De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Consternation g�n�rale et interrogations multiples apr�s la tuerie perp�tr�e lundi matin dans une �cole juive � Toulouse. Ce crime, qui vient apr�s celui qui a touch� des militaires de confession musulmane la semaine pr�c�dente, semble, selon les premiers �l�ments de l�enqu�te, op�r�s par la m�me arme et apparemment le m�me individu. Les enqu�teurs sont sur toutes les pistes, celle d�un n�o-nazi comme celle d�un extr�miste islamiste. En attendant, la campagne �lectorale a �t� brutalement mise entre parenth�ses et le plus haut niveau du plan Vigipirate est activ� pour la premi�re fois. Quatre personnes, dont trois enfants et un adulte, tu�es de sang-froid lundi dans l�enceinte m�me d�un �tablissement scolaire juif de Toulouse, et ce, en plein centre-ville, par un individu venu en scooter jusque devant l�entr�e et qui a poursuivi enfants et adultes � l�int�rieur du lyc�e repartant tranquillement sur son scooter. M�me sc�nario tr�s peu de jours auparavant � les 11 et 16 mars � � Toulouse et Montauban o� trois parachutistes du 17e r�giment � ayant la particularit� d��tre de confession musulmane � ont �t� froidement abattus. Les analyses balistiques pratiqu�es sur les douilles des lieux des crimes �tablissent que l�une des armes utilis�es lundi (calibre 11.43) est la m�me que celle utilis�e jeudi et dimanche dernier contre les militaires. Apr�s le crime de lundi, la France sous le choc observe un bouleversement des programmes des candidats � la pr�sidentielle qui ont, pour la plupart, appel� �� l�union de tous les Fran�ais face � l�agression�. Marine le Pen n�est pas en reste qui a �condamn� la fusillade criminelle�, demand� que l�assassin soit recherch� et retrouv� et a annul� la prestation t�l�visuelle qu�elle devait assurer le soir. De tous les candidats � la pr�sidentielle, Fran�ois Bayrou ne s�est pas emp�ch� de replacer ces crimes dans leur contexte. Brisant l�unit� de fa�ade et cr�ant une pol�mique qui prend de l�ampleur, le candidat du Modem, qui n�a pas boulevers� son programme de campagne, a estim� que la tuerie de Toulouse s�enracinait �dans l'�tat d'une soci�t� malade de ses divisions, accusant les responsables politiques qui �montrent du doigt� en fonction �des origines� et font �flamber les passions�. Et Bayrou de rappeler : �Il y a un degr� de violence et de stigmatisation dans la soci�t� fran�aise qui est en train de grandir, c'est inacceptable�, soulignant, en outre, la responsabilit� des hommes politiques. C�est en tout cas et jusqu�� pr�sent le seul candidat � la pr�sidentielle dont la r�action � ces crimes ne s�est pas embarrass�e de non-dits et n�a pas �t� enrob�e dans des discours convenus, rappelant simplement le climat de racisme, de x�nophobie, d�antis�mitisme cr�� par le discours du gouvernement actuel avec des th�mes sur le hallal, la hi�rarchisation des civilisations et autres absurdit�s. Le pr�sident Sarkozy, qui s�est rendu sur les lieux la matin�e m�me du drame, a annonc� dans la soir�e, l�activation du plan Vigipirate en Midi-Pyr�n�es et dans deux d�partements limitrophes, � son plus haut niveau, soit l��carlate. Il s�agit du niveau ultime avant l�application des mesures d�exception pr�vues par la Constitution et permet �de pr�venir le risque d�attentats majeurs, simultan�s ou non et devant �tre mises en �uvre pour prot�ger les institutions et assurer la continuit� de l�action gouvernementale �. En fait, sont permis, depuis hier, dans la r�gion : visites et contr�les d�acc�s aux trains grandes lignes ; restrictions ou interdictions de circulation dans les tunnels, suspension des transports urbains, suspension d�activit� scolaire� D�ores et d�j�, l�unit� d��lite de la police nationale (le Raid) est arriv�e en renfort � Toulouse pour traquer l�homme au scooter. Quatorze unit�s de CRS et de gendarmes mobiles y ont �t� d�ploy�es et des gardes statiques devaient �tre mises en place devant tous les lieux de culte juifs et musulmans et devant toutes les �coles confessionnelles. Le maire de Toulouse (PS) a, par ailleurs, d�cid� de r�armer temporairement ses policiers pendant la journ�e. Les repr�sentants des deux cultes juif et musulman devaient �tre re�us mardi par le chef de l�Etat.