Cinquante ans apr�s sa mort, retenons que l�auteur du remarquable Peau noire et masque blanc fut l�un des rares dirigeants du FLN � avoir tent� de th�oriser la guerre de lib�ration nationale � travers deux livres - Les Damn�s de la terre et L'An V de la r�volution alg�rienne � et des articles et �ditoriaux dans El Moudjahid . Et qu'il avait pris conscience sans doute bien avant de nombreux dirigeants nationalistes que la guerre de lib�ration nationale d�passait le cadre de l'Alg�rie et du Maghreb et se gagnait aussi en Afrique en isolant le colonialisme fran�ais. Ceux, en effet, qui avaient pris l'initiative de d�clencher la guerre de lib�ration contre ce qui constituait le noyau dur de la colonisation fran�aise - l'Alg�rie coloniale - n'en ont pris conscience que tardivement (1). C'est en Tunisie, en 1957, comme cadre actif du FLN et l'un des membres de la r�daction d' El Moudjahid, que Fanon fait partie de ceux qui comprennent que la guerre de lib�ration alg�rienne va acc�l�rer le processus de la d�colonisation de l'Afrique sub-saharienne et inversement. Il fera alors naturellement partie de la d�l�gation du FLN � la premi�re conf�rence de l'Union des peuples africains � Accra au Ghana, aux c�t�s d�Ahmed Boumendjel et Chawki Mostefa�. Outre le Ghan�en Kwame N'Krumah et le Malien Mobido Keita, il connaissait bien le Camerounais Felix Moumi� et le Congolais Patrice Lumumba avec qui il s'�tait li� d'amiti�, avant que tous deux ne soient assassin�s. Les rencontres avec les dirigeants des mouvements de lib�ration africains se poursuivirent � Tunis o�, en janvier 1960, se tiendra la deuxi�me conf�rence de l'Union des peuples africains � laquelle il prendra une part d�cisive en tant que repr�sentant du FLN. Et c'est � Tunis, o� il d�nonce les �visages camoufl�s de la domination coloniale�, qualifiant l'Ivoirien Houphou�t Boigny d'�empereur d�l�gu� de l'ancienne m�tropole�, qu'il lance l'id�e d'un corps de volontaires africains pour se battre aux c�t�s des Alg�riens, tout en activant � l'�mergence de foyers d'insurrection � travers toute l'Afrique pour venir � bout de la domination coloniale. Nomm� ambassadeur du FLN � Accra, Fanon continue � croire en une r�volution africaine tout en mettant en garde contre la mont�e de ces bourgeoisies pr�tes � s'allier � l'ancien colonisateur fran�ais ou britannique. Proche des officiers de l'ALN (Arm�e de lib�ration nationale), dont le chef, le colonel Houari Boumedi�ne, l'invitera � animer des conf�rences-d�bats avec ses officiers, il se voit confier une mission : ouvrir un troisi�me front arm� � la fronti�re alg�rienne au Nord Mali. Une t�che dont Fanon s'acquittera alors qu�il �tait d�j� rong� par la leuc�mie. Hospitalis� aux Etats-Unis, il d�c�de le 6 d�cembre 1961, moins de trois mois avant le cessez-le-feu. Quand son corps est transf�r� en Tunisie, le GPRA (Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne) d�cide alors de respecter son v�u : �tre enterr� en Alg�rie. Une unit� combattante de l�ALN achemine la d�pouille de Fanon pour l�inhumer en Alg�rie, � A�n Kerma, dans la r�gion d�El Tarf. H. Z. (1) Cet article emprunte aux livres d'Alice Cherki, Fanon, portrait (Editions du Seuil. 2000), L'Alg�rie en armes de Slimane Cheikh (Editions OPU, Alger. 1981) et Frantz Fanon, Pour la R�volution africaine et L�an V de la r�volution alg�rienne (Editions Masp�ro).