La Révolution algérienne particulièrement, les luttes anticolonialistes en général, ont trouvé en Frantz Fanon le héraut qui sut porter loin la voix des opprimés qui pliaient sous les jougs de la colonisation et des occupations militaires. Les deux ouvrages de Frantz Fanon qui ont fait l'objet d'une réédition L'an V de la Révolution algérienne dont le titre originel est Sociologie d'une révolution (paru à la fin des années 50 aux éditions Maspero) et Les Damnés de la terre (publié chez le même éditeur en 1961) sont aujourd'hui des classiques du genre et explicitent le mieux les conditions qui étaient celles des peuples colonisés. La décolonisation, écrit Frantz Fanon dans Les Damnés de la terre, est toujours un phénomène violent. De fait, Les Damnés de la terre est considéré comme le classique de la décolonisation, celui qui a donné à voir comment les peuples de ce que l'on appelait alors le ‘'tiers-monde'' avaient commencé à reconstruire leur histoire. Histoires spoliées par la colonisation qui dépouilla les peuples de leurs terres comme de leur identité. Mais ce sont aussi ces combats pour la liberté et l'indépendance qui ont suscité une ‘'conscience nationale'' donnant aux peuples africains, notamment, de dépasser les clivages tribaux et claniques pour construire la nation. L'An V de la Révolution algérienne est en quelque sorte un bilan d'une Révolution qui a, au fil du temps, induit un changement radical des mentalités et de la manière d'appréhender les luttes de libération. A propos de L'an V de la Révolution algérienne M.Bouteflika écrit ceci: «Il est possible de lire l'an V de la Révolution algérienne comme une ‘'défense et une illustration'' de notre guerre de libération nationale à l'intention du public français. Cette piste de lecture, légitime au demeurant, est loin d'épuiser la richesse de l'essai de Frantz Fanon. L'importance décisive de ce texte est qu'il nous parle à nous, Algériennes et Algériens d'aujourd'hui. Il nous dit quelques vérités essentielles dont nous sommes, au fil du temps, devenus pour beaucoup peu ou prou oublieux».