Judo / Open Africain d'Alger : large domination des judokas algériens    Chargé par le président de la République, M. Rebiga participe à Managua à la cérémonie d'investiture du Commandant en chef de l'Armée du Nicaragua    Athlétisme / Meeting en salle de l'Arkansas - 400m : nouveau record d'Algérie pour Mouatez Sikiou en 46:46"    Oran: ouverture de la 2e édition du Salon du commerce électronique et des services en ligne    Le RND salue les réalisations économiques et sociales de l'Algérie nouvelle    Transport aérien: Sayoud met en avant les efforts pour le renforcement de la sécurité de l'aviation civile    Le président de la République procède à l'inauguration de l'usine de dessalement de l'eau de mer "Fouka 2" dans la wilaya de Tipasa    Foot/ Ligue 1 Mobilis (17e J) PAC-MCA : le "Doyen" pour creuser l'écart en tête    Statut particulier du secteur de l'Education: réception des propositions de 28 organisations syndicales    La Protection civile organise à Djanet une manœuvre en milieux sahariens périlleux    Pluies orageuses sur plusieurs wilayas à partir de samedi soir    Bataille de Foughala à Batna: le jour où la bravoure des moudjahidine a brisé le siège de l'armée française    L'ONU exprime sa préoccupation face à la poursuite de l'agression sioniste en Cisjordanie occupée    Boughali reçu au Caire par le président du Parlement arabe    Rebiga à Managua pour participer à la cérémonie d'installation du Commandant en chef de l'Armée et du Commandant général de la police du Nicaragua    Cisjordanie occupée: l'agression sioniste contre la ville de Jénine et son camp se poursuit pour le 33e jour consécutif    RDC : Le groupe terroriste M23 fait obstacle aux aides humanitaires    Loin de ses potentialités, l'Afrique doit améliorer sa gouvernance    Un portail électronique pour prendre en charge les requêtes des citoyens    Les candidats appelés à respecter l'éthique des pratiques politiques    Football : Clôture de la formation de la licence CAF A pour les anciens internationaux    MCA – Orlando Pirates d'Afrique du Sud aux quarts de finale    Coupe du monde 2026-Qualif's : Botswana-Algérie le 21 mars à 15h    Un Bastion de l'Élite    Campagne de sensibilisation destinée aux femmes rurales    Les colons profanent la Mosquée Al-Aqsa    Arrestation de trois narcotrafiquants    Saisie de 100 g de cannabis et une quantité de psychotropes à Oued Rhiou    Assurer un diagnostic précoce    L'occupation marocaine empêche trois euro-députés d'entrer dans la ville sahraouie occupée    Rencontre scientifique avec des experts de l'Unesco    Installation des commissions    L'écrivain Yasmina Khadra remercie le président de la République pour ses félicitations    Journée nationale de la Casbah: activités artistiques et expositions en février à Alger    Réception de la majorité des projets de réhabilitation de la Casbah "fin 2025 et en 2026"    «La justice sera intransigeante contre tout abus !»        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



R�FLEXION
Les valeurs et les nations
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 03 - 2012


Par Noureddine Boukrouh
[email protected]
Le grand po�te �gyptien Ahmed Chawki a grav� dans la m�moire arabe un vers que nous avons tous appris � l��cole : �Innama al oumamou al akhlaqou ma bakiat, fa in houm dhahabat akhlaqouhoum dhahabou.� (Les valeurs morales font les nations, si celles-ci disparaissent celles-l� dispara�tront aussi). C�est un tr�s beau vers, mais comme la po�sie en g�n�ral, il s�adresse � l��motivit� plut�t qu�� la raison.
Il �tait destin�, comme la partie patriotique et hagiographique de son �uvre, � exalter le �Nous� national et musulman. Mais quand on s�empare de ce vers pour ce qu�il �voque comme repr�sentations mentales et le soumet au test de la r�alit� historique, on est �tonn� de constater que s�il a gard� de sa puissance �motionnelle, il a perdu de sa v�rit�. Il en est souvent ainsi de la culture arabo-islamique. B�tie sur l��motivit�, les sentiments, l�imaginaire et la cr�dulit�, elle cherche � subjuguer plus qu�� d�montrer, mais ses aphorismes ne r�sistent pas toujours � la r�alit� mouvante. De ce point de vue, le vers du Prince des po�tes n�est pas un th�or�me, comme l�ont cru des g�n�rations, mais juste un beau vers.
Dans un po�me, on ne d�finit pas les mots qu�on emploie car ce ne sont pas des concepts. On fait m�me le contraire pour leur donner le maximum de sonorit�, de musicalit�, d�emphase et de flexibilit� � la rime, gages de leur beaut� et de leur succ�s futur. Si on ne conna�t pas avec pr�cision le contenu des �akhlaq� dont parle Chawki, on sait qu�elles sont restreintes dans la culture arabo-islamique aux seules valeurs religieuses. Aussi, c�est en inventoriant ce qu�il manque aux musulmans qu�on va comprendre pourquoi, apr�s les avoir propuls�s une premi�re fois dans l�Histoire, leurs valeurs morales s�av�rent impuissantes � leur donner un nouvel essor. Les nations occidentales ont chamboul� leurs �akhlaq�, les renversant t�teb�che et allant jusqu�� institutionnaliser le mariage homosexuel et la famille monoparentale, pourtant elles sont toujours l�, plus fortes qu�� l��poque de Torquemada et de Savonarole. Les m�urs ont �t� lib�r�es, les tabous bris�s, les instincts lib�r�s, mais ces nations ne se sont pas �croul�es en d�pit du ton comminatoire du vers de Chawki qu�on croyait valable pour tous les temps et toutes les nations. A l�oppos�, nous avons un autre exemple, celui des talibans quand ils �taient au pouvoir. Ils ne se sont occup�s pendant leur r�gne que des �akhlaq�, mais leur nation a �disparu �. Y a-t-il quelqu�un pour croire qu�ils la restaureront, grande parmi les nations, quand ils reviendront ? La conclusion � tirer de cette entr�e en mati�re est que si les valeurs morales sont r�duites aux seules m�urs et pratiques religieuses, elles ne suffisent pas pour assurer durablement un rang � une nation, � moins que celle-ci ne veuille d�lib�r�ment vivre comme au temps d�Abraham, les moines tib�tains sur les contreforts de l�Himalaya, ou sous les talibans lorsqu�ils auront repris le pouvoir car la culture th�ocratique en leur pays les r�clame urgemment. Nous avons vu le cas des nations qui ont �perdu� leurs valeurs religieuses sans dispara�tre, celui de la nation qui a pratiquement �disparu� tout en gardant et exaltant au plus haut point les siennes, mais il y en a un troisi�me, celui o� les valeurs morales existent et perdurent sans avoir besoin de s�incarner en une nation. C�est le cas des Juifs qui ont v�cu pendant deux mille ans dispers�s parmi les nations du globe et errant parmi elles comme le racontent les diverses versions de la L�gende du Juif errant. Ils n�ont pas voulu cette errance, elle serait une mal�diction tomb�e sur eux pour avoir tu� J�sus. Aujourd�hui encore, ils ne sont qu�une minorit� � vivre en Isra�l, cinq millions environ, sur un total d�un peu plus de vingt r�partis en diff�rents points de la plan�te. C�est la civilisation la moins pl�thorique de l�Histoire, mais c�est aussi la plus puissante, qui compte le plus de c�l�brit�s dans tous les domaines, qui exerce le plus d�influence sur la politique des Etats o� vivent, en petit nombre, ses ressortissants, et celle qui a obtenu je crois le plus de prix Nobel. Mais, et c�est peut-�tre un point � inscrire � l�actif du vers de Chawki, quand les Juifs ont voulu se doter d�une nation, c�est � partir de leurs valeurs qu�ils l�ont fait. Mais quelles sont ces valeurs ? Les pleurs devant le Mur des lamentations, le shabbat, le kasher, la barbe et la redingote ? Non, pas seulement. Les Juifs ont r�ussi � durer dans l�Histoire gr�ce � leur extraordinaire capacit� d�adaptation � tous les climats, toutes les races, toutes les religions, toutes les formes d�organisation sociale, tous les r�gimes politiques, tous les �v�nements dont les guerres, les r�volutions et les pogroms. Des divers bouleversements et retournements de l�Histoire, ils sont � chaque fois sortis les premiers arriv�s du marathon, les premiers de la classe, avec la m�daille d�or ou le maillot jaune. Ce ne sont pas leurs valeurs religieuses � elles seules qui les ont conserv�s � travers les �ges et les �preuves, ce sont aussi et surtout leurs valeurs intellectuelles, leur intelligence, leur endurance, leur efficacit�, leur go�t de l�effort et du travail bien fait, leur ouverture d�esprit, leur aptitude � innover, leur d�passement de l�horizon connu, leur tension vers le meilleur... Chaque Juif, Ashk�naze ou S�farade, porte en lui cet esprit rationnel et industrieux, cette culture de l�efficacit�, ces valeurs sociales et intellectuelles, o� qu�il soit. Et quand ils ont cr�� en 1948 l�Etat d�Isra�l sur la terre palestinienne, ils n�en ont pas fait un Etat th�ocratique, en remerciement � Yahv�, mais une d�mocratie. On a, dans ce lot de valeurs, une premi�re id�e de ce qui fait d�faut aux musulmans : ce qui ne figure pas dans la nomenclature de leurs �akhlaq� (conscience historique, sens collectif, efficacit� sociale et �conomique, ouverture d�esprit, aptitude � l�innovation, d�passement de l�horizon connu, tension vers le meilleur, adoption du syst�me d�mocratique...) Pour l�islamisme, n�a de valeur que ce qui est strictement religieux, que ce qui a �t� textuellement d�sign� par un verset ou un hadith, et tout acte, initiative ou pens�e qui ne d�coulerait pas en droite ligne de ces sources est rejet� parce qu���tranger aux valeurs islamiques�. Or, les valeurs morales d�une nation, d�une civilisation, ne recouvrent pas que ses valeurs religieuses. Si elle n�ajoute pas � ce capital initial les apports de l�Histoire, les outils intellectuels et techniques mis au jour par le progr�s, les applications de la science, les formes d�organisation modernes, elle est condamn�e � l�an�mie, � l�anorexie, au d�p�rissement. Les valeurs morales existaient avant l�apparition des valeurs religieuses, et existent dans les nations la�ques. Il n�est pas un groupe humain, horde, clan, tribu ou communaut� quelconque qui n�ait eu une morale inspirant et orientant le comportement de ses membres, m�me si elle n�est pas tomb�e du ciel. Cette morale, orale ou �crite, renferme des notions relatives au bien et au mal, � la bont� et � la m�chancet�, � l�altruisme et � l��go�sme, � la g�n�rosit� et � l�avarice, � la vengeance et au pardon, � l�humilit� et � la vantardise, aux vertus et aux vices, � l�exc�s et � la temp�rance, � la bravoure et � la l�chet�, � la justice et � l�injustice, � la propret� et � l�impuret�, � la libert� et � l�oppression, � l�honn�tet� et � la malhonn�tet�, � la dignit� et � la �hogra�� Leur cadre de vie, le niveau de pens�e atteint et l��tat de leur d�veloppement n�incitaient pas les soci�t�s traditionnelles � se hisser � des syst�mes de sauvegarde de leur nation plus sophistiqu�s parce que les vertus suffisaient aux exigences et aux �quilibres n�cessaires � leur vie. Le Code d�Hammourabi a mis en place les fondations de la civilisation babylonienne, le code de Solon a organis� la soci�t� ath�nienne et permis � sa culture de produire Socrate, Platon et Aristote, Confucius enseignait le respect des Anciens et des lois comme fondements de l�ordre et de l�harmonie dans l�empire du Milieu. C�est sur l�Esprit de Rome que la civilisation romaine s�est �difi�e et a dur� sept si�cles (autant que la civilisation musulmane avant la d�cadence). C�est la �virtue� que Machiavel, Montesquieu et tous les moralistes ont recommand� de mettre � la base des Etats pour qu�ils perdurent. Mais dans la longue vie d�une nation, il n�y a pas que la base et les fondations, il y a l��difice � �lever dessus et la maintenance qu�il faut lui assurer. Il devient alors indispensable d�utiliser les nouveaux �liants� et les nouvelles technologies de construction, et de r�viser r�guli�rement la r�sistance des mat�riaux et les normes antisismiques. Apr�s avoir v�cu pendant des mill�naires � l�ombre des seules valeurs religieuses, le monde a fait � partir du XVIIIe si�cle (avec la R�volution am�ricaine) le pari de la libert� dans tous les domaines pour garantir le bonheur, la cr�ativit�, la justice, le progr�s, la croissance et la d�mocratie. Il a fait le pari de la libert� dans la religion (libert� de conscience), la philosophie (libert� de pens�e), la morale (libert� des m�urs), l��conomie (lib�ralisme), la politique (pluralisme), la sociologie (diversit�), les m�dias (libert� d�expression)� Pour r�ussir son pari, il a mis au point de nouvelles valeurs en compl�ment de celles relatives aux m�urs avec en toile de fond l�id�e qu�en cas de crise de celles-ci, les nouvelles le maintiendraient attach� au char de l��volution et entretiendraient sa vitalit�. On peut les �num�rer : valeurs intellectuelles, valeurs sociales, valeurs civiques, valeurs �conomiques, valeurs nationales, valeurs professionnelles, valeurs d�mocratiques, valeurs universelles� L�Occident n�a pas �disparu� comme civilisation gr�ce � l�int�gration de ces valeurs aux anciennes. On peut encore les d�tailler : respect de la vie humaine, tol�rance des croyances diff�rentes, libert� de pens�e, d�expression et de cr�ation, s�curit� sociale, fiscalit�, justice impartiale, droits de l�homme, de l�enfant, de la femme et des animaux� Il a �lev� au m�me niveau le bien-�tre moral et le bien�tre �conomique, le savoir-vivre et le savoir-faire. Ses ressortissants sont �panouis, heureux, motiv�s, disciplin�s, anim�s par l�amour du prochain et l�esprit national. Si on avait besoin d�une caution islamique pour admettre ce raisonnement, il n�y aurait a pas de meilleure que celle provenant du Proph�te qui a dit : �Un Etat croyant mais injuste ne peut pas durer ; un Etat incroyant mais juste peut durer.� Et si l�on veut savoir ce que voulait dire exactement le Proph�te par �juste�, nous allons laisser parler un alem impartial, je veux dire �tranger au d�bat apparu depuis plus d�un si�cle sur l�islam et la modernit� ou l�islam et la la�cit�. M�h�met Ali, le p�re de l��gypte moderne, a envoy� en formation en France au d�but du XIXe un groupe de trente �tudiants �gyptiens encadr�s par un cheikh d�Al-Azhar, Rif�at At-Tahtaoui. La d�l�gation v�cut � Paris entre 1826 et 1831, ann�es pendant lesquelles le cheikh apprit le fran�ais et s�attacha � �tudier les valeurs de cette nation
occidentale. De retour en �gypte, il a �crit un livre au long et po�tique titre qu�un traducteur, Anouar Louca, a eu la bonne id�e de ramener � trois mots, L�or de Paris. On y lit : �Ce qu�ils appellent la libert� et qu�ils d�sirent est exactement ce qu�on appelle chez nous la justice et l��quit� Le principe constant dans la vie fran�aise, c�est une recherche de la beaut�, non le faste, l�ostentation des richesses et la vanit� La pers�v�rance des Fran�ais � nettoyer leurs maisons et leurs v�tements est une chose extraordinaire� Le th��tre chez eux est comme une �cole publique o� s�instruisent le savant et l�ignorant� � Ce qu�il convient de noter avec attention, c�est que, selon le cheikh, la �libert� chez les Fran�ais �quivaut � la �justice� et � �l��quit� dans l�islam. On est donc fond� � en d�duire que le terme �juste� employ� par le Proph�te dans le hadith a le m�me sens que �libert� et ��quit�. Rempla�ons maintenant les mots utilis�s par le Proph�te par ceux utilis�s par Tahtaoui et relisons le hadith. Il devient : �Un Etat croyant mais o� ne r�gnent pas la libert� et l��quit� ne peut pas durer ; un Etat incroyant mais o� r�gnent la libert� et l��quit� peut durer�. En une phrase donc, le Proph�te nous livre une philosophie de l�histoire qui nous permet de comprendre pourquoi la civilisation occidentale � ou toute civilisation fond�e sur la libert� et l��quit� � peut durer, m�me si elle perd ses valeurs religieuses, alors que la civilisation musulmane est sortie de l�histoire alors m�me qu�elle n�a pas perdu les siennes. Si l�on veut pousser plus loin le raisonnement, rappelons-nous que le Proph�te a parl� d�Etat �croyant� et �incroyant�. Il a clairement dit qu�un Etat incroyant (donc ath�e ou la�c) peut exister et durer s�il repose sur la justice, la libert� et l��quit�, et qu�un Etat croyant (l� il vise forc�ment l�Etat islamique) n�a aucune chance de durer s�il ne repose pas sur la justice, l��quit� et la libert�. Conclusion de cet �ijtihad� : le Proph�te croyait � la libert� et a pari� sur elle dans ce hadith et dans plusieurs autres que j�ai rapport�s r�cemment, comme l�a fait le monde depuis le XVIIIe si�cle. Enfin, il montre le chemin � suivre � qui veut b�tir une nation p�renne : l��lever sur les id�aux de justice, de libert� et d��quit�. S�ils avaient �t� p�n�tr�s de cet esprit, Ben Ali serait aujourd�hui chez lui, Moubarak en libert� et Kadhafi en vie, et il n�y aurait pas eu de r�volutions arabes. Mais ne dit-on pas que les �mes sont �bi yadillah� ? La Chine bouddhiste, le Japon shinto�ste, l�Inde hindouiste et l�Etat d�Isra�l juda�que sont de vieilles nations-civilisations. Pourquoi sont-elles revenues � l�histoire, fortes et conqu�rantes, mais pas la juv�nile civilisation musulmane ? Parce que ces civilisations, sans perdre leurs valeurs anciennes, leurs croyances et pratiques religieuses, ont d�velopp� les autres cat�gories de valeurs dont on a parl�, renfor�ant leurs sources d��nergie psychique, r�veillant leur dynamisme social et boostant leur efficacit� sur tous les plans : �conomique, technologique, culturel, militaire� Ces nations-civilisations poss�dent, par ailleurs, un sens du patriotisme et un attachement � la notion d�Etat que ne poss�dent pas au m�me degr� les musulmans qui ne reconnaissent d�all�geance r�elle que celle due � Dieu. On voit avec quelle d�sinvolture l�islamisme et le terrorisme tuent leurs fr�res, divisent leurs peuples, se retournent contre leur pays, ou le morc�lent. Les musulmans sont l�unique ancienne civilisation � n�avoir pas r�alis� sa renaissance parce qu�ils n�ont pas renouvel� leur stock-id�es, parce qu�ils cherchent dans le pass� au lieu de chercher dans le pr�sent, parce qu�ils ne bougent que pour reculer, parce qu�ils compriment au lieu de lib�rer alors que le Coran leur a dit �Yassirou wa la tou�ssirou� (�simplifiez au lieu de compliquer �) et que le Proph�te les a, d�s le d�part, mis � l�aise : �Ce qu�il y a de meilleur dans votre religion est ce qu�il y a de plus doux.� La formule de renaissance �trouv�e� par l�islamisme est fausse, c�est une combinaison qui n�ouvre aucune serrure. Avec lui, ce n�est pas l�islam originel qui a des chances de revenir, renforc� par les valeurs modernes, la libert� et l��quit�, mais celui de la d�cadence, du maraboutisme, des peuples que les charlatans rassemblent et que les coups d�Etat dispersent. Les nations-civilisations que j�ai cit�es ne sont pas revenues avec leurs anciennes conceptions du monde et de la vie sociale, mais avec des repr�sentations mentales, des institutions, des syst�mes �ducatifs et des politiques r�nov�s de fond en comble. On peut occuper l�esprit des gens avec le d�bat sur les valeurs religieuses autant qu�on veut, mais si elles ne sont pas coupl�es avec les valeurs sociales, intellectuelles, politiques et �conomiques universelles, �a donnera toujours l�Afghanistan des talibans ou, au mieux, l�Iran de l�imam infaillible. Je ne dis pas la Turquie d�Erdogan, car, comme je l�ai assez d�montr� dans les pr�c�dentes contributions, elle a bon gr�, mal gr� int�gr� � son moi moderne ces valeurs. Je ne dis pas non plus la Malaisie o� existent d�importantes et industrieuses minorit�s repr�sent�es au Parlement et au gouvernement � c�t� des 50 � 60% de Malais musulmans (la chinoise � presque 30% et l�indienne pour le reste). Les communaut�s qui tiennent � n��tre r�gies que par leurs valeurs religieuses ont vocation � devenir des sectes, des ordres mystiques, des zaou�as, comme il en pullule en marge de toutes les religions, et non des puissances plan�taires. C�est au nom de leur code d�honneur que les Samoura�s ont disparu : ils ne se sont pas r�sign�s � la renaissance �Me�ji� � laquelle �tait accul� le Japon dans les ann�es 1860. S�agissant des m�urs, il n�y a pas un seul p�ch�, un seul vice, une seule abomination au monde qui n�existe chez les musulmans. La diff�rence est que les Occidentaux ont choisi de les traiter en pleine lumi�re, d�en parler, de les �tudier, de les montrer, pour les comprendre, les soigner ou les punir, alors que les musulmans font tout pour les nier, les cacher, les ensevelir sous une montagne d�hypocrisie de telle sorte que ces maladies ou ces crimes ne soient ni soign�s ni punis. C�est dans un tel climat de mensonge, de dissimulation, donc de permissivit�, que les tares prosp�rent. Pour la mentalit� islamiste, une tare est � moiti� pardonn�e si elle est bien dissimul�e sous le voile de la �pudeur� (astar mastarallah !) Alors que l�Occident a d�velopp� la psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse et diverses th�rapies pour vider l�inconscient de ses complexes, de ses traumatismes et le lib�rer de ses addictions perverses, les musulmans trouvent plus conforme � la morale de les recouvrir du plus grand secret. L�important � leurs yeux n�est pas que ces choses ne doivent pas exister, mais qu�on ne les montre pas. L�Occidental s�est lib�r� de ses frustrations et de ses fantasmes, tandis que le musulman continue � couver les siens, � les subir ou � les infliger � autrui. Et les islamistes sont tout fiers de pr�senter ces artifices comme �tant les �valeurs sup�rieures de l�islam�. Les musulmans ont, certes, la zakat, le kharadj et autres d�mes, mais ceux-ci n�ont pas pris le caract�re institutionnel des �pr�l�vements obligatoires�, gr�ce auxquels les Etats occidentaux financent les d�penses publiques, le service public, la politique sociale, les allocations-ch�mage, la redistribution des richesses entre leurs citoyens, ainsi que la conqu�te de l�espace � la recherche d�une plan�te habitable pour le cas o�. La zakat est rest�e telle qu�elle a �t� �dict�e il y a quatorze si�cles, laiss�e au bon vouloir des bonnes �mes et � la mis�ricorde qu�elles peuvent �prouver envers les pauvres � l�approche des f�tes religieuses. Et quand on y regarde de plus pr�s, cette mis�ricorde n�est qu�un investissement dans des valeurs-refuge, de l�argent plac� dans le compte-�pargne des �ha�anate� dont les islamistes connaissent la tarification : tant pour telle action, tant pour telle autre� On esp�re en tirer beaucoup plus dans l�au-del�. Le commer�ant islamiste et l�industriel musulman (l�, le moderniste est totalement d�accord avec l�islamiste) font tout pour se d�rober � l�imp�t sous pr�texte qu�il n�est pas �halal�, qu�il est une �bid��, pr�f�rant le syst�me du �donner de la main droite ce que la main gauche doit ignorer� au titre de la charit� ou de la corruption des fonctionnaires. La �kammou�a� comme on dit chez nous, et ni vu ni connu. Dans la mentalit� musulmane d�cadente, l�enrichissement sans cause est un �rizk min �ndillah�, pourvu qu�il soit purifi� par quelque menue monnaie donn�e � la mosqu�e en construction du coin ou du douar d�origine. Le citoyen occidental, lui, est oblig� de verser, �bla mziytou�, � l�Etat la moiti� de ce qu�il gagne, et il ne peut y �chapper. Il le fait selon le syst�me d�claratif (tatawwou��n minhou), car l�Etat a les moyens de d�tecter toute infraction et de la sanctionner de telle sorte que le contrevenant ne soit plus tent� de recommencer. Son train de vie est surveill� par le fisc, et il doit r�pondre du moindre enrichissement sans cause d�cel�. Ind�pendamment des actes de charit�, de bont� et de l�aum�ne qu�il peut accomplir par ailleurs � et qu�il accomplit r�ellement � notamment envers les populations musulmanes frapp�es par un tremblement de terre ou la s�cheresse dans tel ou tel pays. Conna�t-on des organisations humanitaires islamiques allant au secours de non-musulmans pauvres, ou frapp�s par le malheur ? Pas � ma connaissance. Pour les islamistes, ce serait subventionner le �kofr�. Il n�y en a d�ailleurs m�me pas pour les musulmans eux-m�mes. Aucun verset ou hadith n�ayant mentionn� les ONG, pourquoi se lancer dans une �bid�� ? Imaginons le Proph�te revenu incognito parmi nous, et r�p�tant devant un auditoire islamiste ce qu�il a dit dans le hadith cit� plus haut. Il serait excommuni� sur-lechamp. Lui, qui a �t� l�Elu de Dieu, ne serait pas �lu s�il se
pr�sentait � une �lection face � un candidat d�Al-Nour en �gypte, d�Ennahda en Tunisie ou du FIS en Alg�rie. Mohamed Abdou a �crit en 1877 dans sa Rissalat at-tawhid ces lignes fl�trissant l�islamisme � travers les si�cles : �Les ignorants furent victorieux� Ils d�truisirent le peu qui restait du rationalisme coulant de source musulmane et s�engag�rent dans des voies tortueuses� Ils chass�rent la raison de son domaine et ne discut�rent qu�en traitant les gens d��gar�s et de m�cr�ants� Leurs langues prof�r�rent des mensonges en disant : �Telle chose est licite et telle autre ne l�est pas�, �ceci appartient � l�h�r�sie et cela � l�Islam �. La religion est au-del� de ce qu�ils s�imaginent, et Dieu, qu�Il soit exalt�, est au-dessus de ce qu�ils pensent. Mais grande fut l�atteinte port�e � la grande masse dans sa foi et dans les sources m�mes de sa vie spirituelle par cette longue folie, ces nombreuses attaques, ce grand mal et ce malheur g�n�ral�.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.