Par Noureddine Boukrouh [email protected] Le grand po�te �gyptien Ahmed Chawki a grav� dans la m�moire arabe un vers que nous avons tous appris � l��cole : �Innama al oumamou al akhlaqou ma bakiat, fa in houm dhahabat akhlaqouhoum dhahabou.� (Les valeurs morales font les nations, si celles-ci disparaissent celles-l� dispara�tront aussi). C�est un tr�s beau vers, mais comme la po�sie en g�n�ral, il s�adresse � l��motivit� plut�t qu�� la raison. Il �tait destin�, comme la partie patriotique et hagiographique de son �uvre, � exalter le �Nous� national et musulman. Mais quand on s�empare de ce vers pour ce qu�il �voque comme repr�sentations mentales et le soumet au test de la r�alit� historique, on est �tonn� de constater que s�il a gard� de sa puissance �motionnelle, il a perdu de sa v�rit�. Il en est souvent ainsi de la culture arabo-islamique. B�tie sur l��motivit�, les sentiments, l�imaginaire et la cr�dulit�, elle cherche � subjuguer plus qu�� d�montrer, mais ses aphorismes ne r�sistent pas toujours � la r�alit� mouvante. De ce point de vue, le vers du Prince des po�tes n�est pas un th�or�me, comme l�ont cru des g�n�rations, mais juste un beau vers. Dans un po�me, on ne d�finit pas les mots qu�on emploie car ce ne sont pas des concepts. On fait m�me le contraire pour leur donner le maximum de sonorit�, de musicalit�, d�emphase et de flexibilit� � la rime, gages de leur beaut� et de leur succ�s futur. Si on ne conna�t pas avec pr�cision le contenu des �akhlaq� dont parle Chawki, on sait qu�elles sont restreintes dans la culture arabo-islamique aux seules valeurs religieuses. Aussi, c�est en inventoriant ce qu�il manque aux musulmans qu�on va comprendre pourquoi, apr�s les avoir propuls�s une premi�re fois dans l�Histoire, leurs valeurs morales s�av�rent impuissantes � leur donner un nouvel essor. Les nations occidentales ont chamboul� leurs �akhlaq�, les renversant t�teb�che et allant jusqu�� institutionnaliser le mariage homosexuel et la famille monoparentale, pourtant elles sont toujours l�, plus fortes qu�� l��poque de Torquemada et de Savonarole. Les m�urs ont �t� lib�r�es, les tabous bris�s, les instincts lib�r�s, mais ces nations ne se sont pas �croul�es en d�pit du ton comminatoire du vers de Chawki qu�on croyait valable pour tous les temps et toutes les nations. A l�oppos�, nous avons un autre exemple, celui des talibans quand ils �taient au pouvoir. Ils ne se sont occup�s pendant leur r�gne que des �akhlaq�, mais leur nation a �disparu �. Y a-t-il quelqu�un pour croire qu�ils la restaureront, grande parmi les nations, quand ils reviendront ? La conclusion � tirer de cette entr�e en mati�re est que si les valeurs morales sont r�duites aux seules m�urs et pratiques religieuses, elles ne suffisent pas pour assurer durablement un rang � une nation, � moins que celle-ci ne veuille d�lib�r�ment vivre comme au temps d�Abraham, les moines tib�tains sur les contreforts de l�Himalaya, ou sous les talibans lorsqu�ils auront repris le pouvoir car la culture th�ocratique en leur pays les r�clame urgemment. Nous avons vu le cas des nations qui ont �perdu� leurs valeurs religieuses sans dispara�tre, celui de la nation qui a pratiquement �disparu� tout en gardant et exaltant au plus haut point les siennes, mais il y en a un troisi�me, celui o� les valeurs morales existent et perdurent sans avoir besoin de s�incarner en une nation. C�est le cas des Juifs qui ont v�cu pendant deux mille ans dispers�s parmi les nations du globe et errant parmi elles comme le racontent les diverses versions de la L�gende du Juif errant. Ils n�ont pas voulu cette errance, elle serait une mal�diction tomb�e sur eux pour avoir tu� J�sus. Aujourd�hui encore, ils ne sont qu�une minorit� � vivre en Isra�l, cinq millions environ, sur un total d�un peu plus de vingt r�partis en diff�rents points de la plan�te. C�est la civilisation la moins pl�thorique de l�Histoire, mais c�est aussi la plus puissante, qui compte le plus de c�l�brit�s dans tous les domaines, qui exerce le plus d�influence sur la politique des Etats o� vivent, en petit nombre, ses ressortissants, et celle qui a obtenu je crois le plus de prix Nobel. Mais, et c�est peut-�tre un point � inscrire � l�actif du vers de Chawki, quand les Juifs ont voulu se doter d�une nation, c�est � partir de leurs valeurs qu�ils l�ont fait. Mais quelles sont ces valeurs ? Les pleurs devant le Mur des lamentations, le shabbat, le kasher, la barbe et la redingote ? Non, pas seulement. Les Juifs ont r�ussi � durer dans l�Histoire gr�ce � leur extraordinaire capacit� d�adaptation � tous les climats, toutes les races, toutes les religions, toutes les formes d�organisation sociale, tous les r�gimes politiques, tous les �v�nements dont les guerres, les r�volutions et les pogroms. Des divers bouleversements et retournements de l�Histoire, ils sont � chaque fois sortis les premiers arriv�s du marathon, les premiers de la classe, avec la m�daille d�or ou le maillot jaune. Ce ne sont pas leurs valeurs religieuses � elles seules qui les ont conserv�s � travers les �ges et les �preuves, ce sont aussi et surtout leurs valeurs intellectuelles, leur intelligence, leur endurance, leur efficacit�, leur go�t de l�effort et du travail bien fait, leur ouverture d�esprit, leur aptitude � innover, leur d�passement de l�horizon connu, leur tension vers le meilleur... Chaque Juif, Ashk�naze ou S�farade, porte en lui cet esprit rationnel et industrieux, cette culture de l�efficacit�, ces valeurs sociales et intellectuelles, o� qu�il soit. Et quand ils ont cr�� en 1948 l�Etat d�Isra�l sur la terre palestinienne, ils n�en ont pas fait un Etat th�ocratique, en remerciement � Yahv�, mais une d�mocratie. On a, dans ce lot de valeurs, une premi�re id�e de ce qui fait d�faut aux musulmans : ce qui ne figure pas dans la nomenclature de leurs �akhlaq� (conscience historique, sens collectif, efficacit� sociale et �conomique, ouverture d�esprit, aptitude � l�innovation, d�passement de l�horizon connu, tension vers le meilleur, adoption du syst�me d�mocratique...) Pour l�islamisme, n�a de valeur que ce qui est strictement religieux, que ce qui a �t� textuellement d�sign� par un verset ou un hadith, et tout acte, initiative ou pens�e qui ne d�coulerait pas en droite ligne de ces sources est rejet� parce qu���tranger aux valeurs islamiques�. Or, les valeurs morales d�une nation, d�une civilisation, ne recouvrent pas que ses valeurs religieuses. Si elle n�ajoute pas � ce capital initial les apports de l�Histoire, les outils intellectuels et techniques mis au jour par le progr�s, les applications de la science, les formes d�organisation modernes, elle est condamn�e � l�an�mie, � l�anorexie, au d�p�rissement. Les valeurs morales existaient avant l�apparition des valeurs religieuses, et existent dans les nations la�ques. Il n�est pas un groupe humain, horde, clan, tribu ou communaut� quelconque qui n�ait eu une morale inspirant et orientant le comportement de ses membres, m�me si elle n�est pas tomb�e du ciel. Cette morale, orale ou �crite, renferme des notions relatives au bien et au mal, � la bont� et � la m�chancet�, � l�altruisme et � l��go�sme, � la g�n�rosit� et � l�avarice, � la vengeance et au pardon, � l�humilit� et � la vantardise, aux vertus et aux vices, � l�exc�s et � la temp�rance, � la bravoure et � la l�chet�, � la justice et � l�injustice, � la propret� et � l�impuret�, � la libert� et � l�oppression, � l�honn�tet� et � la malhonn�tet�, � la dignit� et � la �hogra�� Leur cadre de vie, le niveau de pens�e atteint et l��tat de leur d�veloppement n�incitaient pas les soci�t�s traditionnelles � se hisser � des syst�mes de sauvegarde de leur nation plus sophistiqu�s parce que les vertus suffisaient aux exigences et aux �quilibres n�cessaires � leur vie. Le Code d�Hammourabi a mis en place les fondations de la civilisation babylonienne, le code de Solon a organis� la soci�t� ath�nienne et permis � sa culture de produire Socrate, Platon et Aristote, Confucius enseignait le respect des Anciens et des lois comme fondements de l�ordre et de l�harmonie dans l�empire du Milieu. C�est sur l�Esprit de Rome que la civilisation romaine s�est �difi�e et a dur� sept si�cles (autant que la civilisation musulmane avant la d�cadence). C�est la �virtue� que Machiavel, Montesquieu et tous les moralistes ont recommand� de mettre � la base des Etats pour qu�ils perdurent. Mais dans la longue vie d�une nation, il n�y a pas que la base et les fondations, il y a l��difice � �lever dessus et la maintenance qu�il faut lui assurer. Il devient alors indispensable d�utiliser les nouveaux �liants� et les nouvelles technologies de construction, et de r�viser r�guli�rement la r�sistance des mat�riaux et les normes antisismiques. Apr�s avoir v�cu pendant des mill�naires � l�ombre des seules valeurs religieuses, le monde a fait � partir du XVIIIe si�cle (avec la R�volution am�ricaine) le pari de la libert� dans tous les domaines pour garantir le bonheur, la cr�ativit�, la justice, le progr�s, la croissance et la d�mocratie. Il a fait le pari de la libert� dans la religion (libert� de conscience), la philosophie (libert� de pens�e), la morale (libert� des m�urs), l��conomie (lib�ralisme), la politique (pluralisme), la sociologie (diversit�), les m�dias (libert� d�expression)� Pour r�ussir son pari, il a mis au point de nouvelles valeurs en compl�ment de celles relatives aux m�urs avec en toile de fond l�id�e qu�en cas de crise de celles-ci, les nouvelles le maintiendraient attach� au char de l��volution et entretiendraient sa vitalit�. On peut les �num�rer : valeurs intellectuelles, valeurs sociales, valeurs civiques, valeurs �conomiques, valeurs nationales, valeurs professionnelles, valeurs d�mocratiques, valeurs universelles� L�Occident n�a pas �disparu� comme civilisation gr�ce � l�int�gration de ces valeurs aux anciennes. On peut encore les d�tailler : respect de la vie humaine, tol�rance des croyances diff�rentes, libert� de pens�e, d�expression et de cr�ation, s�curit� sociale, fiscalit�, justice impartiale, droits de l�homme, de l�enfant, de la femme et des animaux� Il a �lev� au m�me niveau le bien-�tre moral et le bien�tre �conomique, le savoir-vivre et le savoir-faire. Ses ressortissants sont �panouis, heureux, motiv�s, disciplin�s, anim�s par l�amour du prochain et l�esprit national. Si on avait besoin d�une caution islamique pour admettre ce raisonnement, il n�y aurait a pas de meilleure que celle provenant du Proph�te qui a dit : �Un Etat croyant mais injuste ne peut pas durer ; un Etat incroyant mais juste peut durer.� Et si l�on veut savoir ce que voulait dire exactement le Proph�te par �juste�, nous allons laisser parler un alem impartial, je veux dire �tranger au d�bat apparu depuis plus d�un si�cle sur l�islam et la modernit� ou l�islam et la la�cit�. M�h�met Ali, le p�re de l��gypte moderne, a envoy� en formation en France au d�but du XIXe un groupe de trente �tudiants �gyptiens encadr�s par un cheikh d�Al-Azhar, Rif�at At-Tahtaoui. La d�l�gation v�cut � Paris entre 1826 et 1831, ann�es pendant lesquelles le cheikh apprit le fran�ais et s�attacha � �tudier les valeurs de cette nation occidentale. De retour en �gypte, il a �crit un livre au long et po�tique titre qu�un traducteur, Anouar Louca, a eu la bonne id�e de ramener � trois mots, L�or de Paris. On y lit : �Ce qu�ils appellent la libert� et qu�ils d�sirent est exactement ce qu�on appelle chez nous la justice et l��quit� Le principe constant dans la vie fran�aise, c�est une recherche de la beaut�, non le faste, l�ostentation des richesses et la vanit� La pers�v�rance des Fran�ais � nettoyer leurs maisons et leurs v�tements est une chose extraordinaire� Le th��tre chez eux est comme une �cole publique o� s�instruisent le savant et l�ignorant� � Ce qu�il convient de noter avec attention, c�est que, selon le cheikh, la �libert� chez les Fran�ais �quivaut � la �justice� et � �l��quit� dans l�islam. On est donc fond� � en d�duire que le terme �juste� employ� par le Proph�te dans le hadith a le m�me sens que �libert� et ��quit�. Rempla�ons maintenant les mots utilis�s par le Proph�te par ceux utilis�s par Tahtaoui et relisons le hadith. Il devient : �Un Etat croyant mais o� ne r�gnent pas la libert� et l��quit� ne peut pas durer ; un Etat incroyant mais o� r�gnent la libert� et l��quit� peut durer�. En une phrase donc, le Proph�te nous livre une philosophie de l�histoire qui nous permet de comprendre pourquoi la civilisation occidentale � ou toute civilisation fond�e sur la libert� et l��quit� � peut durer, m�me si elle perd ses valeurs religieuses, alors que la civilisation musulmane est sortie de l�histoire alors m�me qu�elle n�a pas perdu les siennes. Si l�on veut pousser plus loin le raisonnement, rappelons-nous que le Proph�te a parl� d�Etat �croyant� et �incroyant�. Il a clairement dit qu�un Etat incroyant (donc ath�e ou la�c) peut exister et durer s�il repose sur la justice, la libert� et l��quit�, et qu�un Etat croyant (l� il vise forc�ment l�Etat islamique) n�a aucune chance de durer s�il ne repose pas sur la justice, l��quit� et la libert�. Conclusion de cet �ijtihad� : le Proph�te croyait � la libert� et a pari� sur elle dans ce hadith et dans plusieurs autres que j�ai rapport�s r�cemment, comme l�a fait le monde depuis le XVIIIe si�cle. Enfin, il montre le chemin � suivre � qui veut b�tir une nation p�renne : l��lever sur les id�aux de justice, de libert� et d��quit�. S�ils avaient �t� p�n�tr�s de cet esprit, Ben Ali serait aujourd�hui chez lui, Moubarak en libert� et Kadhafi en vie, et il n�y aurait pas eu de r�volutions arabes. Mais ne dit-on pas que les �mes sont �bi yadillah� ? La Chine bouddhiste, le Japon shinto�ste, l�Inde hindouiste et l�Etat d�Isra�l juda�que sont de vieilles nations-civilisations. Pourquoi sont-elles revenues � l�histoire, fortes et conqu�rantes, mais pas la juv�nile civilisation musulmane ? Parce que ces civilisations, sans perdre leurs valeurs anciennes, leurs croyances et pratiques religieuses, ont d�velopp� les autres cat�gories de valeurs dont on a parl�, renfor�ant leurs sources d��nergie psychique, r�veillant leur dynamisme social et boostant leur efficacit� sur tous les plans : �conomique, technologique, culturel, militaire� Ces nations-civilisations poss�dent, par ailleurs, un sens du patriotisme et un attachement � la notion d�Etat que ne poss�dent pas au m�me degr� les musulmans qui ne reconnaissent d�all�geance r�elle que celle due � Dieu. On voit avec quelle d�sinvolture l�islamisme et le terrorisme tuent leurs fr�res, divisent leurs peuples, se retournent contre leur pays, ou le morc�lent. Les musulmans sont l�unique ancienne civilisation � n�avoir pas r�alis� sa renaissance parce qu�ils n�ont pas renouvel� leur stock-id�es, parce qu�ils cherchent dans le pass� au lieu de chercher dans le pr�sent, parce qu�ils ne bougent que pour reculer, parce qu�ils compriment au lieu de lib�rer alors que le Coran leur a dit �Yassirou wa la tou�ssirou� (�simplifiez au lieu de compliquer �) et que le Proph�te les a, d�s le d�part, mis � l�aise : �Ce qu�il y a de meilleur dans votre religion est ce qu�il y a de plus doux.� La formule de renaissance �trouv�e� par l�islamisme est fausse, c�est une combinaison qui n�ouvre aucune serrure. Avec lui, ce n�est pas l�islam originel qui a des chances de revenir, renforc� par les valeurs modernes, la libert� et l��quit�, mais celui de la d�cadence, du maraboutisme, des peuples que les charlatans rassemblent et que les coups d�Etat dispersent. Les nations-civilisations que j�ai cit�es ne sont pas revenues avec leurs anciennes conceptions du monde et de la vie sociale, mais avec des repr�sentations mentales, des institutions, des syst�mes �ducatifs et des politiques r�nov�s de fond en comble. On peut occuper l�esprit des gens avec le d�bat sur les valeurs religieuses autant qu�on veut, mais si elles ne sont pas coupl�es avec les valeurs sociales, intellectuelles, politiques et �conomiques universelles, �a donnera toujours l�Afghanistan des talibans ou, au mieux, l�Iran de l�imam infaillible. Je ne dis pas la Turquie d�Erdogan, car, comme je l�ai assez d�montr� dans les pr�c�dentes contributions, elle a bon gr�, mal gr� int�gr� � son moi moderne ces valeurs. Je ne dis pas non plus la Malaisie o� existent d�importantes et industrieuses minorit�s repr�sent�es au Parlement et au gouvernement � c�t� des 50 � 60% de Malais musulmans (la chinoise � presque 30% et l�indienne pour le reste). Les communaut�s qui tiennent � n��tre r�gies que par leurs valeurs religieuses ont vocation � devenir des sectes, des ordres mystiques, des zaou�as, comme il en pullule en marge de toutes les religions, et non des puissances plan�taires. C�est au nom de leur code d�honneur que les Samoura�s ont disparu : ils ne se sont pas r�sign�s � la renaissance �Me�ji� � laquelle �tait accul� le Japon dans les ann�es 1860. S�agissant des m�urs, il n�y a pas un seul p�ch�, un seul vice, une seule abomination au monde qui n�existe chez les musulmans. La diff�rence est que les Occidentaux ont choisi de les traiter en pleine lumi�re, d�en parler, de les �tudier, de les montrer, pour les comprendre, les soigner ou les punir, alors que les musulmans font tout pour les nier, les cacher, les ensevelir sous une montagne d�hypocrisie de telle sorte que ces maladies ou ces crimes ne soient ni soign�s ni punis. C�est dans un tel climat de mensonge, de dissimulation, donc de permissivit�, que les tares prosp�rent. Pour la mentalit� islamiste, une tare est � moiti� pardonn�e si elle est bien dissimul�e sous le voile de la �pudeur� (astar mastarallah !) Alors que l�Occident a d�velopp� la psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse et diverses th�rapies pour vider l�inconscient de ses complexes, de ses traumatismes et le lib�rer de ses addictions perverses, les musulmans trouvent plus conforme � la morale de les recouvrir du plus grand secret. L�important � leurs yeux n�est pas que ces choses ne doivent pas exister, mais qu�on ne les montre pas. L�Occidental s�est lib�r� de ses frustrations et de ses fantasmes, tandis que le musulman continue � couver les siens, � les subir ou � les infliger � autrui. Et les islamistes sont tout fiers de pr�senter ces artifices comme �tant les �valeurs sup�rieures de l�islam�. Les musulmans ont, certes, la zakat, le kharadj et autres d�mes, mais ceux-ci n�ont pas pris le caract�re institutionnel des �pr�l�vements obligatoires�, gr�ce auxquels les Etats occidentaux financent les d�penses publiques, le service public, la politique sociale, les allocations-ch�mage, la redistribution des richesses entre leurs citoyens, ainsi que la conqu�te de l�espace � la recherche d�une plan�te habitable pour le cas o�. La zakat est rest�e telle qu�elle a �t� �dict�e il y a quatorze si�cles, laiss�e au bon vouloir des bonnes �mes et � la mis�ricorde qu�elles peuvent �prouver envers les pauvres � l�approche des f�tes religieuses. Et quand on y regarde de plus pr�s, cette mis�ricorde n�est qu�un investissement dans des valeurs-refuge, de l�argent plac� dans le compte-�pargne des �ha�anate� dont les islamistes connaissent la tarification : tant pour telle action, tant pour telle autre� On esp�re en tirer beaucoup plus dans l�au-del�. Le commer�ant islamiste et l�industriel musulman (l�, le moderniste est totalement d�accord avec l�islamiste) font tout pour se d�rober � l�imp�t sous pr�texte qu�il n�est pas �halal�, qu�il est une �bid��, pr�f�rant le syst�me du �donner de la main droite ce que la main gauche doit ignorer� au titre de la charit� ou de la corruption des fonctionnaires. La �kammou�a� comme on dit chez nous, et ni vu ni connu. Dans la mentalit� musulmane d�cadente, l�enrichissement sans cause est un �rizk min �ndillah�, pourvu qu�il soit purifi� par quelque menue monnaie donn�e � la mosqu�e en construction du coin ou du douar d�origine. Le citoyen occidental, lui, est oblig� de verser, �bla mziytou�, � l�Etat la moiti� de ce qu�il gagne, et il ne peut y �chapper. Il le fait selon le syst�me d�claratif (tatawwou��n minhou), car l�Etat a les moyens de d�tecter toute infraction et de la sanctionner de telle sorte que le contrevenant ne soit plus tent� de recommencer. Son train de vie est surveill� par le fisc, et il doit r�pondre du moindre enrichissement sans cause d�cel�. Ind�pendamment des actes de charit�, de bont� et de l�aum�ne qu�il peut accomplir par ailleurs � et qu�il accomplit r�ellement � notamment envers les populations musulmanes frapp�es par un tremblement de terre ou la s�cheresse dans tel ou tel pays. Conna�t-on des organisations humanitaires islamiques allant au secours de non-musulmans pauvres, ou frapp�s par le malheur ? Pas � ma connaissance. Pour les islamistes, ce serait subventionner le �kofr�. Il n�y en a d�ailleurs m�me pas pour les musulmans eux-m�mes. Aucun verset ou hadith n�ayant mentionn� les ONG, pourquoi se lancer dans une �bid�� ? Imaginons le Proph�te revenu incognito parmi nous, et r�p�tant devant un auditoire islamiste ce qu�il a dit dans le hadith cit� plus haut. Il serait excommuni� sur-lechamp. Lui, qui a �t� l�Elu de Dieu, ne serait pas �lu s�il se pr�sentait � une �lection face � un candidat d�Al-Nour en �gypte, d�Ennahda en Tunisie ou du FIS en Alg�rie. Mohamed Abdou a �crit en 1877 dans sa Rissalat at-tawhid ces lignes fl�trissant l�islamisme � travers les si�cles : �Les ignorants furent victorieux� Ils d�truisirent le peu qui restait du rationalisme coulant de source musulmane et s�engag�rent dans des voies tortueuses� Ils chass�rent la raison de son domaine et ne discut�rent qu�en traitant les gens d��gar�s et de m�cr�ants� Leurs langues prof�r�rent des mensonges en disant : �Telle chose est licite et telle autre ne l�est pas�, �ceci appartient � l�h�r�sie et cela � l�Islam �. La religion est au-del� de ce qu�ils s�imaginent, et Dieu, qu�Il soit exalt�, est au-dessus de ce qu�ils pensent. Mais grande fut l�atteinte port�e � la grande masse dans sa foi et dans les sources m�mes de sa vie spirituelle par cette longue folie, ces nombreuses attaques, ce grand mal et ce malheur g�n�ral�.