumedi�ne l�avait volontairement marginalis� vers 1975 en le nommant � la t�te de l�Enita, avant que le pr�sident Chadli ne le r�introduise dans les jeux de pouvoir, et ne lui remette, presqu�aussit�t, la gestion du traitement des dossiers les plus sensibles du pays, avec les r�sultats que les historiens scrupuleux ont d�j� �tablis. Sa�d Abid, moudjahid de la premi�re heure, s��tait battu pour une arm�e alg�rienne authentiquement nationale. La question n�est pas de savoir s�il avait tort ou raison. Il est seulement regrettable qu�il n�ait pas pu s�entendre avec le pr�sident Boumedi�ne ; il ne cessa de lui envoyer le colonel Zbiri qui partageait avec lui les m�mes appr�hensions � l�endroit de la mont�e en puissance des DAF. Le chef d��tat-major ne voyait pas d�autre issue � cette crise que d�engager une �preuve de force avec le pr�sident Boumedi�ne, alors que le patron de la 1re R�gion militaire �tait hostile � tout casus belli. Par un de ces cruels paradoxes dont l�histoire de notre pays n�est h�las pas avare, le premier est toujours de ce monde (que Dieu lui pr�te encore longue vie), alors que le second a disparu voil� bient�t 44 ans.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.