Le traditionnel parcours de la m�nara � travers les principales art�res de la ville de Cherchell n�a pas eu lieu. �La m�nara est une tradition qui s�est perp�tu�e � travers les si�cles et qui constitue avec les processions, les chants et les psalmodies religieuses, le ciment culturel qui a su r�sister � la d�structuration de notre culture par les colons turcs et fran�ais�, nous explique un octog�naire �rudit cherchellois, ammi Abdelkader, qui ajoute : �L�origine de cette tradition telle qu�elle nous a �t� l�gu�e par nos arri�re-grands parents tire ses origines des environs du XVe si�cle, lorsque les premi�res familles andalouses d�barqu�rent sur notre c�te, fuyant l�inquisition chr�tienne d�Andalousie et d�Espagne. Cette inquisition espagnole dirig�e contre les juifs et musulmans d�Andalousie laissa un souvenir terrifiant. La c�l�bration du Mouloud Ennabaoui � Cherchell, tout en renfor�ant la foi, fut associ�e � des p�riodes de p�che f�condes. Nos anc�tres cherchellois dirigeaient la m�nara vers le port o� un bateau de p�che la transportait au large pour une randonn�e permettant au public d�admirer cette cierge du haut de la falaise.� Ainsi parlait- il avec une passion m�l�e de fiert� et de nostalgie ce Cherchellois. Le t�moignage du jeune Ali R. qui avait personnellement particip� aux procession de la m�nara � travers les rues de la ville est plus �loquent : �A l�occasion des f�tes du Mouloud, j�ai eu l�occasion de participer aux m�morables veill�es de Cherchell. Au-del� de 20h, cela permettait aux Cherchellois d�assister au transport d�un �norme cierge, surmont� d�un d�me g�ant appel� la m�nara, � travers les principales art�res, vers le port.� A Bou Haroun, un vieux marin patron de p�che s��vertua � nous relater une tradition �tonnante qui �tait en vigueur dans les ann�es 1950 dans le port de p�che de Khemisti. �Cette ancienne bourgade, cr�ation des colons italiens qui s�appelait jadis Chiffalo, alors essentiellement peupl�e de p�cheurs, est limitrophe de Bou Isma�l, dont la population d�Italiens et d�Espagnols avait adopt� un rite pour conjurer le sort, et permettre des p�ches heureuses. Ces derniers ont alors adopt� �Notre Dame des mers�, une statue de la vierge Marie, �uvre d�une artiste alg�roise, qu�ils ont immerg�e dans le port le 22 ao�t 1954. Cette statue, b�nie par L�on Duval, alors �v�que d�Alger, �tait cens�e, selon la croyance locale, apporter richesse et prosp�rit� aux marins italiens de Chiffalo�, raconte ce marin, en poursuivant : �Curieusement, nous avons appris en 1960, par la bouche m�me des p�cheurs italiens de Chiffalo, qu�en ao�t 1954, une statue similaire de la Vierge Marie fut immerg�e dans un port italien.� Ce vieux p�cheur rapporta ce qui se disait de bouche � oreille en ces temps-ci : �La statue immerg�e de Chiffalo donnait l�occasion aux familles italiennes de ce port, chaque dimanche, de jeter des fleurs et du pain sec autour de la statue afin de solliciter une p�che riche et heureuse.� Des habitants de Khemisti assurent ne pas apercevoir cette statue dans le port. Mais certains vieux marins de la ville soutiennent que la statue est immerg�e dans le port et qu�aujourd�hui elle est recouverte de sable. Mais revenons � la m�nara de Cherchell. Selon Mohammed Korchi, le pr�sident de l�Office du tourisme de Cherchell, ces soir�es majestueuses, qui ne sont plus d�actualit� aujourd�hui, visaient un autre objectif, �celui de promouvoir la v�ritable recherche de Cherchell El-Assila. Il convient de rappeler que c��tait � l�Office du tourisme de Cherchell que revenait, d�une mani�re informelle, l�organisation au profit des Cherchellois du parcours de la m�nara�. Quelques Cherchellois avaient interpell� M. Korchi pour relancer l�id�e du parcours traditionnel de la m�nara � travers les principales art�res de la ville. En guise de r�ponse, il reconna�t que, m�me si Cherchell n�a pas d�m�rit� de sa notori�t� artistique et de sa renomm�e culturelle, et que la m�nara est en passe de devenir un patrimoine immat�riel, cette manifestation ne saurait �tre organis�e cette ann�e � Cherchell pour des raisons �videntes li�es � l�organisation, l�encadrement et autres. S�agissant du rite li� aux manifestations de la m�nara, des Cherchelloises et Cherchellois se souviennent que �lors des ann�es pr�c�dentes, cette m�nara a �t� le clou des soir�es � Cherchell. Des milliers d�admirateurs nocturnes, hommes et femmes, ont afflu�, la plupart en famille, des wilayas limitrophes, Alger, Blida, Chlef et M�d�a, et des confins de la wilaya de Tipasa�. Des familles blid�ennes se souviennent aussi de cette majestueuse m�nara et racontent : �Telle une magnifique dame aur�ol�e assise dans un immense �crin et juch�e sur un char con�u pour la circonstance, la m�nara est promen�e � travers les art�res principales de la ville, en d�marrant du centre-ville, passant par les portes d�Alger et de T�n�s, pour enfin traverser la rue Abdelhak, sous les cris stridents des jeunes en liesse ou les youyous typiquement cherchellois des dames de la ville.� �C��tait beau�, nous affirme avec nostalgie cette famille alg�roise toujours pr�sente � ces manifestations. �La radio et t�l�vision nationales comme � l�accoutum�e �taient pr�sentes. Les cam�ras de t�l�vision �taient plac�es aux carrefours strat�giques pour ne pas rater l��v�nement�, m�me s�il est vrai que durant ces manifestations certains jeunes ont fait dans l�exc�s en manipulant des p�tards et des bombes anti-moustiques � la fa�on des mangeurs de feu, sans penser un instant que cela pouvait �tre dangereux.